Le Toggenburg orbivirus découvert en Suisse pourrait être un 25e sérotype de blue tongue

Certaines chèvres d’un élevage du nord de la Suisse se sont révélées positives, avec de faibles taux, à la détection d’anticorps spécifiques de la fièvre catarrhale par Elisa et d’ARN par reverse-transcription PCR en temps réel, mais pas à d’autres méthodes de détection. Les études montrent qu’il s’agit de réactions faussement positives provoquées par une réaction croisée avec un autre virus, baptisé Toggenburg orbivirus (TOV), en référence à la région où il a été détecté.

Une étude du génome viral⁽¹⁾ indique que la structure génétique de ce virus, qui comporte dix fragments d’ARN à double hélice, est vraiment proche de celui de la fièvre catarrhale ovine, sans pour autant pouvoir être rattaché à l’un des vingt-quatre sérotypes connus. Les analyses BLAST réalisées sur sept des fragments du génome du TOV indiquent qu’il appartiendrait au sérogroupe du BTV, car chacun présente une grande similarité avec le fragment équivalent du BTV. L’analyse phylogénétique individuelle des segments confirme les résultats du BLAST. Selon le segment, le virus se place dans un voisinage différent parmi les sérotypes du BTV et ceux du virus de la maladie hémorragique épizootique des cerfs (EHDV). Cependant, les tests effectués ne montrent pas de réaction avec les anticorps dirigés contre le EHDV, qui est l’orbivirus le plus proche du BTV.

Des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer s’il s’agit d’un nouveau sérotype de BTV, qui aurait divergé et évolué indépendamment, ou d’un réassortant entre la blue tongue et un autre orbivirus, car les résultats des analyses BLAST montrent une distance évolutionniste plus grande entre le TOV et le BTV qu’entre les différents sérotypes du BTV.

Les autorités sanitaires suisses se veulent rassurantes, car ce virus semble faiblement pathogène. Les chèvres infectées sont asymptomatiques, de même que les ovins infectés expérimentalement. En outre, la charge virale est généralement faible. L’Office vétérinaire fédéral indique que l’existence du TOV ailleurs qu’en Suisse ne peut être exclue, car son repérage est conditionné aux méthodes de détection du virus de la fièvre catarrhale ovine utilisées.

• (1) M.A. Hoffmann, S. Renzullo, M. Mader, V. Chaignat, G. Worwa et B.Thuer : « Genetic caracterization of Toggenburg orbivirus, a new blue tongue virus from goats, Switzerland », Emerg. Infect. Dis., décembre 2008 (sous presse).