L’arthrose de l’épaule est difficile à mettre en évidence

Le surpoids est un facteur de risque pour le développement de l’arthrose chez le chien. Cela est démontré dans le cas de l’arthrose de la hanche⁽¹⁾, pour laquelle la limitation calorique réduit l’incidence de la dysplasie. La réduction calorique rallonge en outre la durée de vie. Une autre équipe⁽²⁾ envisage le même concept dans la lutte contre l’arthrose de l’épaule.

Quarante-huit labradors sont groupés par paires de frères ou sœurs. Pour chaque fratrie, un chien est nourri à volonté (groupe témoin) et son congénère reçoit une ration réduite de 25 % (groupe restreint). L’aliment est sec et l’exercice physique n’est pas limité.

Une série de radiographies de chaque épaule est réalisée au cours de la vie des chiens. Lorsqu’ils meurent, outre la prise de clichés, une autopsie est réalisée. Des études anatomiques et histologiques sont alors effectuées.

Dans le groupe témoin, 68 % des chiens présentent de l’arthrose visible à la radiographie à l’âge de six ans. Ils sont 81 % à huit ans et 74 % au moment de leur mort⁽³⁾. La sévérité de l’arthrose est significativement moindre dans le groupe restreint. La lésion radiographique principale consiste en la formation d’ostéophytes au bord caudo-latéral de la tête de l’humérus et de la cavité glénoïde caudale. A l’autopsie, 91 % des chiens du groupe témoin et 83 % de ceux du groupe restreint ont des érosions du cartilage de la tête de l’humérus, entre autres lésions. Même si la localisation est similaire, la lésion n’a rien à voir avec une ostéochondrite disséquante. Il s’agit ici d’une lésion par usure du cartilage. Le chien qui vit le plus longtemps fait partie du groupe restreint. Ses épaules ne présentent pas la moindre lésion discernable à la radiographie au cours de sa vie entière. Mais à l’autopsie, le degré d’arthrose est jugé sévère.

Les auteurs parviennent à deux conclusions surprenantes : d’une part, le taux élevé d’arthrose de l’épaule chez tous les chiens, d’autre part la différence entre les lésions visibles à la radiographie et à l’autopsie. Cela compliquerait donc l’établissement d’un diagnostic de boiterie de l’épaule sans lésion radiologique visible.

Lors de la mort des chiens, le taux d’arthrose est similaire dans les deux groupes, mais ceux du groupe restreint vivent en moyenne deux ans de plus que ceux du groupe témoin, ce qui leur donne logiquement davantage de temps pour développer des lésions.

Lors d’arthrose de la hanche ou de l’épaule, la restriction calorique réduit la sévérité des lésions d’arthrose visibles à la radiographie.

Les auteurs concluent à l’importance de maintenir un poids idéal pour limiter les effets de l’arthrose de l’épaule.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1289 des 2 et 9 /11/2007.

• (2) J.J. Runge et coll. : « The effects of lifetime food restriction on the development of osteoarthritis in the canine shoulder », Vet. Surgery, 2008, vol.  37, n° 1, pp. 102-107.

• (3) Cette anomalie statistique est due au fait que certains chiens meurent avant l’âge de huit ans.