Anesthésie chez les espèces sauvages
Formation continue
FAUNE SAUVAGE ET NAC
Auteur(s) : Norin Chai
Combinée à la kétamine, elle entraîne un bon niveau de sédation, idéal pour des procédures mineures.
La dexmédétomidine est l’énantiomère optique actif et responsable des effets pharmacologiques recherchés de la médétomidine. Cette molécule est le sujet d’études cliniques extensives chez l’homme. Elle est largement utilisée en médecine humaine comme agoniste adrénergique réversible, avec de forts pouvoirs analgésiques, anxiolytiques et sédatifs. Elle agit spécifiquement et sélectivement sur les récepteurs α2-adrénergiques, avec un ratio de 1 600/1 par rapport aux récepteurs α1-adrénergiques. Grâce à cette haute sélectivité, la dexmédétomidine offre une plus grande activité sédative et analgésique avec moins de dépression cardiovasculaire qu’un agoniste α1-adrénergique. La première étude comparative publiée avec la dexmédétomidine sur des animaux sauvages remonte à 2004 et concerne des tamarins à tête dorée (voir encadré). Il n’existe pas pour le moment de publications sur son utilisation extensive chez les animaux sauvages et exotiques. Plusieurs essais ont été effectués en 2008 sur une grande variété d’espèces au sein de différents parcs zoologiques français.
Dix-neuf guépards (Acinonyx jubatus) captifs au Cheetah Conservation Fund(CCF),en Namibie, sont immobilisés pour un examen annuel. Les animaux reçoivent un mélange par voie intramusculaire de dexmédétomidine et de kétamine, à des posologies respectives variant de 12,8 à 22,5 mg/kg (dose moyenne de 17,4 ± 3,02 mg/kg) et de 4,2 à 5,9 mg/kg (dose moyenne de 5,01 ± 0,56 mg/kg). La sédation, l’analgésie et la relaxation musculaire sont évaluées subjectivement. La surveillance indirecte de la pression sanguine, ainsi que les mesures de la température, des fréquences cardiaques et respiratoires et de capnométrie, sont effectuées toutes les cinq minutes pendant une heure.
Les gaz sanguins sont analysés durant les quinze premières minutes après l’injection initiale. Au bout d’une heure, les guépards sont mis sous isoflurane après une intubation endotrachéale. A la fin de chaque procédure, l’effet sédatif est reversé avec l’injection intramusculaire d’atipamézole, à dix fois la dose initiale de dexmédétomidine. La combinaison dexmédétomidine-kétamine entraîne une induction rapide et souple avec un bon niveau de sédation, idéal pour les procédures mineures et les transports.
Cependant, les paramètres cardiovasculaires sont similaires à ceux observés avec le mélange médétomidine-kétamine. La fréquence cardiaque moyenne est légèrement supérieure avec l’association dexmédétomidine-kétamine par rapport au mélange médétomidine-kétamine, mais sans différences statistiquement significatives. Deux guépards montrent une bradycardie et quelques individus des contractions ventriculaires prématurées, observées sur l’électrocardiogramme. Les doses d’isoflurane nécessaires pour maintenir l’anesthésie sont deux fois moins importantes que celles nécessaires pour les guépards induits avec le mélange médétomidine-kétamine. Les réveils sont subjectivement plus rapides avec le mélange dexmédétomidine-kétamine, comparé à l’association médétomidine-kétamine.
La dexmédétomidine, en combinaison avec la kétamine, se révèle ainsi une alternative sûre pour l’immobilisation de guépards captifs. Cependant, même si les effets cardiorespiratoires et cliniques de la dexmédétomidine ne diffèrent pas significativement des mélanges médétomidine-kétamine, des bradycardies plus faibles et des temps de réveil plus courts font du mélange dexmédétomidine-kétamine une combinaison plus pertinente que le mélange médétomidine-kétamine.
Source : conférence de C.R. Sanchez lors du congrès annuel de l’American Association of Zoo Veterinarians, du 11 au 17 octobre 2008 à Los Angeles, Californie. Voir bibliographie sur le site www.wk-vet.fr (rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”).
Une étude comparative des effets cardiovasculaires, respiratoires et anesthésiques des mélanges médétomidine-kétamine (respectivement 20 µg/kg et 10 mg/kg) et dexmédétomidine-kétamine (respectivement 10 µg/kg et 10 mg/kg) est étudiée chez le tamarin à tête dorée (Leontopithecus chrysomelas). Une diminution de la fréquence cardiaque est observée avec les deux associations, bien que statistiquement plus importante pour la dexmédétomidine-kétamine après quinze et quarante-cinq minutes. La pression artérielle diastolique, la pression artérielle moyenne, la fréquence respiratoire et la température rectale diminuent progressivement de façon similaire. Le mélange dexmédétomidine-kétamine induit un temps de sédation significativement plus court, mais un temps d’anesthésie significativement plus long. La qualité de l’anesthésie et les cotations analgésiques sont significativement plus élevées à cinq et quinze minutes pour le mélange dexmédétomidine-kétamine, par comparaison avec la combinaison médétomidine-kétamine. L’administration de dexmédétomidine-kétamine est, dans tous les cas, aussi efficace que celle de médétomidine-kétamine chez le tamarin.
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