Les vétérinaires de la région parisienne parlent d’argent - La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008

Journée du SVRP. Rencontres du 14 septembre 2008

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux*, Nicolas Fontenelle**

Chiffre d’affaires, bénéfices ou encore politiques tarifaires ont été évoqués à l’occasion de la réunion du Syndicat des vétérinaires de la région Paris-Ile-de-France (SVRP).

L’argent et l’éthique : les deux termes paraissent inconciliables », a souligné Yannick Poubanne, membre du Conseil supérieur de l’Ordre, en introduction de son exposé du début de journée. Or pour le vétérinaire entrepreneur, dans les faits, ces deux notions, loin d’être opposées, sont complémentaires. « Notre profession est réglementairement organisée pour permettre la qualité de service, explique-t-il. Pour le praticien, la conséquence de l’obligation de moyens est aussi la nécessité de disposer de ressources pour se former lui-même, ainsi que son personnel, investir dans les équipements, conserver les meilleures ressources humaines et les attirer. Tout cela exige de l’argent. »

Pour dépasser les tabous et discuter de la valorisation du vétérinaire et de ses actes, dans un contexte professionnel et sociétal en évolution, les intervenants ont abordé l’économie de l’entreprise vétérinaire de façon concrète, exemples à l’appui. Evoquant la notion de rentabilité, notre confrère Jean-Pierre Kieffer, président du SVRP, a ainsi démontré, de façon chiffrée, qu’elle n’est pas systématiquement corrélée à un bon chiffre d’affaires. Sur une facture de 100 €, il reste en moyenne un peu plus de 20 € au praticien, une fois déduits les achats, les salaires, les charges, etc. En comparaison, un médecin généraliste qui perçoit 21 € d’honoraires (sans TVA) réalise un bénéfice de 14,22 €. Le ratio bénéfice/chiffre d’affaires s’élève à 67,70 %. Pour le praticien qui encaisse 40 € (avec TVA), le revenu réel n’est que de 9 €. Le ratio s’établit à 22,50 %.

2 000 à 3 000 praticiens supplémentaires d’ici à 2018, selon les estimations

Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), a insisté pour sa part sur la dimension d’entreprise vétérinaire avant d’aborder l’évolution de la démographie professionnelle à l’échelon national. Un sujet d’inquiétude récurrent, qui sera notamment l’une des bases de travail du sénateur Charles Guené, chargé d’une mission sur la place du vétérinaire libéral, dont l’optique est de contrecarrer les conclusions du rapport Attali. Selon les estimations, trois mille sept cents vétérinaires devraient partir à la retraite d’ici à 2018. A cette date, « près de cinq mille élèves seront diplômés des écoles vétérinaires françaises, environ mille deux cents Français seront diplômés des facultés belges et six cents à sept cent cinquante autres vétérinaires seront titulaires d’un diplôme délivré par les établissements de divers pays. A cela s’ajoute l’idée, qui a germé chez certains, d’une cinquième école vétérinaire privée, comme m’en a informé le Directeur général de l’enseignement et de la recherche récemment », a-t-il souligné. Cette projection fait donc apparaître un solde positif de trois à quatre mille diplômés par rapport à aujourd’hui, soit deux à trois mille praticiens supplémentaires sur le marché. « Le nombre de cuillères s’accroît. Le gâteau sera-t-il suffisant ? »

Définir un créneau tarifaire et positionner clairement sa clinique

Revenu à la tribune, Yannick Poubanne a détaillé son étude visant à évaluer l’influence du taux de fréquentation sur les dépenses des propriétaires. Ces dernières augmentent davantage chez les clients qui viennent le plus souvent. A contrario, les personnes qui fréquentent peu la clinique dépensent peu. Et celles qui déboursent une somme importante à l’occasion d’une visite reviennent moins. En conséquence, « il faut développer la fréquentation », estime notre confrère. Il conseille en outre d’accroître le panier moyen, sans toutefois dépasser 100 € HT. Au final, « l’important est la relation avec la clinique ».

Yannick Poubanne invite également les praticiens à se positionner clairement en termes de prix, notamment par rapport à leurs concurrents. « Le vétérinaire doit définir un niveau de prestation, de qualité et de prix. Il faut pour cela choisir un créneau. »

Bruno Pelletier, administrateur du SNVEL et de l’Association de gestion agréée des professions de santé (Agaps), va dans le même sens, expliquant que l’approche financière de la clinique doit être personnalisée. Il faut définir l’objectif de l’entreprise et le but personnel du vétérinaire. Il identifie plusieurs tendances au sein des structures vétérinaires : l’érosion de la marge, la hausse artificielle du chiffre d’affaires, l’accroissement constant des achats (faible marge), la peur d’augmenter les prix des actes vétérinaires et des médicaments, la non-facturation des actes, l’absence de prise en compte de frais fixes et des charges liées au fonctionnement de l’entreprise. « Or, il est important d’intégrer ces dernières dans le tarif de la consultation », insiste-t-il, tout comme « de proposer de nouveaux services, mais surtout de développer l’acquis, comme le consentement éclairé et le bilan préopératoire ».

En matière d’impayés, mieux vaut prévenir que subir

En début d’après-midi, François de Couliboeuf, récemment élu à la présidence du conseil ordinal d’Ile-de-France, a expliqué comment faire face aux impayés. Première solution : relancer le débiteur au téléphone, quitte à le harceler, voire faire du porte-à-porte. « Cela fonctionne, mais cette démarche est pénible et l’image du praticien peut en pâtir. Aux yeux de la clientèle, il peut rapidement devenir un usurier ou, pire, un rapace. » Une autre possibilité est de faire appel à un huissier pour un recouvrement amiable. « Cela marche bien, car beaucoup ont peur de la lettre à en-tête. Mais les huissiers ont tendance à recouvrer les impayés les plus simples, ceux dont le vétérinaire aurait pu se charger. Confiez- leur uniquement les dossiers les plus difficiles. » La solution ultime est le recours à la justice par une procédure d’injonction de payer. Jusqu’à 4000 € (la majorité des cas), le litige est du ressort du juge de proximité. Entre 4 000 et 10 000 €, le tribunal d’instance intervient. Au-delà, le tribunal de grande instance prend le relais. Il faut s’adresser au tribunal du lieu d’habitation du débiteur et envoyer une demande écrite au juge(1). « Comme les autres, cette procédure trouve sa limite dans l’insolvabilité du débiteur, remarque François de Couliboeuf. Mieux vaut donc prévenir les impayés plutôt que de les subir. » Comment ? D’abord en informant le propriétaire, avant l’intervention, des tarifs pratiqués (hors taxes et TTC), dans le détail, sans omettre, par exemple, les traitements postopératoires. Ensuite, en faisant signer au client un contrat de soins(2) auquel il sera possible de se référer en cas de problème. Il est la preuve du consentement éclairé du propriétaire et permet d’expliquer de façon détaillée ce que va faire le praticien, dans quel but et quels sont les risques. En dernier lieu, en demandant une provision à la signature du contrat pour “engager” le propriétaire de l’animal. La dernière possibilité face aux clients récalcitrants est de retenir l’animal jusqu’au paiement des soins. « Le droit de rétention est admis par l’Ordre depuis 2000, a rappelé François de Couliboeuf. Mais tous les non-payeurs ne sont pas forcément de mauvaise foi. En la matière, le vétérinaire doit respecter un équilibre délicat entre une certaine forme de brutalité et une humanité minimale. »

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