Retour sur une épidémie au parc de la Tête d’Or
Formation continue
FAUNE SAUVAGE ET NAC
Auteur(s) : Françoise Sigot
Les animaux de ce parc ont été les premiers de leur espèce à être touchés par la myopathie atypique équine.
Un an après la mort de quatre des cinq zèbres de Grévy du zoo du parc de la Tête d’Or, atteints de la myopathie atypique équine, Eric Plouzeau, vétérinaire du jardin zoologique lyonnais, revient sur cet événement et entrouvre la porte à un début d’explication.
Eric Plouzeau : Ils sont arrivés dans notre zoo lors de l’aménagement de la savane africaine qui devait abriter, outre des zèbres, des girafes, des antilopes et des watusis. Quatre zèbres de Grévy nés en captivité ont ainsi été accueillis durant l’été 2006, dans le cadre d’un programme européen d’élevage d’espèces menacées (EEP). Un cinquième les a rejoints début 2007 et nous en attendions un autre. Il s’agissait d’un groupe de jeunes mâles, car dans la savane, ces derniers sont exclus des harems et vivent ensemble.
E. P. : Le premier cas est apparu le 21 octobre 2007. L’animal était resté dehors dans la journée. Il ne présentait aucun symptôme préliminaire, mais le soir, en rentrant au box, nous l’avons trouvé soudainement très faible. Nous avons remarqué des anomalies de posture. Il avait du mal à se tenir sur ses postérieurs et il est tombé brutalement. Ses urines étaient sombres. Je l’ai traité avec des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des analeptiques cardio-respiratoires, de la vitamine E. Il est mort au matin.
E. P. : L’autopsie, faite le jour même à l’école de Lyon, a mis en évidence un problème de lyse rénale. Mais ce n’est qu’après les résultats des analyses histologiques que nous avons su que nous étions confrontés à une myopathie.
E. P. : Pas tout de suite. Le 11 novembre, nous avons eu un deuxième cas dans des circonstances totalement identiques : l’animal rentre au box faible, il s’écroule. Je l’ai d’ailleurs euthanasié au petit matin. Le 12 novembre, un troisième cas est survenu. Chez le deuxième animal, l’autopsie a clairement révélé un muscle marbré. Nous avons vraiment vu la myopathie. Dès lors, nous avons compris que nous étions face à un phénomène pathologique. Avec le service de clinique équine et le service d’anatomie pathologique de l’école de Lyon, nous l’avons relié assez vite à la myopathie atypique équine. C’est alors que nous avons gardé les autres zèbres à l’intérieur, mais la situation n’était pas tenable.
D’après certaines études, les chevaux atteints par la myopathie équine fréquenteraient des points d’eau. Nous avons donc séparé la plaine africaine en deux parties pour interdire l’accès des zèbres à un bassin. Toutefois, en mars, nous avons eu un quatrième cas. Nous avons décidé de rapatrier le dernier zèbre, qui présente un fort intérêt génétique, au zoo de Cologne.
E. P. : Il y a en effet quelques chevaux, mais ils ne sont pas sur le territoire du zoo. Pour eux, rien n’a été modifié. Ils sont restés dans les enclos qu’ils fréquentaient habituellement et qui sont distants de quelques dizaines de mètres de la plaine africaine.
E. P. : Par l’intermédiaire du service de médecine équine de l’école de Lyon, nous nous sommes rapprochés de l’université vétérinaire de Liège, qui dirige les recherches sur cette maladie. Nous sommes également en lien avec le Réseau d’épidémio-surveillance équine (Respe). L’affection a été décrite pour la première fois en 1984. Quelques épidémies ont ensuite été enregistrées en Allemagne en 1997, puis en Belgique, en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne et en France. A ce jour, environ sept cents chevaux sont morts des suites de la myopathie équine en Europe, mais nos zèbres ont été les premiers de leur espèce à être touchés. Cela dit, deux zèbres de Grévy sont également morts de myopathie équine dans un zoo du Calvados, il y a quelques mois.
E. P. : Nous cherchons différentes sources potentielles de toxines à l’intérieur de l’enclos afin de vérifier si l’une d’elles peut être responsable de la maladie, car les études épidémiologiques montrent que l’épidémie est probablement due à une toxine environnementale. Nous exploitons actuellement différentes pistes, notamment celle des mycotoxines. Mais pour l’heure, nous n’avons pas encore de certitudes.
E. P. : Tant que nous n’avons pas trouvé la cause de l’épidémie, nous ne réintroduirons pas de zèbres. En revanche, nous devrions prochainement accueillir des élans du Cap, une espèce d’antilope, un artiodactyle qui n’est pas sensible à la myopathie atypique équine.
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