Bovins. Symposium sur la douleur aux journées des GTV
Actualité
Auteur(s) : Agnès Faessel
Si la douleur existe, traitons-la ! » Pour s’en convaincre ou s’en féliciter, les congressistes des dernières journées nationales des Groupements techniques vétérinaires (GTV) ont participé au symposium sur la douleur bovine proposé par le laboratoire Boehringer Ingelheim, le 28 juin à Nantes. Organisé sous la forme originale d’une émission de télévision en direct, il s’inscrivait dans un projet d’envergure, Forum France Douleur, initié en début d’année par une série de réunions associant des vétérinaires et des éleveurs pour débattre de la douleur bovine, de sa détection et de son traitement. Deux de leurs participants ont apporté leur témoignage : Olivier Fortineau, praticien en Ille-et-Vilaine, et Murielle Poutrain, éleveuse de bovins laitiers. Raphaël Guatteo et Delphine Holopherne, enseignants à l’école de Nantes, ont également partagé leurs connaissances scientifiques et quelques résultats d’une étude paneuropéenne sur la douleur bovine, menée auprès des vétérinaires par les chercheurs de l’université vétérinaire de Bristol, avec le soutien de Boehringer Ingelheim.
Le public était invité à participer à l’émission en répondant à quelques questions à choix multiples. Sur quatre maladies animales proposées (arthrite, mammite, césarienne et métrite), les neuf dixièmes de la salle ont reconnu que toutes engendrent une douleur.
Les résultats de l’enquête révèlent néanmoins de larges disparités dans l’appréciation de la douleur des bovins, selon la nationalité des répondants. Interrogés sur la douleur engendrée par plusieurs affections ou interventions, les Français la jugent moins intense que la moyenne des individus sondés, tous pays confondus. Les femmes sont en outre plus sensibles à l’expression douloureuse. Murielle Poutrain a confirmé ce constat, et regretté l’insuffisance de la sensibilisation des vétérinaires à la souffrance chez les bovins. Pour Olivier Fortineau, « la prise de conscience a certainement eu lieu simultanément chez les éleveurs et les praticiens ». Le discours de ces derniers est ainsi plus efficace, chez des éleveurs désormais réceptifs.
D’après les congressistes, les conséquences les plus néfastes de la douleur bovine s’expriment au niveau de la croissance et de la production (52 % des votes). Si l’existence de cette douleur ne semble plus être discutée, son évaluation, les procédures pour la traiter et leur avantage économique restent insuffisamment documentés.
L’expression souvent discrète de la sensation douloureuse par les bovins ne facilite pas sa détection. Pour Raphaël Guatteo, ses effets peuvent être difficiles à quantifier, davantage en élevage allaitant qu’en exploitation laitière. Plusieurs études cliniques et économiques évaluent l’impact des maladies bovines en élevage, mais la fraction attribuable à la seule composante douloureuse demeure difficile à apprécier. Le bénéfice économique des traitements contre la douleur est cependant admis.
Le traitement de la douleur est idéalement précoce, adapté et multimodal. Ainsi, « lors d’une césarienne, l’administration d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) est le premier geste à effectuer, avant l’incision », explique Delphine Holopherne. Olivier Fortineau a toutefois relevé l’importance du mode de contention de l’animal, qui influence la stratégie du praticien. Pour adapter au mieux le traitement antidouleur des bovins, travailler selon des paliers de douleur, comme en médecine humaine et, désormais, en médecine canine, est une piste à explorer. Il reste néanmoins la lourde tâche de déterminer la correspondance entre les interventions ou les maladies et ces paliers.
En effet, l’insuffisance de connaissances et de reconnaissance de la douleur est le facteur qui limite le plus les praticiens dans l’initiation d’un traitement antidouleur (58 % des votes du public). Le coût du traitement récolte tout de même 25 % des avis mais, selon Olivier Fortineau, il s’agit d’une fausse barbe. Les praticiens ont simplement besoin de données pour le justifier d’un point de vue économique.
« Notre laboratoire ne s’intéresse pas à la douleur des bovins par philanthropie, mais par tradition et expertise, a rappelé Nicolas Dumoulin, directeur “santé animale” de Boehringer Ingelheim France. Nous travaillons beaucoup sur la douleur humaine et animale, et nous avons commercialisé le premier traitement au long court de l’arthrose du chien. » Une seconde étude européenne est en cours, menée cette fois auprès des éleveurs. Le laboratoire projette d’en présenter les résultats, ainsi que des recommandations en matière de prise en charge de la douleur des bovins, à l’occasion d’un cycle de réunions de terrain organisé pour les praticiens à partir de cet automne.
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