Célia et Guillaume découvrent l’élevage familial vietnamien - La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1320 du 20/06/2008

Carnet de voyage

Éclairage

INTERNATIONAL

Le couple poursuit son tour du monde des élevages au Viêtnam, où le chien est un animal de rente comme un autre.

Après deux mois dans les frimas mongols(1) puis chinois, Guillaume et Célia Keravec, respectivement vétérinaire et agronome, peuvent enfin retirer leur polaire dans le train qui les conduit à Hanoï (Viêtnam). A travers les vitres, ils découvrent un paysage tropical et campagnard, les bananiers succédant aux rizières entre les cabanes de bois. Une fois sur place, ils sont accueillis par Mai et Patrice Gautier, un vétérinaire français qui, après avoir bataillé pour développer l’élevage local via l’association Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF), a choisi de poursuivre son action en créant son entreprise. Son expérience lui a fait prendre conscience des limites organisationnelles des ONG et des difficultés que cela entraîne sur le terrain. En effet, le statut “non lucratif” implique le bénévolat du conseil d’administration, dont les membres ont un profil plus technique qu’orienté vers la gestion administrative. Or cette dernière est indispensable pour gérer les nombreux projets. Dans le cas d’AVSF, cela oblige les chefs de cellule à courir après des budgets souvent trop spécifiques ou “tendance” (grippe aviaire en ce moment, par exemple). Ils ne peuvent plus vraiment manager leurs programmes comme ils le voudraient. Asvelis, la société créée par Patrice et Mai, a l’avantage d’être plus malléable et leur permet de se focaliser sur des actions à plus long terme.

Les vaches sont utilisées pour leur force de travail

Après cette rencontre, le couple de globe-trotters enfourche une moto derrière Viet, le père de Mai, pour une visite dans son village, Bac Ninh. Situé entre Hanoï et Halong, il est constitué de petites fermes entourées de rizières et d’usines de briques “à la Miyazaki” (dessinateur japonais, auteur de Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro, etc.). Chaque matin, après les offrandes aux ancêtres dont le temple occupe une place de choix dans la pièce de vie, Célia et Guillaume partent aider les frères et les sœurs de Viet pour les travaux quotidiens, l’élevage étant encore familial dans cette région du monde. La première tâche consiste à nettoyer l’enclos des dix cochons et des trois cents canetons. Puis viennent le nourrissage et le rechargement des distributeurs d’eau. Comme chaque ferme abrite généralement quelques étangs remplis de carpes, cette dernière ne manque pas et une simple pompe suffit généralement pour avoir l’eau “courante”.

Dans le cadre d’un projet d’élevage de canards, deux familles se partagent les tâches. Les trois cents canetons sont accueillis dans une ancienne porcherie équipée de lampes chauffantes, chez l’une d’elles, puis sont élevés chez l’autre, qui dispose d’enclos plus grands, à partir du trentième jour et jusqu’à leur vente, à soixante jours. Cette spécialisation permet d’élever dans de bonnes conditions deux bandes de canetons destinées aux grands restaurants de la capitale et garantit un approvisionnement régulier et de qualité, car le suivi sanitaire est assuré par Asvelis.

Pour leur part, les quelques vaches de la famille sont sorties et rentrées par les enfants, avant l’école et à la tombée de la nuit. Curieusement décorées d’emballages multicolores en aluminium pour être facilement identifiables dans la pâture collective, elles sont utilisées pour leur force de travail et non pour la production laitière, dévolue au veau de l’année. Guillaume et Célia s’initient au labourage en les guidant pour tirer la frêle charrue et parviennent à tracer un sillon droit après de multiples essais !

Est-il plus cruel de manger des chiens ou de les noyer ?

Ils mettent à profit les après-midi moins chargés pour déambuler à travers les ruelles du village et dans le dédale des plantations (carottes, salades, choux ou pommes de terre). A grand renfort de fous rires, les Vietnamiennes, leur fameux chapeau conique vissé sur la tête, les invitent à porter la lourde palanche.

Ce séjour a permis à Célia et Guillaume de découvrir un peuple convivial, pour qui les moments de pause, pour les repas ou le thé, sont sacrés. Toujours partagés par de nombreux convives, les multiples plats se vident rapidement, agrémentant les discussions animées par de multiples verres d’alcool de riz. La maîtresse de maison sert des portions copieuses de tripes ou – une première pour le couple – de chien… Choquante pour les Européens, la consommation de viande de chien est en effet naturelle pour les Vietnamiens. Dans chaque portée, un chiot est réservé à la garde de la maison, les autres sont élevés pour être mangés, comme n’importe quel animal de rente. Les villageois entretiennent toutefois avec eux une relation plus proche qu’avec le bétail. Comme les lapins des clapiers des fermes occidentales, les chiens sont gardés dans la maison ou juste à côté, ont droit à des caresses et aux restes des repas. Aucun programme de planification de reproduction ne leur est appliqué. Mais n’ayant pas à leur disposition de mode de contraception pour leurs animaux, les Vietnamiens ne trouvent pas plus cruel de les manger que de les noyer…

En reprenant leur route vers la baie d’Halong, Célia et Guillaume regrettaient déjà le rire édenté de Phang, la mère de Viet. Cette petite grand-mère ridée par le soleil, qui les tâtait énergiquement entre deux chiques, restera dans leur mémoire, au même titre que les écoliers virevoltant autour d’eux sur leurs bicyclettes.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1308 du 28/3/2008 en pages 34-35 et n° 1301 du 8/2/2008 en pages 34-35.

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