Congrès de l’American College of Veterinary Surgeons 2008
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Philippe Zeltzman
Le congrès de l’American College of Veterinary Surgeons (ACVS), du 23 au 25 octobre dernier en Californie, a permis d’aborder la paralysie du larynx, les polypes auriculaires ou encore les plaies ouvertes.
MaryAnn Radlinsky (université de Géorgie) s’est penchée sur la fonction du pharynx, de l’œsophage et des nerfs périphériques chez les chiens atteints de paralysie du larynx. Des études électromyographiques indiquent que la vitesse de conduction est réduite dans les nerfs tibial et péronéen, ce qui impliquerait une polyneuropathie. La sensibilité de l’épiglotte semble aussi être affectée. Certains chiens présentent un œsophagogramme anormal, avec un transit ralenti de l’aliment baryté dans le pharynx ou l’œsophage cervical. Une lésion du nerf vague pourrait être en cause.
Eric Monnet (université du Colorado), de son côté, a passé en revue quelques points importants du diagnostic et du traitement de la paralysie du larynx. Ainsi, il convient de ne pas confondre une motilité paradoxale avec un fonctionnement normal. Lors de dyspnée importante, les cartilages aryténoïdes peuvent être aspirés médialement et pourraient donner l’apparence d’une fonction laryngée normale. Lors de doute sur le diagnostic, il est recommandé d’injecter du doxapram (2,2 mg/kg par voie intraveineuse), qui stimule le centre respiratoire et la fonction laryngée (voir photo). En ce qui concerne le traitement chirurgical, la latéralisation crico-aryténoïde doit être unilatérale. La chirurgie bilatérale augmente le risque de pneumonie par aspiration de manière inacceptable. La trachéostomie doit être utilisée en dernier recours en phase préopératoire, car elle accroît le taux de complications, notamment de pneumonie par aspiration. La tension exercée sur les sutures crico-aryténoïdiennes est un compromis. Le conférencier préfère une tension plus faible, donc une ouverture laryngée moindre, afin de réduire le risque de pneumonie.
Jonathan McAnulty (université du Wisconsin) a présenté une étude comparative entre l’ablation de la citerne, de Pecquet (groupe 1, soit douze chiens) et la péricardectomie (groupe 2, soit onze chiens) pour le traitement du chylothorax. Dans les deux cas, le canal thoracique est en outre ligaturé. Parmi les chiens qui survivent, le taux de résolution est de 83 % dans le premier groupe et de 60 % dans le second.
Le chylothorax récidive dans quatre cas : tous présentent de nouveaux vaisseaux lymphatiques qui contournent la ligature du canal thoracique. L’auteur conclut que l’ablation de la citerne de Pecquet, associée à la ligature du canal thoracique, confère les meilleurs résultats.
Antoine Dunie-Merigot, résident en chirurgie au centre hospitalier vétérinaire Fregis (Arcueil, France), a présenté une nouvelle technique de raccourcissement du voile du palais à l’aide d’un laser CO2. Celui-ci diminue l’hémorragie par rapport au laser diode et au bistouri électrique. La localisation de l’incision est plus crâniale que ce qui est traditionnellement décrit, ce qui résulte en une ligne incurvée entre les amygdales. En outre, le laser CO2 permet de réduire le temps chirurgical et l’incidence de complications. Au final, le pronostic est jugé excellent dans 80 % des cas et bon chez 20 % des animaux.
Trent Gall, résident à l’université du Colorado, a présenté une étude sur la pression générée par différents systèmes courants de rinçage des plaies ouvertes. Le but du rinçage est de se débarrasser des impuretés et des bactéries à la surface de la plaie. Il faut donc vaincre diverses forces : capillaire, moléculaire et électrostatique. Comment générer une pression suffisante ? Percer des trous dans le bouchon d’une bouteille ou d’une poche de sérum physiologique ne suffit pas. De nombreux praticiens utilisent une seringue de 35 ml et une aiguille afin d’injecter du liquide stérile sous pression. D’une part la taille de l’aiguille importe peu (contrairement à ce que suggèrent les formules de physique des fluides), d’autre part la pression générée varie beaucoup selon l’opérateur. En outre, cette pression est tellement élevée que des lésions tissulaires sont créées. Le moyen le plus fiable est l’utilisation d’une poche à pression (voir photo), une poche à perfusion, une tubulure de perfusion et une aiguille. La pression devrait être maintenue à 300 mm Hg.
Catriona McPhail (université du Colorado) a passé en revue les options thérapeutiques des polypes inflammatoires de l’oreille du chat. Le traitement classique met en œuvre une ostéotomie ventrale de la bulle tympanique, mais le traitement semi-conservateur semble souvent donner de bons résultats. Il s’agit d’exciser le polype par traction (voir photo), puis de donner de la prednisolone par voie orale : 1 à 2 mg/kg/j pendant deux semaines, puis la moitié de la dose pendant sept jours, puis la moitié de la dose un jour sur deux pendant dix jours.
Nicole Ehrhart (université du Colorado) a fait le point sur les différents types de tumeurs de la graisse, bénignes ou malignes. Une simple ponction à l’aiguille fine permet de différencier un lipome d’un liposarcome. Elle conseille l’excision d’un lipome simple s’il dérange l’animal ou le propriétaire, ou si sa croissance est rapide.
Un lipome infiltrant a un comportement invasif, à tel point que la récidive est fréquente après l’excision. Bien qu’il s’agisse d’une tumeur bénigne, la radiothérapie peut aider à contrôler la croissance.
Pierre Guillaumot, résident en chirurgie au centre hospitalier vétérinaire Frégis (Arcueil, France), s’est penché sur l’art et la manière de réaliser une ostéotomie latérale de la bulle tympanique à l’occasion d’une ablation totale du conduit auditif chez trente-neuf animaux (vingt-huit chiens et onze chats). Parmi les complications figurent une paralysie du nerf facial (49 %), temporaire dans 92 % des cas ; un syndrome de Claude-Bernard Horner (24 %), temporaire dans 95 % des cas ; un syndrome vestibulaire (10 %), temporaire dans 97 % des cas. Trois animaux présentent une infection à long terme, qui est résolue par une seconde intervention. Ces résultats suggèrent qu’une ostéotomie généreuse de la bulle tympanique serait indiquée pour réduire l’incidence d’infection.
De nombreuses références indiquent que la seule présence d’un drain de thoracostomie génère 2 ml/kg/j de liquide d’effusion, c’est-à-dire indépendamment de l’affection sous-jacente. Selon Géraldine Hunt (université de Sydney, Australie), ce chiffre souvent cité n’a en fait jamais été démontré scientifiquement.
Heidi Hottinger, chirurgienne à la clinique Gulf Coast Veterinary Specialists (Houston, Texas, Etats-Unis), a présenté une modification surprenante de l’urétrostomie périnéale chez le chat. Elle la réalise avec l’animal en position dorsale. La position classique est celle dite périnéale, avec le chat en décubitus ventral, la tête inclinée vers le bas. Les avantages incluent une meilleure ventilation pulmonaire de l’animal, une meilleure visualisation du site opératoire et l’inutilité de repositionner le chat si une cystotomie est nécessaire.
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