Les jeunes poulains sont particulièrement sensibles à la salmonellose

Les jeunes chevaux sont plus sensibles aux infections par les salmonelles, probablement en raison d’une microflore intestinale moins développée que chez les adultes. La source d’infection est un autre cheval, principalement la mère porteuse asymptomatique pour le jeune poulain. La parturition constitue un stress pour la jument qui peut précipiter l’excrétion de salmonelles, malgré des cultures fécales négatives pendant la gestation. De plus, pendant le stade 2 de la mise bas, l’émission de crottins est inévitable, si bien que les membranes fétales, le périnée de la jument et sa mamelle sont contaminés. Lorsque le foal cherche à téter peu après la naissance, il absorbe les bactéries fécales.

L’expression clinique de la salmonellose est variable et le diagnostic parfois laborieux

Il existe des mécanismes de défense spontanés au sein de l’organisme contre les bactéries ingérées : l’acidité gastrique, la compétition avec les autres bactéries de la microflore intestinale, le péristaltisme, le mucus intestinal et la lactoferrine. Mais si les salmonelles parviennent jusqu’aux entérocytes, elles accèdent à la lamina propria et engendrent une réponse inflammatoire. Les entérotoxines produites par les salmonelles (les cytotoxines) et la réaction inflammatoire locale induisent des pertes de fluides par l’épithélium intestinal.

Les salmonelles libres, mais aussi phagocytées, se déplacent dans l’organisme via les vaisseaux lymphatiques, jusqu’aux nœuds lymphatiques et la circulation générale. En raison de la perméabilité intestinale transitoire chez le poulain nouveau-né, del’immaturitédelaréponse immunitaire à médiation cellulaire et du système du complément, les jeunes poulains sont prédisposés à développer une salmonellose généralisée, soit une bactériémie et une septicémie. Chez le poulain, des salmonelloses atypiques, qui se présentent cliniquement par une fièvre inexpliquée en l’absence de diarrhée, sont possibles.

Lorsqu’ils s’expriment, les signes cliniques varient donc d’une légère entérite à un choc septicémique fatal (avec ou sans diarrhée).

En outre, les infections inapparentes sont fréquentes. Les chevaux porteurs ne sont pas cliniquement atteints, mais une salmonellose clinique peut apparaître à la suite d’un stress au sens large (gestation, transport, changement d’alimentation, anesthésie, chirurgie, etc.) et/ou de l’administration d’une antibiothérapie. Le diagnostic de certitude d’une salmonellose repose sur l’identification de la bactérie à partir d’une culture fécale ou d’une hémoculture (chez le poulain). Toutefois, comme l’excrétion fécale des salmonelles est intermittente et la sensibilité de la technique plutôt basse (30 à 50 %), il faut souvent prélever 10 g de crottin une fois par jour au minimum pendant trois à cinq jours consécutifs avant de détecter la bactérie, ce qui rend le diagnostic coûteux. La culture simultanée d’une biopsie rectale chez le cheval adulte permet d’améliorer nettement les chances de détection des salmonelles. De même, en présence d’un tableau clinique évocateur de la maladie, un résultat positif lors de la réalisation d’une polymerase chain reaction (PCR) sur crottin constitue une technique rapide et plus sensible que la coproculture.

Le traitement ne permet pas l’éradication des porteurs chroniques

Le traitement principal lors d’entérite à salmonelles vise à maintenir un état d’hydratation adéquat et un équilibre électrolytique et acido-basique. Une antibiothérapie systémique est toujours à administrer chez le poulain en regard des risques de septicémie. En général, les salmonelles sont sensibles aux combinaisons de triméthoprime et de sulfamides, aux céphalosporines, à la gentamicine et aux fluoroquinolones.

Chez l’adulte, l’antibiothérapie n’est indiquée qu’en cas de risque de dissémination du sepsis intestinal. L’administration d’antibiotiques adaptés ne permet pas d’accélérer l’évolution de la diarrhée et n’empêche pas l’excrétion des salmonelles par le cheval malade. L’accent doit être mis sur la prévention, particulièrement pour les nouveau-nés. Avant tout contact avec la mère, il est conseillé de laver la mamelle et le périnée, et d’administrer du colostrum maternel par intubation naso-gastrique (180 à 250 ml).

Idéalement, la jument et son poulain doivent être changés de box après la naissance, afin de le désinfecter. Toute matière organique est à supprimer (crottins, fourrage) et un désinfectant efficace contre les entérobactéries doit être appliqué sur le sol et les parois (ammoniums quaternaires, composé phénolique).

Les chevaux ou les poulains qui excrètent des salmonelles sont mis à l’écart des autres chevaux. Le temps d’isolement requis pour que le cheval ne soit plus une source de contamination pour l’environnement est imprévisible. En effet, les salmonelles sont excrétées de quelques jours à plusieurs années. La seule méthode pour préciser au mieux la durée de la quarantaine est de soumettre le crottin de l’animal affecté à une culture fécale. Un cheval peut être considéré comme non excréteur lorsque cinq cultures sur cinq prélèvements différents (un par jour au maximum) sont négatives. Environ 60 % des adultes qui ont guéri d’une salmonellose clinique (entérocolite) présentent des cultures fécales négatives trente jours après la guérison et 95 % des résultats sont négatifs après quatre-vingt-dix jours.

• Source : Nathan Slovis : « My horse has Salmonella, now what ? », proceedings of the North American Veterinary Conference, 13-27/1/2007, Orlando, Floride.