Naturaceutique. Parce que la médecine naturelle peut être scientifique
Actualité
Auteur(s) : Eric Vandaële
Ils sont trois confrères de la même promotion : Lyon 1980. Et tous trois ont décidé de fonder une nouvelle société, Arcanatura. Un petit fournisseur de plus qui surfe sur la vague des produits “bio”, direz-vous ? Pas seulement. La vision inédite qu’ils développent dans cette nouvelle société mérite attention, bien au-delà du premier produit dont ils débutent la commercialisation en France, Copronat®, contre la coprophagie et les flatulences.
Marc Nodet est chargé du développement clinique des nouveaux produits d’Arcanatura. Ancien assistant de physiologie, il est toujours praticien mixte dans l’Hérault.
Xavier Fargetton, diplômé en pharmacologie, est un ancien cadre et dirigeant de Smithkline Beecham, Merial, Biomérieux. Il est aussi directeur exécutif d’un organisme non gouvernemental (GALVmed) dont l’objectif est d’apporter des médicaments vétérinaires aux filières animales des pays en développement en Afrique, Asie ou Amérique latine. C’est le directeur général de la nouvelle société basée en France. Serge Martinod a fait sa carrière dans les centres de recherche des laboratoires pharmaceutiques (Ciba-Geigy, Smith Kline Beecham, Pfizer, etc.). Basé aux Etats-Unis sur un campus universitaire, il est le directeur scientifique d’Arcanatura.
Arcanatura est née d’un triple constat. D’abord, les propriétaires d’animaux, comme tous les citoyens, sont de plus en plus sensibilisés aux “produits naturels” pour leur propre santé, comme pour celle de leurs compagnons. Ensuite, face à cette demande, les produits “bio” ou “phyto” qui sont déjà commercialisés ne disposent pas (ou rarement) d’études cliniques multicentriques. Enfin, ces produits biologiques ne sont pas réellement 100 % naturels, car leurs excipients, leurs adjuvants ou leurs conditionnements en plastique sont souvent des produits de synthèse chimique pas toujours naturels ou recyclables…
Le concept d’Arcanatura repose alors sur trois principes innovants. Le premier est celui d’une « allopathie naturelle » fondée sur des produits qui ne contiennent aucun dérivé du pétrole, ni dans les principes actifs, ni dans les excipients ou les adjuvants. Et c’est parfois un casse-tête pour que l’ensemble de la formulation soit « 100 % naturelle », avoue Serge Martinod. Même si la plupart des principes actifs d’Arcanatura sont extraits des plantes, Serge Martinod préfère le terme d’allopathie naturelle à celui de phytothérapie, trop galvaudé et synonyme de médecine douce à l’efficacité décevante. Pour la recherche des extraits végétaux, la société développe des partenariats avec la Colombie, le deuxième pays au monde pour sa biodiversité et qui cultive de longue date une large variété de plantes médicinales.
Le second principe est celui de la démonstration scientifique rigoureuse de cette efficacité par des études cliniques multicentriques. En d’autres termes, l’efficacité d’un produit naturel ne doit pas être moins bien étayée que celle des médicaments de synthèse. De même, du côté de l’innocuité, le fait de s’afficher avec des extraits végétaux n’est pas une garantie suffisante de parfaite tolérance. Il convient aussi de faire les tests pour le démontrer. Le troisième principe est plus éthique que médical : il s’agit d’inscrire Arcanatura dans les principes du développement durable, de protection de l’environnement et de commerce équitable. Cela conduit ainsi la jeune société à retenir des flacons en aluminium recyclables plutôt qu’en plastique.
Arcanatura est encore au stade embryonnaire. Du côté marketing, elle a identifié trois catégories de produits susceptibles d’entrer dans cette démarche. Les antiparasitaires externes, contre les puces et les tiques, représentent le marché le plus prometteur chez les animaux de compagnie. Serge Martinod “rêve” aussi à un produit naturel réellement efficace contre la dermatite estivale du cheval.
Les produits d’hygiène, shampooings dermatologiques entre autres, sont le deuxième axe développé. Début 2009, les deux premiers shampooings (physiologique et prurit) seront commercialisés. Le shampooing prurit, à base de Calendula officinalis (le souci), d’Urtica dioica (l’ortie qui se révèle antiprurigineuse) et d’Hyptis capitata s’est révélé efficace pour traiter des dermatites prurigineuses sévères dans des études non comparatives menées chez quarante chiens. Des études cliniques comparatives avec d’autres shampooings concurrents sont en cours.
Le troisième axe est celui des produits “naturaceutiques”, comme Copronat®. A base de Yucca schidigera, une plante mexicaine riche en saponines et polyphénols (resveratrol et yuccaols), la solution orale (2,5 ml/10 kg à mélanger dans la nourriture) lutte contre la coprophagie en rendant inappétentes les fèces des animaux traités. Il convient donc de traiter tous ceux du foyer et non pas le seul animal coprophage. Contre les flatulences malodorantes, ces substances végétales n’empêchent pas les fermentations digestives et donc les flatulences, mais neutralisent les composés aromatiques malodorants (dérivés sulfures). 6 % des propriétaires sont gênés par les flatulences de leur animal, sans toutefois que cela constitue un motif de consultation.
La stratégie commerciale d’Arcanatura repose aujourd’hui sur une distribution par les vétérinaires. Les centrales ont ou sont en train de référencer les premiers produits.
Pour le développement clinique de ces produits, Arcanatura aura besoin de la collaboration de vétérinaires praticiens. Le Centre international de pharmacognosie et de pharmacologie vétérinaire (ou Cippav) a ansi été créé pour sélectionner les confrères intéressés par cette démarche différente(1) et les former à la réalisation de ces études.
(1) Renseignements et inscription sur le site arcanatura.com
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