Entretien avec un praticien de confession juive
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Auteur(s) : Agnès Faessel
Dr Y (notre confrère a souhaité garder l’anonymat) : A première vue, vétérinaire n’est pas un bon métier pour un juif ! En effet, par exemple, il nous est normalement interdit d’effectuer des castrations… Comme j’ai choisi ce métier – indépendamment de mes convictions religieuses –, je l’assume et, bien entendu, je réalise des castrations. Ma religion n’influence pas ma pratique quotidienne. Elle est plutôt dictée par mes connaissances médicales, un peu de bon sens, et les propriétaires, c’est-à-dire leurs décisions et leurs moyens financiers.
Dr Y : Je pense que la considération portée aux animaux, comme aux personnes, est indépendante de toute religion. C’est une question d’humanité, qui s’observe aussi chez des individus athées. En revanche, un juif considère que les revenus qu’il touche dans l’année sont déterminés par Dieu, au début de l’année juive. Cela me rend particulièrement philosophe quant aux impayés, aux remises, etc.
Dr Y : Le judaïsme proscrit de faire souffrir un animal. Par exemple, la chasse est interdite. En revanche, prendre soin des animaux, les soulager de la douleur est une obligation. Cela prévaut sur les lois relatives au shabbat, durant lequel le travail est prohibé. Il m’est donc possible de rompre le shabbat si besoin. En pratique, je travaille un samedi matin sur deux, en alternance avec mon associé (nous sommes fermés l’après-midi). S’il ne tenait qu’à moi, je fermerais totalement le samedi. Mais mon associé – qui est chrétien – tient autant à être ouvert qu’à ne travailler qu’un samedi sur deux. Malgré ma gêne, j’ai donc accepté le compromis. L’idéal serait d’embaucher un remplaçant pour les samedis.
Dr Y : Je ne pense pas. A l’exception d’un point : il apprécie d’autant plus que nous allions ensemble aux réunions professionnelles, surtout celles qui se concluent par un bon dîner. En effet, il s’assoit à côté de moi et comme je ne mange que de la nourriture casher, il a double ration !
Dr Y : Pour notre pâque, il nous est interdit de posséder du Hametz, c’est-à-dire cinq sortes de céréales, dont le blé, ni de faire profit de cette possession. Sur cette période, je ne m’interdis pas de vendre du pet food. Mais je restitue à mon associé ma part de rémunération liée à l’alimentation. La première année, j’ai beaucoup usé de salive en explication ! Et je fais don de la marge encaissée sur les ventes directes de pet food que j’ai effectuées… au denier du Culte. En effet, aucun juif ne peut bénéficier de cet argent. De même, en clin d’œil à ma croyance, je consens de larges remises pour les soins au chien du couvent voisin ou à celui d’un pasteur italien qui fréquente la clinique.
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