Obésité canine et féline
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Philippe Zeltzman
La graisse sécrète diverses hormones qui ont une action systémique.
Alors que près de la moitié de la population canine et féline souffre de surpoids, Ralph Schickel, veterinary affairs manager chez Hill’s Pet Nutrition, a présenté une conférence sur les dernières données scientifiques dans le domaine de l’obésité, dans le cadre d’un colloque organisé le 12 juin dernier en Pennsylvanie (Etats-Unis). Il revient sur les points majeurs de son intervention.
Ralph Schickel : L’obésité doit être considérée comme une maladie métabolique plutôt que comme un déséquilibre nutritionnel, même si son origine est généralement un excès calorique. La graisse est le seul “organe” dont le pouvoir de croissance est illimité. Une fois accumulée, elle ne reste pas inerte. Jusqu’à récemment, elle était considérée comme une réserve d’énergie, un moyen d’isolation thermique et un support physique pour les organes. Nous savons désormais qu’elle est en fait le plus grand organe endocrine.
R. S. : Elle sécrète diverses hormones et substances qui communiquent avec le reste du corps via des peptides, adipo-cytokines ou adipokines. Ces cytokines peuvent jouer un rôle actif dans la genèse de diverses maladies, avec des conséquences locales et systémiques. Ainsi, la leptine est l’une des cytokines les plus connues. Elle signale la satiété et peut donc diminuer l’appétit. Mais chez l’animal obèse, la quantité de leptine augmente avec le taux de graisse. Une résistance à la leptine s’établit, ce qui empêche de signaler un état de satiété à l’hypothalamus. En l’absence de feed back négatif, l’animal continue à manger au-delà de ses besoins. Un cercle vicieux s’instaure.
R. S. : Une autre cytokine importante est l’adiponectine, qui contrôle l’équilibre entre les médiateurs pro-inflammatoires et anti-inflammatoires chez l’individu mince. Chez le sujet obèse, l’influence pro-inflammatoire prévaut, ce qui entraîne un processus inflammatoire chronique au niveau de la graisse et de tout l’organisme. La concentration en adiponectine diminue avec le taux d’embonpoint, ce qui réduit la sensibilité à l’insuline et simule une résistance à cette hormone. C’est ainsi que l’obésité peut entraîner un diabète de type 2, chez le chien comme chez le chat. Le risque de diabète est deux à quatre fois plus élevé chez le chat obèse.
R. S. : L’excès de graisse entraîne un état inflammatoire chronique, comme l’arthrose. Bien entendu, l’obésité peut exacerber cette dernière par l’excès pondéral. Nous ignorons le rôle proportionnel de chaque facteur, et il est clair que l’arthrose est une affection complexe et multifactorielle. En médecine humaine, et dans une certaine mesure en médecine vétérinaire, la preuve est faite que l’obésité occasionne ou exacerbe divers troubles : diabète, arthrose et affections orthopédiques (dysplasie de la hanche), hypertension, affections cardio-respiratoires, thrombose, collapsus trachéal, paralysie laryngée, cancers (notamment les tumeurs mammaires). Chez l’homme, un “syndrome métabolique” est évoqué pour décrire un phénomène qui augmente le risque de diabète et de maladies cardio-vasculaires.
R. S. : Il en existe trois ou quatre : un régime ou un médicament amaigrissant, un programme d’exercice adapté et l’éducation du propriétaire. Celle-ci passe par un changement psychologique important. Plutôt que de prouver son affection en donnant des biscuits ou en partageant ses repas avec son animal, le maître devrait focaliser son attention sur l’exercice. Partager une promenade, lancer une balle ou jouer au frisbee sont des activités plus saines qui, au final, permettent tout aussi bien de développer le rapport entre l’animal et son propriétaire.
R. S. : Il faut faire prendre conscience au propriétaire qu’une “récompense” alimentaire est proportionnelle à la taille. Ainsi, donner un biscuit (selon sa composition) à un chien de 10 kg revient, en “équivalent humain”, à manger un hamburger. De même, octroyer 250 ml de lait à un chat de 5 kg revient à ingérer quatre hamburgers et demi.
R. S. : Le succès d’un régime d’amaigrissement débute par la prise de conscience du problème par le propriétaire et l’équipe vétérinaire. Si la prévention a échoué, le traitement de l’obésité inclut celui des affections secondaires, la réduction calorique et l’accroissement des dépenses énergétiques. Le succès d’un tel programme est prouvé, et il dépend clairement de la motivation du maître et du suivi par l’équipe vétérinaire. Au final, le but est d’accroître la longévité et de permettre une meilleure qualité de vie pour l’animal.
(1) I.D. Robertson : « The association of exercise, diet and other factors with owner-perceived obesity in privately owned dogs from metropolitan Perth, WA », Prev. Vet. Med., 2003, vol. 58, p. 75-83.
Les auteurs d’une étude(1) ont demandé à des praticiens australiens quelle était la cause de l’obésité de leurs patients canins. Leurs réponses parlent d’elles-mêmes :
- trop de nourriture (36 %) ;
- pas assez d’exercice (27 %) ;
- trop de friandises (26 %) ;
- causes génétiques (10 %).
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