L’anesthésie de l’animal à radiographier se systématise - La Semaine Vétérinaire n° 1338 du 05/12/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1338 du 05/12/2008

Contention pour la réalisation d’un examen

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Agnès Faessel

Le protocole retenu, sédation ou anesthésie, dépend de l’examen à réaliser et de l’état de l’animal.

Au Royaume-Uni, tout examen radiographique est précédé d’une forte sédation ou d’une anesthésie générale (sauf contre-indication pour l’animal), afin de pouvoir éloigner l’ensemble du personnel de l’appareil de radiographie durant son fonctionnement. En France, la réglementation vise également à limiter l’exposition des personnes aux rayons X. Outre la sécurité des individus, l’immobilité de l’animal soumis à un examen d’imagerie médicale conditionne également la qualité des images obtenues. Le recours au scanner, à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou à la scintigraphie impose une anesthésie générale de l’animal examiné. Qu’en est-il de la contention pour une radiographie ?

Moins de stress pour l’animal, le propriétaire et le praticien

Stéphane Junot, maître de conférences en anesthésie-réanimation à l’école de Lyon, est favorable à une contention chimique. Elle présente le double avantage de diminuer le stress de l’animal (mais aussi du propriétaire et, au final, du praticien) et de favoriser la myorelaxation et l’analgésie. Son principal inconvénient est le risque de réactions indésirables liées aux molécules utilisées. Le praticien en assure toutefois le contrôle. La contention chimique est une alternative à la contention physique, laquelle sera préférée chez un chien particulièrement bien éduqué ou en mauvais état général, apathique. « Elle peut sinon nécessiter l’intervention de plusieurs personnes, ce qui n’est pas optimal, rappelle Stéphane Junot. Le stress généré chez l’animal maintenu n’est pas non plus dénué de conséquences délétères. »

En pratique, pour une contention chimique, le praticien a le choix entre sédation et anesthésie générale. Pour limiter le risque anesthésique, il est possible de tenter l’examen radiographique sous sédation, puis d’effectuer une anesthésie si le résultat n’est pas satisfaisant. Le choix du protocole se fonde sur des exigences en termes de sécurité d’emploi, de simplicité de mise en œuvre et de réversibilité de l’effet. Il dépend donc de l’examen effectué, notamment de sa durée, et de l’évaluation clinique de l’animal. En cas de sédation, la recherche d’un effet plus ou moins fort dépend aussi de la position requise pour l’examen et du caractère de l’animal.

Combiner le butorphanol et un α2-agoniste à microdose est efficace et économique

« Je ne recherche pas de protocole d’anesthésie ou de sédation pour la radiographie, mais plutôt un protocole pour l’anesthésie ou la sédation d’un animal passant en radiographie », nuance Stéphane Junot. Ainsi, pour la sédation, les α2-agonistes sont des molécules de choix, car ils combinent des propriétés sédatives, myorelaxantes et analgésiques marquées (voir tableau 1). Pour autant, ils présentent des effets dépresseurs sur le système cardio-vasculaire aux doses classiquement recommandées, mais qui sont moindres à faible dose. Il peut ainsi être intéressant de combiner plusieurs molécules afin de diminuer les doses de chacune, donc leur toxicité respective, tout en optimisant leurs effets. Par exemple, l’acépromazine seule est utilisée à la dose de 0,1 à 0,5 mg/kg. Sa combinaison avec la morphine (à raison de 0,1 à 0,5 mg/kg) permet d’abaisser la dose entre 0,03 et 0,05 mg/ kg, soit une diminution d’un facteur 10.

Une autre possibilité est d’associer un α2-agoniste à faible dose, voire à microdose (médétomidine, 1 à 3 µg/kg, impérativement par voie intraveineuse), avec du butorphanol (0,2 à 0,3 mg/kg). « Cette combinaison est communément employée à l’école de Lyon avant une radiographie, car elle procure une forte sédation, ainsi qu’une analgésie, explique Stéphane Junot. Ce protocole est réversible par l’atipamézole. C’est aussi une solution économique, même en cas d’injection de l’antagoniste, en raison des faibles doses employées. » L’effet est rapide (trente à soixante secondes chez le chat). S’il se révèle insuffisant, l’injection de kétamine (3 à 5 mg/kg) est possible.

Le consentement éclairé du propriétaire est nécessaire

Pour l’anesthésie générale également, le choix du protocole dépend du cas et des effets recherchés, ainsi que de l’état clinique de l’animal (voir tableau 2). Une prémédication est indispensable. Elle peut être aussi la combinaison du butorphanol et d’un α2-agoniste. Dans l’idéal, un monitorage est également mis en place. Il consiste en une oxygénation et la pose préalable d’une voie veineuse (sauf en cas de protocole flash).

Pour Stéphane Junot, systématiser la sédation ou l’anesthésie des animaux à radiographier présente de nombreux avantages, relatifs notamment à la radioprotection. L’inconvénient en termes de surcoût est à relativiser, car il peut être modulé en appliquant un tarif forfaitaire et se raisonne en incluant le gain de rapidité et de qualité de l’examen radiographique. Une bonne organisation est nécessaire pour ne pas complexifier les phases préparatoires, puis consécutives à l’examen (le réveil lors d’anesthésie notamment). La procédure doit d’ailleurs inclure le recueil du consentement éclairé du propriétaire, comme pour une anesthésie réalisée dans le cadre d’une intervention chirurgicale.

CONFÉRENCIER

Stéphane Junot, maître de conférences en anesthésie-réanimation à l’école vétérinaire de Lyon.

Article rédigé d’après la conférence : « Optimiser son examen d’imagerie médicale : l’anesthésie est-elle une solution ? », présentée le 7/12/2007 lors du congrès de l’Afvac.

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