L’échographie décèle les corps étrangers digestifs - La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/09/2008

Imagerie médicale

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Delphine Vaucelle*, Sabine Bozon**

Fonctions :
*praticiennes à la clinique vétérinaire Bozon, à Versailles (Yvelines).
**praticiennes à la clinique vétérinaire Bozon, à Versailles (Yvelines).

Même radio-transparents, ils réfléchissent les ultrasons, ce qui crée une ombre acoustique distale lors de l’échographie.

Une balle, un fil à coudre, un caillou, des jouets, une pile… Les animaux de compagnie ne manquent pas d’imagination quand il s’agit d’ingérer l’indigeste ! L’absorbtion d’un corps étranger peut être précisée dans l’anamnèse ou suspectée chez un jeune animal qui a tendance à tout mâchonner, un animal hyperactif ou encore chez certaines races prédisposées comme les petits terriers (westie ou cairn, par exemple). Les symptômes liés à l’ingestion d’un corps étranger ne sont pas spécifiques, mais comprennent des vomissements dans la quasitotalité des cas et, chez la plupart des animaux, de l’inappétence, de la léthargie et une douleur abdominale. Diarrhée, perte de poids ou fièvre peuvent également être rapportées lors de complications. Des corps étrangers persistent parfois plusieurs semaines au niveau de l’estomac et s’accompagnent de vomissements quotidiens et d’une perte de poids importante.

Les principaux risques directs liés à l’ingestion de corps étrangers incluent la perforation gastrique ou intestinale lorsqu’ils sont tranchants, ainsi qu’une occlusion pylorique ou intestinale. La gravité et la nature des vomissements dépendent de la localisation de l’obstruction. Ils sont fréquents quand elle est haute. Quand elle est située au niveau de la partie distale du duodénum ou de l’iléon, les signes cliniques sont plus insidieux et comportent une distension de l’abdomen, de l’anorexie, de la léthargie et l’absence d’émission de matières fécales. Les vomissements apparaissent plus tard et peuvent avoir une consistance fécaloïde en raison de la prolifération bactérienne sous-jacente.

La radiographie présente certaines limites pour la recherche d’un corps étranger

La radiographie abdominale peut permettre de détecter la présence d’un corps étranger radio-opaque comme un fragment osseux ou un objet métallique. Certains objets peuvent apparaître comme des éléments radio-transparents s’ils sont de densité graisseuse (par exemple des balles en caoutchouc) ou remplis d’air (graine, noisette, etc.) et entourés de matières alimentaires. De nombreux corps étrangers sont indétectables via la radiographie. Il faut alors attendre l’apparition de signes secondaires comme une dilatation gazeuse en amont du site de l’obstruction, une perte de contraste abdominal lors d’épanchement ou encore un aspect en accordéon des anses intestinales qui marque la présence d’un corps étranger linéaire. Dans l’espèce canine, un iléus est communément admis lorsque le ratio entre le diamètre maximal d’une anse intestinale et la hauteur du corps de L5 est supérieur à 1,6. Dans l’espèce féline, un iléus est confirmé quand le diamètre d’une anse intestinale est supérieur à 12 mm. La radiographie abdominale présente certaines limites lors de la recherche d’un corps étranger et ne permet pas toujours d’établir un diagnostic avec certitude (voir encadré ci-dessous).

Une étude australienne récente (voir bibliographie 1 en page 44) compare l’utilisation de la radiographie et de l’échographie pour diagnostiquer un corps étranger digestif. Sur seize cas, la radiographie permet une détection avec certitude chez neuf chiens, dont sept présentent une forte dilatation de l’intestin grêle. L’échographie, quant à elle, le décèle dans tous les cas, tout en précisant l’existence éventuelle d’une perforation intestinale, d’un épanchement abdominal ou d’une lymphadénopathie. L’échographie abdominale est donc un examen complémentaire de choix pour confirmer ou infirmer la présence d’un corps étranger digestif, pour repérer de possibles complications (perforation gastrique ou intestinale, péritonite avec ou sans ascite, invagination intestinale, adhérences, pancréatite, lymphadénopathie mésentérique, etc.).

Des signes indirects traduisent la présence d’un corps étranger à l’échographie

L’échographie permet notamment de détecter les corps étrangers radio-transparents. Leur aspect échographique dépend de leur capacité à transmettre les ultrasons. Leur visualisation est plus facile s’ils sont entourés de liquide plutôt que de gaz. Les os, les objets en métal ou en bois et les cailloux sont particulièrement réfléchissants. Leur surface proximale à la sonde apparaît hyperéchogène, avec un cône d’ombre distal. A contrario, la forme des objets qui transmettent bien les ultrasons se dessine clairement à l’écran. Il est parfois nécessaire de modifier la position de l’animal pour détacher le corps étranger de la paroi et observer ses mouvements. Différents signes échographiques marquent la présence d’un corps étranger. L’échographie peut directement mettre en évidence une structure intraluminale associée à un cône d’ombre sous-jacent plus ou moins marqué selon la nature de l’objet, donc d’après sa capacité à transmettre les ultrasons (voir clichés 1, 2 et 3). Dans le cas contraire, des signes indirects sont toutefois présents (voir encadré ci-dessous). Ils sont importants pour établir de façon définitive le diagnostic. Dans une étude allemande (voir bibliographie 2) sur vingt-sept cas de corps étrangers gastriques ou intestinaux avérés, l’examen échographique en a décelé quatorze de façon directe, tandis que les treize autres l’ont été via ces signes indirects.

Les complications décelées renseignent le praticien et affinent le pronostic

Les éventuelles complications en cas d’ingestion d’un corps étranger peuvent être reconnues à l’examen échographique. Il s’agit, par exemple, d’un ulcère ou d’une perforation gastrique ou intestinale (voir clichés 4 et 5 en page 43). L’invagination revêt, pour sa part, un aspect caractéristique. En effet, une alternance d’anneaux concentriques hypo-échogènes et hyperéchogènes peut être observée lorsque le plan de coupe de la zone de l’invagination est transversal (voir cliché 6). Il est possible de mettre en évidence une alternance de plusieurs couches parallèles hypo-échogènes et hyperéchogènes quand le plan de coupe de la zone d’invagination est longitudinal (voir cliché 7). L’échographie permet en outre de suspecter une pancréatite (voir encadré ci-dessus) ou une péritonite, avec ou sans épanchement (voir cliché 8).

Les complications observées renseignent le praticien sur la nature précise de l’intervention : entérotomie (occlusion simple sans péritonite) ou entérectomie (perforation intestinale, invagination), un ou plusieurs sites d’entérotomie (plusieurs corps étrangers visualisés), présence d’un ulcère perforant à traiter, nécessité d’un drainage de l’abdomen lors de péritonite, pronostic lors de pancréatite, etc.

L’examen échographique connaît lui aussi des limites. Il faut tenir compte de l’expérience de l’examinateur et de la difficulté, dans certains cas, de visualiser l’intégralité du système digestif. La présence de gaz intraluminal en quantité importante peut également compromettre la détection. Il est possible de confondre des restes de bol alimentaire avec un corps étranger digestif. Le côlon (qui contient des selles à l’origine d’ombres acoustiques marquées susceptibles de mimer un élément étranger) doit être parfaitement identifié, afin d’éviter un diagnostic faussement positif.

L’échographie abdominale est souvent utilisée en deuxième intention, après la radiographie, pour établir un diagnostic définitif et prendre connaissance des éventuelles complications. Aujourd’hui, elle pourrait être utilisée comme le seul examen complémentaire lors de suspicion de corps étranger digestif par un opérateur expérimenté.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1. D. Tyrell, C. Beck : « Survey of the use of radiography versus ultrasonography in the investigation of gastrointestinal foreign bodies in small animals », Vet. Radiol. Ultrasound, 2006, n° 47, pp. 404-408.
  • 2. M. Kramer, M. Gerwing : « Die sonographische diagnostik von fremdkörpern bei hund und katze », Tierärztl Prax, 1996, n° 24, pp.378-384.

Limites de la radiographie

• Chez les animaux qui présentent une obstruction partielle ou récente par un corps étranger radio-transparent, les anses intestinales ne sont pas toujours dilatées. Aucun signe radiologique ne permet alors de conclure à la présence d’un corps étranger.

• Une perte de contraste lors d’épanchement peut entraîner une sous-estimation du degré de dilatation des anses intestinales.

• Une intussusception, des néoplasies intraluminales ou extraluminales et une entérite sévère peuvent également entraîner un iléus.

• Des aliments, surtout s’ils sont entourés par de l’air, peuvent mimer la présence d’un corps étranger lors d’une radiographie abdominale.

• La possible mise en place d’un transit baryté est contre-indiquée en cas de perforation ou de chirurgie imminente.

D. V. et S. B.

Signes échographiques indirects

Plusieurs signes échographiques indirects permettent de diagnostiquer la présence d’un corps étranger :

– une dilatation plus ou moins importante des anses digestives en amont du site d’occlusion ;

– un changement brutal du diamètre de l’anse où se situe le corps étranger ;

– un péristaltisme augmenté en amont du site d’occlusion au début du phénomène, puis une diminution de ce péristaltisme lorsque cette occlusion persiste ;

– un rassemblement des anses intestinales sur elles-mêmes et/ou un aspect en accordéon lorsqu’un corps étranger linéaire est présent (voir cliché ci-contre) ;

– un épaississement pariétal gastrique en cas de persistance d’un corps étranger dans l’estomac.

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Diagnostic échographique d’une pancréatite

Le parenchyme pancréatique se caractérise par une échostructure homogène dont les contours sont peu différenciés du tissu environnant. Les signes échographiques (voir cliché ci-contre) de la pancréatite sont variables et peuvent être :

– une échogénicité diminuée, augmentée de façon diffuse ou mixte ;

– une échostructure homogène ou a contrario particulièrement hétérogène ;

– l’éventuelle présence de nodules hypo-échogènes ou anéchogènes (débris nécrotiques) ;

– des contours pancréatiques réguliers ou irréguliers, bien ou mal définis ;

– une épaisseur normale ou augmentée du pancréas ;

– une hyperéchogénicité des tissus environnants (inflammation des tissus péripancréatiques).

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