L’actualité chaude s’invite au congrès annuel hivernal de médecine porcine - La Semaine Vétérinaire n° 1340 du 19/12/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1340 du 19/12/2008

AFMVP. Congrès à l’ENV d’Alfort

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Maladie d’Aujeszky, maladie de l’œdème ou encore machines à soupe ont retenu l’attention des congressistes.

Actualités de la filière porcine, pathologie, alimentation, courtes communications et ateliers pratiques étaient au menu du congrès annuel de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP), les 4 et 5 décembre derniers à l’école d’Alfort. Côté actualités, l’évolution de la situation sanitaire vis-à-vis de la maladie d’Aujeszky a été présentée par Anne Bronner, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). En mars dernier, la Commission européenne a reconnu l’ensemble de la France continentale indemne d’Aujeszky pour les porcs domestiques, en accordant ce statut aux quatre départements bretons(1) et à celui du Nord (ils avaient opté, dans les années 90, pour une prophylaxie médicale plutôt qu’une prophylaxie sanitaire appliquée ailleurs en France). Ce nouveau contexte sanitaire a conduit la DGAL à décider d’une refonte complète de la réglementation. Un arrêté ministériel est en cours de rédaction. Il prévoit de supprimer la surveillance sérologique actuelle qui s’opère sur l’ensemble du territoire. Elle ne sera maintenue qu’en Bretagne et dans le Nord (jusqu’au 1er janvier 2010), en se fondant sur le renouvellement quadriennal des reproducteurs, dans les élevages de plein air (risque d’introduction de la maladie par les sangliers sauvages) et dans ceux de sélection-multiplication.

Un module de formation continue vétérinaire à la maladie d’Aujeszky est prévu pour 2009

Le nouveau dispositif de la DGAL privilégie désormais la surveillance clinique (« garante d’une détection précoce de foyer ») en zone indemne, en dehors de tout contexte vaccinal. Cela passe par une sensibilisation des acteurs de terrain aux signes évocateurs de la maladie. Pour cela, la DGAL prévoit des plaquettes descriptives pour les éleveurs et un module de formation continue pour les vétérinaires sanitaires, dans le courant de l’année prochaine. En outre, jusqu’à présent, en cas de foyers, les départements pouvaient imposer un abattage soit partiel, soit total des animaux. Il sera désormais total. Par ailleurs, toute suspicion ou confirmation de la maladie chez d’autres espèces de mammifères (bovins, ovins, chiens, etc.) devra faire l’objet d’une déclaration à la Direction départementale des services vétérinaires.

Durant le congrès, Sylvie Chouët, au nom du groupe de travail AVSO, AFMVP et SNGTV(2), a présenté les recommandations sur les modalités d’administration orale des traitements pour les porcs alimentés par un circuit “machine à soupe”. Elles ont été élaborées à la demande de l’Institut du porc (Ifip), dans le cadre de la maîtrise des risques en élevages selon le Guide de bonnes pratiques d’hygiène, pour garantir des niveaux de résidus conformes aux limites maximales autorisées dans les denrées d’origine animale. Le texte final, qui distingue la machine à soupe avec ou sans cuve de reste, a été approuvé à l’unanimité par les vétérinaires prescripteurs porcins. Il sera remis prochainement à l’Ifip.

Maladie de l’œdème : quand l’antibiothérapie tue…

Pour sa part, Guy-Pierre Martineau s’est intéressé à la maladie de l’œdème du porcelet. « Depuis plus de quarante ans, tout le monde patauge dans cette… pathogénie. » Mais une récente publication(3) la remet au cœur de l’actualité. Notre confrère a ainsi décrit l’expérience menée par l’équipe tchèque de Lucie Konstantinova. L’étude est fondée sur la facilité d’isolement des colibacilles responsables de la maladie de l’œdème à partir des nœuds lymphatiques mésentériques. « Saluons à cet égard l’avant-gardisme de notre confrère Hervé Morvan », a souligné Guy-Pierre Martineau. Deux lots (A et B) de onze porcelets sont donc inoculés par voie orale avec 2 x 1011 CFU d’Escherichia coli O139 F18 +, une souche productrice de toxine Stx2e (souche d’E. coli productrice de shigatoxine, ou STEC). Cette dernière est sensible à la colistine et résistante à l’ampicilline. De la colistine est administrée au lot A par voie parentérale, dans le but de prévenir la colonisation des nœuds mésentériques. Les résultats font apparaître l’absence de colonisation intestinale (point qui divise les scientifiques). En revanche, une multiplication intestinale équivalente a eu lieu dans les deux groupes (ce qui prouve que la colistine parentérale ne passe pas dans la lumière intestinale). Les nœuds lymphatiques mésentériques de tous les porcelets (A et B) ont été colonisés. Cliniquement, le lot A, traité, est beaucoup plus sévèrement atteint que le B (dix porcelets atteints de la maladie de l’œdème versus cinq, huit morts contre quatre). L’hypothèse postexpérimentale est que la lyse des STEC par la colistine a entraîné la libération massive de la toxine (elle n’est pas naturellement secrétée par la bactérie). Ces résultats sont à mettre en parallèle avec ceux de l’infection humaine par E. coli O157 : H7 (STEC), responsable de la colite hémorragique et du syndrome urémique hémolytique (HUS). En 2000, Wong et ses collaborateurs ont montré que le risque que l’infection progresse jusqu’au stade HUS s’élève à 50 % chez les patients traités avec des antibiotiques, au lieu de 8 % chez ceux qui ne sont pas traités.

  • (1) Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan.

  • (2) AVSO : Association des vétérinaires salariés de l’Ouest, SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

  • (3) Lucie Konstantinova et coll., Veterinary Microbiology, 2008, n° 128, pp. 160-166.

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