Congrès. Edition parisienne des journées européennes de la buiatrie
Actualité
Auteur(s) : Béatrice Bouquet
Cent cinquante buiatres se sont “gorgés” du sang des bovins.L’an prochain, ils s’inviteront à Marseille.
Les buiatres sont comme leurs éleveurs : moins nombreux, mais toujours plus pointus. Les journées 2008 de la Société française de buiatrie (SFB) ont été marquées par un retour aux salons de l’Aveyron à Paris, après une escale à Alfort l’année précédente. Cependant, « c’est la dernière fois », précise Hervé Navetat, jeune retraité toujours actif au sein de la société qu’il a longtemps présidée. L’an prochain, la buiatrie française cherchera de nouveau à attirer à elle le dynamisme de ses homologues européens en optant pour le soleil de Marseille (Bouches-du-Rhône), du 1er au 3 décembre. Le grand retour d’une exposition commerciale et une traduction en anglais, voire en italien, sont annoncés. Le succès du congrès mondial de la buiatrie en 2006 à Nice (Alpes-Maritimes) et l’éloignement des prochaines éditions internationales (à Santiago du Chili du 14 au 18 novembre 2010, puis en Australie en 2012) participent sans doute à ces ambitions de rayonnement français.
Les organisateurs de la dernière édition parisienne n’ont peut-être pas su mettre suffisamment le sang à la bouche des vétérinaires. Pourtant, ceux qui ont assisté aux journées 2008 sont ressortis gorgés à souhait d’hématologie et de biochimie des bovins. Le blue tongue virus (BTV), célèbre agent de la vasculite qui circule actuellement en Europe, a quant à lui fait l’objet d’un symposium en marge du congrès, organisé par Merial(1).
Si la buiatrie n’a pas peur de marier recherche et pratique courante en rurale, elle ne se fait pas non plus un obstacle du caractère incontournable de la langue anglaise en sciences (traduction simultanée). La présence de Peter Constable pour deux exposés, mais aussi dans l’assistance tout au long des deux jours, résume assez l’esprit buiatre. L’éminent chercheur, qui exerce aux Etats-Unis, a présenté l’historique de ses découvertes sur l’évaluation du statut acido-basique du bovin, dont les complexes équations d’Henderson-Hasselbach, pierre d’achoppement des traducteurs et des “réhydrateurs”. Il a aussi savamment simplifié l’abord hématobiochimique de l’endotoxémie (mammite colibacillaire notamment). Il a surtout éclairé les séances de questions de réponses “assises” sur l’expérimentation. Mammite toxinique : Gram positif ou négatif ? L’hématologie peut fournir la réponse : « Je n’ai jamais vu de mammite à Gram positif qui donne un effondrement des neutrophiles », explique-t-il. « Comment interpréter une urémie effondrée lors de mammite à E. coli ? », l’interroge un congressiste. « Cela caractérise une intervention tardive… », souligne le chercheur.
Les autres intervenants américains – sélectionnés sur leur francophilie – ont proposé des exposés didactiques protéiformes : Meredyth Jones, professeur à l’université du Kansas, a présenté deux séances de cas cliniques, plutôt qu’un long exposé théorique sur l’hématologie du bovin. Allan Roussel ou Wolfgang Klee ont exposé leurs réflexions pathophysiologiques autour du caractère arbitraire des normes, à la place d’un fastidieux commentaire de tableau de seuils ou d’indicateurs métaboliques.
Les nostalgiques de la pédagogie vétérinaire à la française n’étaient pas en reste. Les enseignants des quatre écoles s’étaient partagé le travail sur les “incontournables” : l’anémie du jeune (Marie-Anne Arcangioli, ENV de Lyon), les hémobactérioses (par l’actuel président de la SFB, Renaut Maillard, de l’ENVA), les babésioses (Alain Chauvin, ENVN), les ictères (Alain Douard, ENVN), les hypocalcémies et autres déviances de l’homéostasie (François Schelcher ENVT), etc.
La buiatrie n’a pas oublié de tendre le micro aux jeunes chercheurs pour illustrer des avancées concrètes. Ainsi, Didier Raboisson (avec François Schelcher) a exposé le fruit de ses questionnements scientifiques sur les indicateurs métaboliques usuels du sang et du lait chez les vaches laitières. La lecture des taux du lait ne doit pas être trop simpliste, et s’il n’y a que deux analyses à effectuer pour le déficit énergétique, ce sont les dosages du ß-hydroxybutyrate et des acides gras non estérifiés sanguins…
Fabien Corbière a exposé les résultats de son analyse statistique des données d’Hervé Navetat sur l’acidose lors de diarrhées du veau.Or, « avant l’âge de cinq jours, les veaux sont moins souvent déshydratés et plus souvent en alcalose ! ».
Sébastien Assié et Frédéric Lemarchant ont présenté leurs travaux avec le jeune résident nantais Edouard Timsit sur les protéines marqueurs de l’inflammation d’une part, le syndrome de la toux d’été d’autre part (le dénombrement des éosinophiles avec un seuil de 2,0 x 109 arbitrairement choisi pourrait être pertinent pour le diagnostic de cette affection).
Côté “savoir-faire”, notre confrère du Cantal Olivier Salat a présenté sa méthode de transfusion chez le bovin : « Un bidon plastique de 5 l, un bon trocard à saigner, une petite enveloppe de poudre… de citrate, cela suffit. »
Quant à Frédéric Rollin (faculté de Liège), il a dressé l’inventaire de sa “caisse à outils” pour l’examen paraclinique hématobiochimique du bovin. « Le réfractomètre trouve sa place aux côtés du stéthoscope et du thermomètre », a-t-il notamment insisté.
Les congressistes bulgares, algériens, américains, belges, etc., sont finalement repartis éclairés par les lumières françaises, en cette fin décembre, dans la capitale.
(1) Voir Le Point Vétérinaire n° 292 : « Transmission orale, sérotype 6 et essais “culicoïdes” : la FCO s’invite aux congrès ».
(2) Une version francophone accessible au praticien est publiée dans le Point Vétérinaire, 2008, vol. 39, n° 285, pp. 11-12, 16-17 et 47-50.
A l’issue de la première journée de conférences, Merial a remis à notre confrère Julien Thiry, assistant de recherche en virologie à Liège (Belgique), le prix Jacques Espinasse 2008. Ses travaux récompensés portent sur « le rôle épidémiologique des ruminants et des herpèsvirus de ruminants apparentés à l’herpèsvirus bovin 1 dans le contrôle de la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) »(2).
B. B.Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire