La qualité de l’eau est plus liée aux pratiques de l’éleveur qu’au matériel utilisé

Plusieurs études montrent que la présence de germes pathogènes dans l’eau de boisson constitue un risque d’affaiblissement de la santé des volailles et de réduction de leurs performances. La qualité bactériologique de l’eau est en particulier l’un des facteurs explicatifs de l’apparition d’épisodes de diarrhée. Des recherches⁽¹⁾ menées dans cinquante bâtiments de dindes du grand ouest de la France ont tenté d’identifier les facteurs de risque, en termes d’équipement, d’origine de l’eau et de pratiques, qui influencent la qualité bactériologique de l’eau de boisson. Les informations sur chaque élevage ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire, d’une visite détaillée des installations et d’analyses de l’eau.

Tous les éleveurs inclus dans l’enquête réalisent un ou plusieurs types de traitement par l’eau de boisson (vaccination, apport de vitamines ou d’oligo-éléments). Toutefois, les précautions qui garantissent l’efficacité du traitement sont plus ou moins bien respectées. Ainsi, la vérification de l’aspect, du pH et de la dureté de l’eau est souvent négligée, de même que l’entretien du matériel (rinçage des canalisations et filtre à charbon). La qualité physico-chimique de l’eau est rarement optimale. Ainsi, dans la moitié des cas elle est trop basique (pH > 7) et dans l’autre elle est trop dure (dureté > 15 °F). En fait, 36 % des éleveurs n’ont jamais fait réaliser d’analyse physico-chimique de leur eau.

Seuls 17 % des éleveurs respectent le temps de contact lors de chloration permanente

En revanche, 90 % des éleveurs réalisent au moins une fois par an une analyse bactériologique. Des traitements bactériologiques permanents sont effectués dans 54 % des bâtiments (en majorité la chloration, devant la peroxydation). En cas de chloration permanente, alors que le respect du temps de contact (vingt minutes entre l’eau à traiter et le chlore) permet de détruire 100 % des germes présents, il n’est respecté que par 17 % des éleveurs. Des traitements bactériologiques ponctuels sont effectués au moins une fois par bande par 75 % des exploitants. Le peroxyde est le produit le plus souvent utilisé, devant l’iode et le chlore. Dans plus de la moitié des bâtiments, l’eau provient de forages ou de puits, ce qui se traduit par une flore totale plus élevée dans le sas d’arrivée de l’élevage, mais pas en bout de ligne. De ce fait, la potabilité bactériologique de l’eau distribuée aux oiseaux dépend du matériel employé (en particulier la présence d’un filtre placé à l’arrivée), mais surtout de son entretien (maîtrise correcte du protocole de nettoyage et de désinfection, depuis le choix des produits jusqu’au respect des préconisations d’emploi).

Les visites d’élevage permettent d’attribuer une note de « diagnostic eau de boisson » à chacun des élevages. Quatre catégories sont constituées : parfaite, correcte, mauvaise et très mauvaise. Elles comprennent respectivement 0 %, 70 %, 28 % et 2 % des exploitations. Il existe encore une marge de progression assez large !

Pour obtenir une eau de bonne qualité bactériologique, il ne suffit donc pas de prendre des mesures préventives standard (même si elles sont nécessaires). Encore faut-il vérifier qu’elles sont adéquates, adaptées à l’élevage et, surtout, appliquées dans les meilleures conditions. La mise en place, par exemple, d’une désinfection inadaptée peut donner une fausse impression de sécurité et conduire à un résultat opposé à celui recherché. Ici aussi, le rôle de l’éleveur apparaît prépondérant.

• (1) A. Travel, D. Chevalier, F. Merlet, L. Fulbert : « Facteurs de variation de la qualité bactériologique de l’eau en élevage de dindes », Techniques et marchés avicoles, 2007, n° 3, pp. 4-11.