L’endoscopie permet l’examen précis de la muqueuse digestive - La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008

Gastro-entérologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Cette technique, utilement complétée par l’échographie, autorise la visualisation de lésions inflammatoires et/ou ulcératives et/ou tumorales, ainsi que leur étendue.

L’endoscopie digestive est une technique d’imagerie endoluminale qui permet la visualisation de la surface muqueuse digestive, la réalisation de biopsies et le suivi thérapeutique. Il s’agit du meilleur outil d’évaluation des lésions inflammatoires de la muqueuse intestinale et d’appréciation des causes de sténose œsophagienne. Elle offre en outre la possibilité de réaliser des actes thérapeutiques.

L’endoscopie possède de nombreuses applications. Elle permet de déterminer la nature d’un ulcère gastrique (bénin, dont il faut alors chercher la cause, ou carcinomateux, étendu avec un centre nécrotique) ou d’identifier un lymphome gastrique chez le chat, dont les lésions sont caractéristiques. Lors d’un syndrome de rétention gastrique, elle est incontournable pour examiner l’estomac et les structures qui empêchent la vidange gastrique, comme une sténose pylorique. Elle trouve également une justification sémiologique dans le cadre des entéropathies exsudatives, caractérisées par une augmentation de la granularité de la muqueuse liée à une anomalie de la vascularisation lymphatique qui provoque des ruptures de villosités et une fuite protéique. La découverte d’ulcérations duodénales (souvent perforantes) ou de tumeurs de l’intestin grêle peut également être le fait de l’endoscopie. Concernant le côlon, elle permet la visualisation de lésions inflammatoires et/ou ulcératives et/ou tumorales, ainsi que leur étendue, comme dans les colites histiocytaires ou les tumeurs du rectum.

L’écho-endoscopie est une technique d’avenir dans le cadre de la pratique courante

L’endoscopie apporte également une cartographie histologique du tube digestif, avec des limites toutefois : une corrélation parfois mauvaise entre l’endoscopie et l’histologie en raison de la réalisation de biopsies trop superficielles, une inaccessibilité de certaines parties de l’intestin grêle et l’impossibilité de réaliser un véritable bilan d’extension. C’est alors que l’échographie trouve tout son intérêt et sa complémentarité avec l’endoscopie.

La sensibilité de l’examen endoscopique a cependant été améliorée par l’utilisation de capteurs plus performants et de nouvelles techniques comme la chromo-endoscopie, qui permet de colorer la muqueuse et de révéler des lésions superficielles. Ce procédé, mis en œuvre en médecine humaine, a permis une réelle avancée en cancérologie digestive. Il est actuellement à l’essai chez l’animal. Pour sa part, l’écho-endoscopie est une technique d’avenir pour la pratique courante. En offrant la possibilité de réaliser des images échographiques depuis la lumière digestive, elle aura sa place en cancérologie digestive et dans la réalisation des bilans d’extension.

L’échographie permet les bilans d’extension

L’examen échographique trouve tout son intérêt dans la visualisation morphologique et dynamique des structures du tube digestif. Il reste cependant limité pour la caractérisation des lésions. La présence de gaz intra-abdominaux constitue en outre un handicap pour sa réalisation.

L’œsophage thoracique n’est pas accessible à l’échographie, contrairement à l’œsophage abdominal, à l’estomac, au pylore, au duodénum, aux plaques de Peyer chez le chien, à la papille duodénale, à la jonction iléo-caecale, au cæcum et aux nœuds lymphatiques.

L’échographie est limitée par l’incapacité des ultrasons à pénétrer l’air. Il est ainsi difficile, voire impossible d’identifier un corps étranger dans un estomac rempli d’air. La qualité de l’appareil utilisé, l’œil et l’expérience du praticien en matière d’images anormales constituent également des limites. L’intérêt de cet examen réside dans la possibilité de caractériser les lésions, l’épaisseur des parois, leurs mouvements, les positions, la taille de la lumière des organes, la surface. Il offre une image dynamique de l’organe et des aliments, un élément important quoique souvent mésestimé. La perte de couches échographiques ne signifie pas nécessairement la présence d’un phénomène tumoral, mais elle peut résulter d’une inflammation marquée. A contrario, la persistance des couches intestinales n’élimine pas nécessairement l’évolution d’un processus tumoral.

L’échographie trouve également son intérêt dans la réalisation des bilans d’extension des processus tumoraux : visualisation d’adénopathies, d’air dans la cavité abdominale, d’infiltrations tumorales, etc. La cytoponction peut se faire par guidage échographique au niveau des nœuds lymphatiques ou de la paroi digestive lors de suspicion tumorale.

Cette technique est donc un excellent outil diagnostique du tube digestif, peu onéreux, rapide et inoffensif pour l’animal et le manipulateur. Elle impose cependant un matériel adéquat et un praticien expérimenté pour optimiser l’examen. Deux parties, l’œsophage thoracique et le rectum, sont néanmoins inaccessibles.

La radiographie n’est pas encore un examen obsolète

La radiographie a beaucoup été utilisée en gastro-entérologie, mais elle l’est de moins en moins. Elle reste toutefois utile et indispensable dans bien des cas. Mais il faut comprendre ses indications, en connaître la réalisation technique, rechercher et interpréter les signes radiographiques de manière systématique.

L’image radiographique est fondée sur un bon contraste. Pour l’abdomen, il est le fait de l’animal (la graisse abdominale est un réel outil de contraste), de l’air digestif et de l’utilisation de produits de contraste comme l’air et les substances barytées ou iodées. Une image radiographique correcte est obtenue chez un animal à jeun avec une grille antidiffusante. Deux incidences sont toujours nécessaires.

La lecture des radiographies doit être exhaustive et de bonne qualité. Il faut interpréter la taille, la forme, la position et la densité des différentes structures. Les clichés permettent tout d’abord la visualisation des structures digestives difficilement accessibles avec les autres outils d’imagerie médicale, comme le pharynx et l’œsophage thoracique. Une masse intraluminale ou extraluminale, un mégaœsophage ou un jabot œsophagien peuvent être mis en évidence.

La recherche de corps étrangers abdominaux est également une indication de la radiographie. Ils sont relativement fréquents et certains ne sont pas responsables des symptômes de l’animal. Il faut alors rechercher les signes d’iléus (obstruction), marqués par une dilatation majeure et segmentaire du tube digestif. Un iléus peut être diagnostiqué de façon quasi certaine par une augmentation de la lumière intestinale supérieure à 1,6 fois la hauteur d’un corps vertébral. Pour sa part, le signe du gravier est caractérisé par une accumulation de matières fécales dans l’intestin, lié à une occlusion chronique (d’origine tumorale, par exemple). Le diagnostic différentiel avec une constipation peut se faire grâce à un marquage baryté du côlon.

Les examens qui utilisent des produits de contraste barytés sont fastidieux (il faut administrer le produit sans en mettre partout, nettoyer toute trace externe) et difficiles à interpréter, puisque les images sont sans cesse en mouvement. Ils ont le mérite d’offrir une vision globale du tube digestif, mais sont souvent considérés comme obsolètes, sauf dans quelques situations précises. Ils peuvent trouver leur intérêt dans le marquage du côlon pour le distinguer d’une anse de grêle dilatée qui serait alors le signe d’un iléus mécanique.

La radiographie reste donc d’actualité en gastro-entérologie pour le diagnostic des corps étrangers, des obstructions aiguës et des obstructions chroniques. Quelle que soit l’évolution des techniques d’imagerie médicale, la complexité de l’examen de l’appareil digestif imposera irrémédiablement l’utilisation de plusieurs outils dont la complémentarité est indéniable.

CONFÉRENCIERS

Delphine Rault, diplomate de l’European College of Veterinary Diagnostic Imaging (ECVDI), praticienne à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes)

Dominique Begon, diplomate de l’European College of Veterinary Diagnostic Imaging (ECVDI), enseignante en imagerie médicale à l’école d’Alfort

Patrick Lecoindre, diplomate de l’European College of Veterinary Internal Medicine (Ecvim), praticien à Saint-Priest (Rhône)

Article rédigé à partir de la conférence « Radiographie, échographie et endoscopie : quelle complémentarité ? », présentée au congrès de l’Afvac, La Défense, 2007.

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