L’école vétérinaire de Lyon, la doyenne

Les pertes économiques dues aux épizooties qui touchent le bétail, qui ne cessent de se multiplier aux XVII^e et XVIII^e siècles en Europe, commencent sérieusement à préoccuper l’opinion et les pouvoirs publics. Ce contexte explique le succès d’un projet soumis en 1761 par le Français Claude Bourgelat, l’écuyer lyonnais du Roy, à Henri Bertin (passionné par l’agriculture), alors contrôleur général des finances et qui deviendra, en 1762, ministre de Louis XV. Ce projet consiste à « ouvrir une école où l’on enseignerait publiquement les principes et la méthode pour guérir les maladies des bestiaux, ce qui procurerait à l’agriculture du royaume les moyens de pourvoir à la conservation du bétail, dans un temps où les épidémies désolent les campagnes ». Cette idée mûrissait chez l’hippiatre reconnu qu’est Bourgelat depuis une décennie déjà. La fondation de la première école vétérinaire du monde sera donc le fruit d’une initiative privée, entre deux hommes qui s’étaient liés d’une profonde amitié. Son acte de naissance officiel est le 4 août 1761, par un arrêt du Conseil du Roy, qui autorise Claude Bourgelat à ouvrir l’école. Le 10 janvier 1762, il signe avec les recteurs du Grand Hôtel-dieu de Lyon un bail de six ans pour la location du logis de l’Abondance, une ancienne auberge située en bordure de la grande rue du Faubourg de la Guillotière. Après quelques travaux d’aménagement, l’école dite “de la Guillotière” ouvre donc ses portes, un mois plus tard. En 1764, Claude Bourgelat, dont le désir de se rapprocher du pouvoir parisien est manifeste, envisage de transférer l’école à Paris. Henri Bertin s’y oppose. Dès lors, Claude Bourgelat décide de quitter l’école de la Guillotière pour se consacrer à ses projets parisiens (voir article ci-contre). Il se désintéresse même totalement du sort de l’école lyonnaise.

Les années qui suivent sont difficiles. Au fil du temps, les bâtiments deviennent trop exigus, inconfortables, mais également insalubres. Durant la période 1770-1780, l’état de l’école est même qualifié de décadent, tant sur le plan financier qu’en termes d’ambiance et de fonctionnement.

C’est en grande partie grâce à Louis Bredin, directeur de 1780 jusqu’à sa mort en 1814, que l’école de la Guillotière survit. Grâce à ses efforts, elle est transférée, en 1796, dans l’ancien couvent des Deux-Amants, près des portes de Vaise sur les quais de Saône.

Mais pendant les deux guerres mondiales, l’existence de l’école dite de Vaise est menacée. Le ministère des Armées la réquisitionne et elle doit fermer ses portes. Les conflits terminés, les locaux sont restitués.

L’école retrouve son expansion et mène des efforts de modernisation jusque vers 1960. Mais face à l’augmentation de ses effectifs et de ses activités, elle s’asphyxie de nouveau. En 1978, elle déménage donc sur son site actuel, le domaine de Marcy-l’Etoile. Elle accueillera l’école des services vétérinaires dans ses locaux en 1994.