Michel Barnier apporte à l’industrie « un témoignage de reconnaissance »

Le 9 décembre, le ministre de l’Agriculture s’est rendu sur le site de production de Merial, Porte des Alpes, dans la proche banlieue lyonnaise. Ce site industriel, dont l’aménagement sera achevé en 2010, est le plus important du groupe pour la production de vaccins. Il fabrique notamment celui contre le sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine. Réunie autour de notre confrère Jean-Louis Crosia, président du laboratoire, l’équipe dirigeante s’était mobilisée pour l’occasion, reflétant ainsi l’importance accordée par l’industrie à cette visite. Etaient également présents Patrick Dehaumont, de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), Gilles Aumont, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et Jean-Louis Hunault, du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire et réactif (SIMV), le maître d’œuvre de cette rencontre.

Des propos chaleureux à l’égard des industriels

Après une rapide présentation des activités de Merial et de son entité hexagonale, Merial SAS, première entreprise de santé animale en France et important exportateur (trois quarts du chiffre d’affaires), les discussions ont porté sur la stratégie de développement des vaccins contre la blue tongue. Actuellement, quatre vaccins inactivés et purifiés sont développés (2, 4, 9, 8), en cours de développement (16 et 1) ou en attente (le sérotype 6 sera développé selon l’évolution du terrain). Merial travaille aussi à l’augmentation de sa capacité de production.

Pragmatique, le ministre a interrogé la responsable des programmes FCO sur la disponibilité du vaccin mixte 1-8. Carolin Schumacher lui a indiqué que les résultats des tests d’efficacité du vaccin contre le sérotype 1 seront connus d’ici à quelques semaines, le développement d’un vaccin mixte exigeant ensuite un ou deux mois supplémentaires (Merial produit déjà le vaccin bivalent 2-4).

« Ma visite, même si elle est brève, est un témoignage de reconnaissance et de partenariat. » Le ministre a salué la réactivité du laboratoire et, à travers lui, de toute l’industrie du médicament vétérinaire. Elle a permis de faire face à la crise du sérotype 8 durant laquelle, selon le ministre, « l’agriculture n’est pas passée loin de la désespérance ».

« L’industrie est le quatrième pilier de l’action sanitaire », a insisté Jean-Louis Hunault dans son allocution, qui a également mis l’accent sur l’importance économique de l’industrie du médicament vétérinaire en France, notamment pour les exportations (plus de 700 millions d’euros de chiffre d’affaires). Le président du SIMV a aussi attiré l’attention du visiteur sur le Réseau français pour la santé animale (RFSA)⁽¹⁾, créé il y a un an, qui réunit les parties prenantes de la santé animale et a l’ambition de renforcer les partenariats entre secteurs public et privé. « Le plan d’action qui va prochainement découler de nos travaux compte sur l’appui politique de votre ministère. »

« Les quatre piliers sont nécessaires, a confirmé le ministre. Je serai attentif aux projets que vous présenterez au titre du SIMV. » Rappelant qu’il avait été quelques mois vice-président du groupe Mérieux, Michel Barnier a aussi tenu des propos chaleureux à l’égard des industriels : « Vous avez devant vous un ministre qui s’intéresse aux entreprises. Il y a ici, à Lyon, l’opportunité d’un pôle national de santé animale, et avec lui la capacité d’écrire l’une des pages importantes de l’agenda de Lisbonne⁽²⁾. Je vous y aiderai. » « Ce que vous faites ici démontre que quand on parle d’agriculture, cela veut dire technologie, recherche et innovation. » Une remarque que les industriels ont appréciée.

Développer des réseaux à l’échelle mondiale pour améliorer la prévention

« Qu’est-ce que vous attendez des pouvoirs publics ? Est-ce que vous avez besoin de signaux pour travailler sur tel ou tel vaccin ? », a interrogé avec ingénuité le ministre. « Vous avez une heure devant vous ? », l’a questionné en retour Carolin Schumacher, après un silence embarrassé. Il ne l’avait malheureusement pas. Ce manque de temps souligne d’autant mieux les méandres soulevés par la question ministérielle. Notre confrère Bruno Jactel, responsable du marketing stratégique mondial, a rapidement insisté sur la nécessité de développer les réseaux à l’échelle internationale pour améliorer la prévention. Michel Barniera approuvé, évoquant notamment l’opportunité de l’alliance pour la Méditerranée dans l’objectif de développer les partenariats Nord-Sud.

Mais déjà la séance était levée et le TGV s’impatientait. Lunettes de protection chaussées, la rencontre s’est achevée par une visite au pas de course du bâtiment 401 de mise sous forme pharmaceutique.

• (1) www.rfsa.net

• (2) L’agenda de Lisbonne désigne l’axe de politique économique et de développement de l’Union européenne entre 2000 et 2010, avec pour objectif de devenir « l’économie de la connaissance la plus compétitive et dynamique du monde ».