Obstétrique bovine
Formation continue
RURALE
Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau
La position de l’animal, l’aide disponible et l’état du veau sont des éléments qui ont autant d’importance que l’expérience et les habitudes du praticien.
La césarienne peut être abordée par différentes voies chez la vache. La plupart des praticiens emploient la technique qui leur est la plus familière, mais certaines situations imposent d’en utiliser une autre.
Une étude récente(1) fait le bilan des indications, des avantages et des inconvénients des diverses voies d’abord. Les principes généraux qui s’appliquent au choix de la technique et à la réalisation de l’acte sont les mêmes dans toutes les situations. Plusieurs critères sont à prendre en compte : la viabilité et la valeur du veau, celles de la mère, les moyens de contention et l’aide disponibles, ainsi que les risques de péritonite et d’infection de la plaie. L’état de saleté de l’environnement et de l’animal pendant et après l’intervention est aussi un critère déterminant.
Il est important de pouvoir extérioriser l’utérus pour diminuer les risques de contamination de la cavité péritonéale. Le choix de la voie d’abord a une conséquence directe sur la possibilité ou non de sortir la matrice. Un gros veau et/ou une grande vache compliquent la manœuvre, surtout si le praticien est de petite stature.
Lors d’une présentation antérieure, la méthode classiquement appliquée est d’entrer une main dans la cavité abdominale, d’identifier la corne gravide, de saisir un tarse et de le remonter le long de l’incision de la paroi abdominale. En présentation postérieure, le praticien saisit le métacarpe et le carpe s’inscrit alors dans l’incision. Après la mise en place du membre dans l’ouverture, l’utérus est incisé en évitant les cotylédons pour limiter les saignements. Le membre est alors saisi directement et tiré vers l’extérieur. Le membre controlatéral est identifié et sorti, et l’utérus est extériorisé en suivant l’extraction du veau.
Idéalement, les incisions se font sur la grande courbure de l’utérus et à distance suffisante du col et de l’extrémité de la corne. En règle générale, une incision qui va du métacarpe aux onglons est suffisante pour permettre l’extraction du veau. Sortir la plus grande partie de la matrice avant d’extraire le veau est souvent impossible, en raison du poids combiné de l’utérus, des liquides et du veau. Les essais pour manipuler ou saisir l’utérus seul, sans prise sur le fœtus, sont dangereux, car cela augmente le risque de déchirure utérine et d’hémorragie, en plus d’une contamination de la cavité péritonéale.
La suture de l’utérus est un point délicat, qui conditionne l’avenir de la vache. La technique la plus fréquemment conseillée et utilisée est un surjet arrière à point d’Utrecht, qui incorpore la séreuse et la musculeuse. Le catgut était le fil de choix, bien toléré et sans complication lors de la cicatrisation. Les fils résorbables synthétiques persistent plus longtemps, mais sont parfois à l’origine de mauvaises cicatrisations aux conséquences dramatiques. Les sutures enfouissantes sont à privilégier quand c’est possible, car des cicatrices exposées augmentent les risques d’adhérences. Une seconde suture est conseillée, surtout quand l’utérus est friable ou si le veau est mort ou emphysémateux, pour accroître l’étanchéité.
Une sédation à l’aide de xylazine avant la fermeture de l’utérus n’est pas recommandée, en raison de ses effets myotoniques qui augmentent les contractions utérines, lesquelles favorisent les déchirures. La plupart des césariennes sont réalisées sur des animaux debout, au moins jusqu’à la sortie du veau. Une bonne contention, des entraves et des anesthésies locales ou paravertébrales facilitent l’intervention. Si l’animal reste rétif, la sédation est possible dès que l’utérus est refermé et conseillée quand il y a trop de tensions pour recoudre la paroi musculaire et que les membres postérieurs doivent être détachés.
Les trois techniques de césarienne sur un animal debout ont les mêmes indications. Le choix dépend des conditions locales de contention et de l’expérience du praticien. L’abord par la droite est plus commode pour un gros veau situé dans la corne droite, mais l’abord par la gauche, commun avec les ruminotomies, est largement le plus utilisé.
Pour un animal incapable de tenir debout assez longtemps, déjà couché ou potentiellement dangereux, les techniques en décubitus sont plus appropriées. Toutefois, elles demandent davantage de main-d’œuvre pour coucher et tenir la vache en position, sont plus longues et beaucoup moins confortables pour le praticien. Les incisions sous-lombaires sont particulièrement pénibles pour son dos, puisqu’il faut ramener le veau du fond de la cavité, la gravité agissant comme un facteur défavorable. Elles permettent aussi à un plus grand volume de liquide utérin de passer dans l’utérus s’il reste trop enfoncé dans la cavité abdominale au cours de l’intervention.
La voie paramédiane semble donc la plus appropriée sur un animal couché, surtout lorsque le veau est mort avant l’intervention ou emphysémateux. Cette technique offre la meilleure extériorisation de l’utérus. La suture en est délicate, car sa localisation la rend plus fragile, et surtout davantage soumise à une contamination par le sol et les déjections quand la vache se couche, ce qui augmente le risque d’infection et de rupture des sutures.
L’incision sur la ligne blanche, très employée chez les brebis, est généralement à éviter en raison des complications d’éventration et d’infection. Elle est également contre-indiquée chez les animaux dont la mamelle est volumineuse ou œdématiée, car l’incision ne peut alors être poursuivie assez caudalement pour extérioriser suffisamment l’utérus. Elle présente pourtant l’avantage d’une cicatrice discrète, ce qui peut être un atout chez les races à viande ou les génisses.
(1) L.G. Schultz, J.W. Tyler, H.D. Mol, G.M. Constantinescu : « Surgical approaches for cesarean section in cattle », Can. Vet. J., 2008, vol. 49, pp. 565-568.
Voir aussi : Point Vétérinaire, numéros spéciaux “chirurgie des bovins”, 2000 et 2001, vol. 31 et 32 ; E. Bouchard, D. Daignault, D. Bélanger et Y. Couture : « Césarienne chez la vache laitière : 159 cas », Can. Vet. J., 1994, vol. 35, n° 12, pp. 770-774.
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