Quand l'homme skie, le nombre de tétras lyres chute

Des chercheurs de l'université de Berne et de la Station ornithologique suisse ont quantifié pour la première fois l'impact des réseaux de remontées mécaniques et des activités de sports d'hiver sur la faune sauvage des Alpes⁽¹⁾. Les scientifiques ont choisi comme modèle animal le tétras lyre (ou petit coq de bruyère) qui vit toute l'année dans la zone supérieure de la forêt subalpine, où se concentrent également la majorité des installations de remontées mécaniques, ainsi que les adeptes de ski et de snowboard. Si toute la faune est impactée par les activités de sports d'hiver, certains animaux bénéficient d'un habitat plus vaste, comme les lièvres et les chamois. Ces derniers sont donc affectés, mais dans une moindre mesure que les tétras lyres.

Les Alpes valaisannes et vaudoises ont perdu au moins 15 % de leurs effectifs de tétras

L'étude, financée par le Fonds national de la recherche scientifique et un programme italo-suisse, montre un déclin des populations de tétras lyres dans les Alpes valaisannes et vaudoises⁽²⁾, en raison du seul développement des stations de sports d'hiver. Selon les chercheurs, les activités sportives générées par les installations de ski affectent 44 % de la surface de l'habitat du tétras lyre dans les Alpes valaisannes et vaudoises. Au sein de ces domaines skiables, elles entraînent des réductions qui peuvent aller jusqu'à 49 % des effectifs. L'impact est ressenti jusqu'à 1 500 m des installations. En périphérie des domaines skiables, la chute moyenne des populations est estimée aux alentours de 18 %.

Au final, les chercheurs estiment que dans les Alpes valaisannes et vaudoises, le développement des stations de sports d'hiver a réduit les effectifs totaux de tétras lyres d'au moins 15 %. Mais ils soulignent que ce taux n'est qu'une estimation basse, car il ne prend pas en considération l'effet des activités humaines pratiquées en dehors des domaines skiables, par exemple le ski hors piste ou les randonnées en raquettes.

Dans ce contexte, les scientifiques préconisent la création de zones de refuge hivernal à proximité des domaines skiables.

En France, quarante-six stations de montagne (dont Les Menuires, Les Gets ou La Plagne) adhèrent aujourd'hui à la Charte nationale du développement durable, élaborée l'an passé par l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). Les signataires doivent adopter diverses mesures comme la limitation du nombre de pylônes de remontées mécaniques ou encore veiller à la bonne intégration des pistes dans l'environnement.

• (1) P. Patthey, S. Wirthner, N. Signorell et R. Arlettaz : « Impact of outdoor winter sports on the abundance of a key indicator species of alpine ecosystems », Journal of Applied Ecology, 31/10/2008.

• (2) Les chercheurs ont recensé les tétras-lyres sur une trentaine de secteurs des Alpes valaisannes et vaudoises.

• Source : www.notre-planete.info