« Ma religion ne me dicte rien ! »

La Semaine Vétérinaire : Le fait d’être chrétien influence-t-il votre pratique quotidienne ?

Dr X (notre confrère a souhaité garder l’anonymat) : Ma religion ne me dicte rien ! Mes connaissances scientifiques sont la base de mon travail. Néanmoins, la religion chrétienne m’a appris le respect de la vie. L’euthanasie est donc toujours un acte qui me met mal à l’aise. Dans les faits, même lorsque le pronostic est sombre, je défends la possibilité de tenter de soigner l’animal. Et j’ai parfois de bonnes surprises. J’ai ainsi le souvenir d’un chien qui n’urinait plus, sans que je parvienne à en déterminer la cause. La propriétaire s’absentait un mois et elle n’envisageait pas de conserver l’animal ainsi à son retour. J’ai hospitalisé le chien et il a commencé à uriner de nouveau la veille du retour de sa propriétaire. Ce cas reste un mystère pour moi, mais il illustre bien ma conviction que nous ne connaissons ni ne maîtrisons pas tout.

S. V. : Votre religion inspire-t-elle votre approche des animaux, des propriétaires ?

Dr X : Je considère que les animaux sont des créatures de Dieu. Qu’ils bénéficient de soins évolués ne heurte pas mon éthique. Ma religion m’a aussi enseigné l’écoute et la compassion. J’essaie donc de comprendre au mieux la position et le rôle de l’animal de compagnie dans le foyer. Je propose des options thérapeutiques, mais je laisse finalement le choix au propriétaire d’aller plus ou moins loin dans le traitement. Je m’astreins également à une certaine moralité, en ayant des relations et des pratiques les plus honnêtes possibles. Mais l’honnêteté n’est pas réservée aux croyants ! Par principe, je soigne gratuitement les animaux des prêtres, des membres de la communauté religieuse.

S. V. : Votre clinique est-elle ouverte le lundi de Pentecôte ?

Dr X : Pour moi, il reste férié. Mais je ne ferme pas par conviction religieuse. Je suis simplement opposé au principe de travailler ce jour-là, car sa finalité première, en termes de solidarité avec les personnes âgées, n’est pas respectée.