Dermatologie
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Marilyn Laumesfeld
Fonctions : Interne en médecine à l'école d'Alfort.
Lorsqu’une chimiothérapie adjuvante est nécessaire, la lomustine allie efficacité et toxicité modérée. Le traitement de choix est chirurgical lorsque cette option est envisageable.
Le mastocytome cutané félin est une entité rare, car dans cette espèce, environ la moitié des mastocytomes sont viscéraux. Cette entité est donc mieux connue chez le chien, où la localisation cutanée est présente dans 75 % des cas. Par ailleurs, il n’est pas toujours aisé de distinguer une lésion du complexe granulome éosinophilique félin, voire de différencier une mastocytose papuleuse éruptive d’un mastocytome. Celui-ci peut se présenter sous plusieurs formes cliniques. Il peut s’agir d’un nodule unique ou de multiples nodules, de plaques ou d’ulcérations. La forme nodulaire est la plus fréquente et se localise préférentiellement sur la tête (voir photo 1), le cou, à la base des oreilles ou à l’extrémité d’un membre (voir bibliographies 2, 7, 8, 11 en page 42 et photo 2). L’âge moyen des chats atteints est de 7,2 à 11,5 ans. Le siamois est une race surreprésentée dans une forme rare de mastocytome (voir encadré). Aucune prédisposition de sexe n’est mise en évidence (bibliographies 2, 7, 8).
La présentation clinique des formes ulcérées est parfois difficile à différencier d’un granulome ou d’une plaque éosinophilique ou encore d’une dermatite ulcérative et croûteuse de la face et du cou (bibliographie 3). En raison de l’aspect histologique parfois équivoque, il convient que le praticien prenne d’abord en compte la répartition et le nombre des lésions cutanées. Disséminées et tronculaires, elles évoquent plutôt une mastocytose systémique associée à un mastocytome viscéral touchant la rate, l’intestin, etc. (voir photo 3). L’aspect des nodules, la présence d’un infiltrat, le résultat du bilan d’extension (ganglions satellites, métastases, etc.) sont les éléments à transmettre à l’anatomo-pathologiste.
Contrairement à l’espèce canine, le grading de Patnaik n’est pas utilisé chez le chat (bibliographie 10). Néanmoins, l’analyse immuno-histochimique permet de préciser le degré de malignité en détectant une protéine du noyau (Ki-67). Cet antigène se révèle être un marqueur de l’activité proliférative nucléaire. L’indice de prolifération des cellules Ki-67+ peut être corrélé avec le degré de malignité du mastocytome et constitue par conséquent un indicateur pronostique avec une valeur seuil de 5 %. Ce test a une bonne valeur pronostique pour les tumeurs histologiquement plus différenciées (bibliographie 3).
Le traitement de choix est chirurgical lorsque cette option est envisageable. L’exérèse en marges saines est conseillée (3 cm dans deux directions et en profondeur jusqu’à un fascia sain). Au niveau histologique, il est difficile de différencier les mastocytes tumoraux des mastocytes adjacents normaux réactionnels. Certaines études montrent que des marges discrètement inférieures à 3 cm n’impliquent pas systématiquement un taux de récidive plus élevé (bibliographies 2 et 8). Ainsi, le praticien doit opérer même s’il ne parvient pas aux 3 cm de marge recommandés et utiliser une thérapie adjuvante (radiothérapie ou chimiothérapie) lorsque l’analyse histologique ne permet pas de conclure à une exérèse jusqu’aux marges saines. Quand une chimiothérapie adjuvante à la chirurgie est nécessaire, la lomustine (ou CCNU, Belustine®) allie, comme chez le chien, une bonne efficacité et une toxicité modérée (bibliographie 1). Elle peut également être employée dans les formes inopérables ou multicentriques. Elle peut en outre être administrée per os.
La lomustine a montré son efficacité dans le cadre du mastocytome cutané du chat à la posologie de 50 à 60 mg/m2 toutes les quatre à six semaines (bibliographies 1 et 6). Il s’agit d’un agent alkylant qui empêche la réplication des cellules en réalisant des ponts entre les brins d’ADN (bibliographies 5 et 6). Chez l’homme, elle est responsable d’une myélotoxicité cumulative, d’une thrombopénie, d’une leucopénie, d’une hépatotoxicité et d’une néphrotoxicité réversibles (bibliographie 5).
Une neutropénie peut survenir chez 4 % des chats traités, avec moins de 1 000 cellules/µl de sang. Elle est particulièrement sévère entre le 7e et le 28e jour. Une fois le taux le plus bas atteint, le retour aux valeurs usuelles peut nécessiter plus de quatorze jours. Une thrombopénie est en outre observée chez 1 % des chats, avec moins de 50 000 plaquettes/µl de sang. La sévérité est plus marquée entre le 14e et le 21e jour. Ces délais d’action de la lomustine sur les lignées cellulaires sanguines sont à prendre en considération pour déterminer le rythme d’administration. Une hépatotoxicité retardée est rapportée jusqu’à quarante-neuf semaines après la dernière administration (bibliographies 1, 5, 6). Cette observation d’hépatotoxicité ponctuelle est difficile à incriminer, car la lomustine est souvent utilisée dans des cas graves (mastocytome digestif, lymphome résistant à la vinblastine, etc.).
Le siamois présente une manifestation clinique particulière du mastocytome qui, dans cette race, peut être d’emblée multicentrique.
Il s’agit de la forme histiocytaire à régression spontanée. En outre, chez le jeune adulte, cet aspect évolue souvent au sein d’un œdème localisé. L’analyse histologique permet d’observer des cellules d’aspect histiocytaire peu ou pas granuleuses, de nombreux polynucléaires éosinophiles et environ 20 % de mastocytes chargés en granulations intracytoplasmiques métachromatiques (bibliographies 3 et 4). Dès lors, l’appartenance de cette entité aux tumeurs mastocytaires félines peut être remise en question.
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