Les mammites ont un effet direct sur la fertilité dans les trois semaines précédant l’insémination

En élevage laitier, les mammites demeurent des affections majeures qui occasionnent des pertes économiques importantes liées au retrait du lait de la consommation, aux traitements coûteux, à la réduction de la production laitière, etc. En outre, des études les ont déjà associées à un intervalle plus long entre le vêlage et l’insémination fécondante ou à une fertilité diminuée. Toutefois, les mécanismes qui expliquent leur effet sur la reproduction ne sont pas clairement élucidés.

Une différence de fécondité est notée chez les vaches atteintes de mammite

Une équipe anglaise⁽¹⁾ vient de présenter une étude qui démontre que la mammite clinique diminue le taux de fertilité. Elle précise par ailleurs le moment où l’effet de l’infection est le plus défavorable.

Sept exploitations laitières sont sélectionnées sur la base de la bonne tenue de leur registre d’élevage et d’un suivi régulier de la fertilité par le même vétérinaire. Les informations recueillies sont l’identification des animaux, le numéro de lactation, les dates d’insémination, la survenue des mammites et les traitements antibiotiques administrés. Les données sont analysées et chaque vache atteinte d’infection mammaire est appariée à une autre, indemne, du même rang de lactation, au sein du même élevage et avec un intervalle vêlage-insémination comparable. Les paires de vaches sont réparties en quatre groupes, selon la date d’apparition de la mammite par rapport à l’insémination. Les paramètres comparés entre les groupes sont les intervalles vêlage-conception et vêlage-première insémination, ainsi que le taux de conception.

Les vaches qui ont contracté une mammite dans les trois semaines précédant l’insémination présentent un taux de conception significativement moins élevé : 30 % versus 63 % chez les animaux sains du même groupe (^{voir tableau}). Dans les trois autres groupes, aucune différence significative de fécondité n’est notée entre les animaux malades et sains. Tous groupes confondus, l’intervalle vêlage-mise à la reproduction n’est pas significativement différent entre les vaches qui ont contracté une mammite et celles qui n’en ont pas présenté (respectivement quatre-vingt-un et quatre-vingt-trois jours). Il en est de même pour le nombre moyen d’inséminations par conception (1,7 pour les témoins et 2 pour les vaches malades) et l’intervalle vêlage-conception (cent deux jours versus cent dix-neuf pour les vaches malades). Cela suggère que les deux groupes de vaches étaient fertiles et que leur probabilité de devenir gestantes aurait été similaire en l’absence d’affection mammaire.

Les traitements peu avant l’insémination ne jugulent pas les effets sur la conception

Dans cette étude, la plupart des cas de mammite ont été traités, ce qui a permis de réduire leurs conséquences sur la reproduction. Mais les traitements administrés peu avant l’insémination n’ont pas pu juguler les effets négatifs sur la conception. Cela plaide donc en faveur de la prévention des mammites comme moyen d’améliorer les performances de reproduction.

Selon les auteurs, l’effet de la mammite s’exerce probablement sur le développement de l’ovocyte, la croissance du follicule ovarien ou l’ovulation, plutôt que sur la survie de l’embryon. Les mécanismes exacts restent encore à élucider, mais ils pourraient impliquer les mécanismes d’action des bactéries ou la réponse inflammatoire provenant de la glande mammaire. Des études ont déjà établi que ces réactions peuvent atténuer la réponse de l’hormone lutéinisante préovulatoire (LH) et que les cytokines interfèrent dans la maturation de l’ovocyte.

• (1) L. Perrin, R.W. Bostelmann et I.M. Sheldon : « Reduced conception rates associated with bovine mastitis during a “window of opportunity” », The Veterinary Record, 2007, n° 161, pp. 61-62.