La fréquence des néoplasmes digestifs est sous-estimée chez les vaches

Souvent découvertes à l’abattoir, les tumeurs digestives chez la vache sont moins fréquemment diagnostiquées, en raison d’une durée de vie écourtée par un abattage plus ou moins précoce. Dans la plupart des cas, les “vieilles vaches” sont conservées pour leur caractère docile associé à des facilités de vêlage et à un bon état de santé, et se rencontrent généralement dans les élevages allaitants. Des chercheurs autrichiens⁽¹⁾ ont publié l’étude d’un cas d’adénocarcinome iléal chez une vache de race mixte (pingzauer) âgée de onze ans.

L’animal, présenté pour une anorexie qui dure depuis six jours, une hyperthermie modérée (39,2°C), un ictère, un arrêt du transit ruminal et des traces de sang dans les rares fèces muqueuses, a tous les signes classiquement attribués à une réticulo-péritonite traumatique. Les résultats d’analyse de la composition cellulaire, biochimique et gazeuse du sang montrent une leucopénie, une acidose métabolique hypokaliémique et des constantes hépatiques (glutamate déshydrogénase et gammaglutamyl transférases) élevées, évoquant une affection hépatique. Le diagnostic différentiel demande alors la réalisation d’examens complémentaires : échographie et laparotomie exploratrice. La première apporte une aide non négligeable pour déterminer l’emplacement du phénomène pathologique chez la vache qui présente des signes de douleur abdominale généralisée. Dans ce cas, les anses jéjunales apparaissent dilatées, avec des zones plus épaissies dans un liquide d’ascite, et orientent vers une affection intestinale plus qu’hépatique. Pour sa part, la laparotomie confirme la suspicion de tumeur intestinale, associée à des métastases présentes sous la forme de nodules d’environ 1 cm répartis sur le mésentère, le péritoine et d’autres organes intra-abdominaux. Le diagnostic d’adénocarcinome iléal est définitivement établi après une analyse histologique de l’iléon.

Les auteurs déconseillent une intervention chirurgicale, même dans le cas de processus néoplasiques circonscrits sur l’intestin grêle qui pourraient être opérables, en raison de l’existence de métastases précoces et rapides, se généralisant aux organes abdominaux et évoluant vers la mort de l’animal dans l’année. Ces tumeurs doivent être évoquées dans le diagnostic différentiel des affections abdominales douloureuses, avec ou sans péritonite, pour éviter des traitements longs et inutiles.

• (1) M. Floeck, S. Hoegler, R. Krametter-Froetscher : « Ileal adenocarcinoma in a cow : a case report », Veterinarni Medicina, 2008, vol. 53, n° 4, pp. 221-222.