Entretien. Marc-Henri Cassagne, directeur de la FNGDS
Actualité
Auteur(s) : Marine Neveux
Le directeur des groupements de défense sanitaire souhaite une révision de la politique sanitaire publique.
Marc-Henri Cassagne : Soyons clairs, il n’y a pas, il n’y a jamais eu de la part de la Fédération nationale des Groupements de défense sanitaire (FNGDS), ou des autres organisations d’élevage, de volonté de faire disparaître les vétérinaires ou de les réduire en esclavage ! Il existe, en revanche, une volonté de trouver de nouvelles relations de travail qui tiennent compte des compétences des vétérinaires et des éleveurs, de la situation épidémiologique, mais aussi sociétale, et qui profitent à la fois aux éleveurs et aux vétérinaires. C’est ce que nous proposons depuis de nombreuses années avec des projets qui, dans de nombreux cas, sont devenus des réalités : je pense à la certification des maladies non réglementées, à la formation des éleveurs ou aux bilans volontaires visant à la maîtrise des risques. Nous le faisons d’ailleurs avec les organisations vétérinaires.
Je ne souhaite pas trop revenir sur les récents événements qui sont aujourd’hui, je l’espère, du passé. Dans une situation de crise sanitaire comme celle que nous vivons, alors que nous ne disposons pas nécessairement de tous les instruments nécessaires à sa maîtrise, il n’est pas anormal que les esprits s’échauffent et que des tensions se produisent. Il appartient alors aux responsables nationaux de calmer le jeu.
En dépit de ce que certains croient et peut-être contrairement aux apparences, c’est ce que la FNGDS a fait : nous avons toujours prôné la recherche de solutions adaptées aux situations locales dans un dialogue entre les vétérinaires et les éleveurs. J’en veux pour preuve le fait que c’est à partir d’un document élaboré par la Fédération nationale bovine et la FNGDS que les « éléments de langage » ont été validés lors du comité de suivi de la fièvre catarrhale ovine du 29 mai dernier, lesquels ont largement contribué à faire retomber la tension. Maintenant, nous souhaitons reprendre le chemin de la réflexion et du dialogue.
Dans la relation entre l’éleveur et son vétérinaire, il y a deux dimensions. La première est celle qu’ils entretiennent dans le cadre privé. Le constat est simple : les éleveurs ont et auront besoin dans l’avenir de leur vétérinaire, si celui-ci répond à leurs besoins, et les vétérinaires seront présents dans les élevages s’ils y trouvent une juste rémunération. Cette relation reposera probablement moins sur une dimension curative que sur une dimension préventive et de conseil. Le niveau de formation et de compétence des éleveurs s’est élevé, la situation de l’élevage s’est modifiée : nous devons tous savoir nous adapter à cette nouvelle donne. Avec la Société nationale des groupements techniques vétérinaires, principalement, nous essayons de construire ensemble des outils qui répondent à ce besoin et favorisent cette évolution.
La seconde dimension est celle de l’éleveur avec son vétérinaire sanitaire, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique sanitaire publique. Celle-ci a vieilli, elle doit être rénovée, mais nous restons toujours attachés au modèle français fondé sur le triptyque Etat-vétérinaire-éleveur. Ce modèle, promu et défendu par l’Organisation mondiale de la santé animale, nous y adhérons d’autant plus que nous en faisons la promotion à l’étranger, mais il faut le faire évoluer. La politique sanitaire publique nécessite une révision à plusieurs niveaux : le mandat sanitaire, les délégations, le rôle de l’Etat, le financement public, la surveillance et la prophylaxie. Réviser, moderniser ne signifie pas supprimer. Ainsi, si nous partageons le souci de l’Etat de revoir le mandat sanitaire, nous ne souhaitons pas sa suppression, il reste un instrument essentiel de la politique sanitaire publique, au même titre d’ailleurs que les délégations de missions aux GDS. S’il y a une crise de confiance, c’est moins entre éleveurs et vétérinaires que dans l’absence de lisibilité et d’orientation de la politique sanitaire publique. C’est ensemble que nous devons redonner de la lisibilité et mettre en œuvre des orientations qu’il appartient aux pouvoirs publics de fixer, en concertation avec nos professions.
Pour le moment, notre seul objectif est de pouvoir vacciner rapidement contre la fièvre catarrhale, afin d’atteindre, d’ici à la fin de l’été, un taux de vaccination proche de 75 à 80 %. Par rapport à cela, il faut que tout le monde se mobilise, en y mettant les moyens, et que cela puisse se faire d’un commun accord entre le vétérinaire et l’éleveur.
Ensuite, il faudra ouvrir la réflexion, car les lois sont faites pour évoluer. Il faut trouver des moyens de vivre ensemble dans l’intérêt des deux professions et de la santé publique.
M.-H. C. : Les GDS ont une double fonction. En tant qu’organismes à vocation sanitaire, ils ont un rôle historique de partenaires de l’Etat qui leur délègue un certain nombre de missions de service public. En tant qu’organismes d’éleveurs, leur tâche est d’accompagner les producteurs dans l’amélioration de la santé des cheptels et de la qualité sanitaire des animaux. Nous devons également nous adapter pour continuer de remplir ces deux missions dans un contexte épidémiologique et économique en perpétuelle évolution. Il y a l’émergence de nouveaux risques sanitaires, il y a des demandes de garanties sanitaires dans les échanges, il y a la nécessité d’une nouvelle approche intégrant à la santé animale des éléments comme le bien-être ou la biosécurité : ce sont autant de défis que nous devons relever. Mais ils restent dans notre cœur de métier, la santé animale.
En plus de cinquante années d’existence des GDS, l’Etat sait qu’il peut nous faire confiance : ce qu’il nous délègue, dans la gestion des prophylaxies, de la traçabilité sanitaire ou à l’occasion des crises, est bien géré. J’en veux pour exemple la gestion des dossiers mortalités FCO. Et il en va de même des éleveurs : la plupart d’entre eux adhèrent à leur GDS et ils le font volontairement. C’est dire la confiance qu’ils nous témoignent ! Nous devons en rester dignes et nous nous y employons, à la fédération nationale comme dans chaque GDS.
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