Entre nous
FORUM
Sur le fond, je trouve le système des chaînes de cliniques franchisées dangereux, car le vétérinaire n’est plus libre de sa prescription et le service rendu au client ne peut plus être le même, notamment en termes de continuité des soins. Un praticien salarié d’une clinique franchisée fera 35 heures, sans plus, d’où deux solutions. La première consistera, pour la structure, à assurer un service 24 heures sur 24, avec un prix élevé pour garantir un salaire correct ou un tarif abordable, mais en rognant sur le salaire du vétérinaire (profession déjà mal payée à diplôme équivalent !). La deuxième option sera de se contenter de faire de “l’audit”, avec des bilans sanitaires et la fourniture de médicaments. C’en sera fini de la vraie présence sur le terrain et de la veille sanitaire pour laquelle nos politiques nous caressent dans le sens du poil ! Si cela peut s’appliquer aux filières porcs ou volailles, où la perte de quelques animaux est sans importance, est-ce envisageable pour les bovins allaitants, comme cela se fait pour les charolais au Canada ? Il faudra alors dire adieu à l’obstétrique qui nous fait vivre ! Il est sans doute possible de se passer de la présence permanente d’un vétérinaire à quelques kilomètres si la prévention est bien mise en place, mais c’est une tout autre façon de fonctionner. Pourquoi ne pas l’envisager à l’avenir ? Nos jeunes n’ont plus envie de travailler 80 heures par semaine comme nous l’avons fait et sont tentés par le salariat, plus “confortable”. Mais si la majorité d’une profession devient salariée, elle n’est plus maîtresse de son avenir et les financeurs décideront pour elle. Je ne crois pas que ce soit le destin de notre métier, qui est fondamentalement libéral.
La perspective de franchises suscite, bien entendu, de nombreuses inquiétudes. Il y a d’abord le danger d’un déséquilibre entre les cliniques franchisées et les autres. Le simple fait d’appartenir à une “enseigne” constituera une publicité qui défavorisera les structures qui n’en font pas partie. De plus, qui dit franchise dit rentabilité, soit une augmentation des coûts. Le niveau financier supérieur devra se payer quelque part. Le système anglais le montre, avec des prix d’appel bas qui flambent au moindre problème. Existe également le risque de voir apparaître des pôles hospitaliers qui monopoliseront l’activité en installant autour d’eux un réseau de structures annexes où des vétérinaires sous-payés se chargeront des actes courants et leur renverront le reste. Peut-être est-ce ce que le consommateur demande, mais ce n’est pas ma vision de la profession.
En dépit de ces dangers, mon point de vue a évolué. Je reste partagé, car je reconnais que je ne verrais pas d’un mauvais œil de ne plus subir au quotidien la pression exercée par la responsabilité de la gestion d’une structure. Se regrouper autour d’un certain mode de fonctionnement peut être avantageux. Tout dépend donc de ce qu’on entend par franchise et des garde-fous qui seront mis en place pour en limiter les effets pervers. Il est difficile de se prononcer à l’avance. Aujourd’hui, j’ai cependant le sentiment que la situation devient précaire pour beaucoup d’entre nous et que remettre en cause le fonctionnement actuel ne peut pas être que négatif.
L’ouverture du capital des cliniques à des non-vétérinaires ou à des vétérinaires extérieurs ne résout pas le problème des investissements en équine. Quel que soit celui qui investit, il faut un retour intéressant. Or d’importants investissements nécessitent une activité suffisante pour les rentabiliser, c’est-à-dire assez de vétérinaires. Plus nous sommes nombreux à utiliser une machine ou un bâtiment, plus cela sera rentable.
En termes d’investissements, deux volets sont à considérer : les machines et l’immobilier d’une part, les ressources humaines de l’autre. Les charges liées à ces dernières seront toujours les plus lourdes à supporter. Mais il ne faut pas se tromper de priorité : ce sont les hommes et les femmes qui permettront de réussir le pari. L’obtention d’une taille suffisante peut se faire via la croissance externe (regroupement de plusieurs structures) ou interne (agrandissement). L’historique des superstructures équines à l’étranger montre que leur croissance s’est presque toujours faite de façon interne. En effet, s’il est facile de juxtaposer des moyens sur le papier, faire fonctionner une équipe est plus ardu.
En dernier lieu, je trouve qu’il serait dommage de passer d’une activité libérale à une activité salariée. La connaissance du client nous permet d’établir une stratégie d’investissement réactive et rationnelle. Avoir une belle voiture, c’est bien ; être un bon conducteur, c’est mieux.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire