La formation “éleveur infirmier de son élevage” est un outil d’appui à la gestion sanitaire

L’objectif de la formation “éleveur infirmier de son élevage”, mise en place fin 2005, est « de former les exploitants à la gestion des risques sanitaires dans le domaine du traitement des animaux malades », a rappelé Anne Touratier, de la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (FNGDS), lors des quinzièmes Rencontres pour la recherche sur les ruminants, organisées à Paris les 3 et 4 décembre derniers. Initiée par la FNGDS en lien avec la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), elle est assurée par des intervenants formés : un animateur du GDS et, si possible, le vétérinaire traitant des élevages. Le praticien fournit les moyens de détection des animaux malades, ainsi que les éléments qui permettent de différencier les affections simples, celles qui nécessitent son avis et les urgences, et délivre des conseils d’utilisation des médicaments vétérinaires pour assurer à la fois la rentabilité économique et la protection du consommateur. La formation se déroule dans une exploitation pendant une journée, en présence d’une dizaine d’éleveurs. Elle associe des travaux pratiques et des échanges en salle. « Cela permet de s’appuyer sur des situations vécues au quotidien et de se placer dans la perspective d’un renforcement de la complémentarité du rôle de l’éleveur en tant qu’infirmier de son élevage et de celui du vétérinaire en tant que conseiller, prescripteur et intervenant dans les situations que l’éleveur ne peut pas gérer lui-même », souligne Anne Touratier.

Les éleveurs sont généralement satisfaits de ces formations

Une enquête réalisée par la FNGDS en 2007 auprès de l’ensemble des GDS de France montre le succès de cette formation, puisque 80 % des départements l’ont mise en place. Dans le quart d’entre eux, au moins 60 % des cabinets vétérinaires ont au moins un formateur. Plus la formation a été instaurée tôt, plus le nombre d’éleveurs formés est important (2,1 % dans les départements où elle a été engagée en 2007, au lieu de 7 % dans ceux où elle a débuté en 2005, voire avant). En revanche, il n’existe pas de relation nette entre le nombre d’éleveurs formés et le taux de cabinets comprenant un formateur. L’intérêt n’est donc pas forcément de disposer de nombreux vétérinaires formés, mais surtout de vétérinaires motivés pour dispenser les formations, même si l’idéal est d’avoir beaucoup de praticiens formés et motivés, cette action ayant pour vocation de toucher le plus d’exploitants possible.

L’enquête révèle par ailleurs que le niveau de satisfaction des éleveurs est bon à très bon dans 95 % des départements. Il n’a jamais été très mauvais, mauvais, ni même moyen.

Le renforcement des applications pratiques fait partie des modifications souhaitées

Les éleveurs apprécient particulièrement les parties pratiques en élevage, les échanges en petits groupes qui permettent le partage de leurs expériences, le contact et le dialogue ouvert et libre avec le vétérinaire, ainsi que la convivialité. Ils regrettent néanmoins la brièveté de ce volet pratique en exploitation et l’aspect trop théorique de celui sur les médicaments. Des améliorations seront donc à envisager pour rendre la formation sur les médicaments plus interactive, et renforcer la possibilité d’appliquer les enseignements dispensés dans la vie de tous les jours.

Un succès qui nécessite un engagement dans la durée

Tous les GDS souhaitent poursuivre les journées de formation, car elles renforcent leur présence auprès des éleveurs, ainsi que les liens avec les vétérinaires qui y participent. De plus, leur coût, pris en charge en grande partie par le fonds pour la formation des entreprises du vivant (VIVEA), est en rapport avec l’intérêt retiré. La rémunération du vétérinaire en représente à peu près le tiers.

Forts de cette expérience, les éleveurs et les GDS souhaitent à présent le développement de nouveaux modules de formation pour d’autres espèces que les bovins et sur des thèmes variés.

Pour ces différentes raisons, Anne Touratier estime que l’action de formation “éleveur infirmier de son élevage” est un succès, aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs, qui nécessite un engagement dans la durée.

« Ces résultats permettent de valider la formation des éleveurs comme un outil d’intérêt majeur dans l’amélioration de la maîtrise des risques sanitaires. » Ainsi que le souligne notre consœur, « le caractère interactif des formations, l’intérêt concret et pratique que les éleveurs y trouvent, la mobilisation importante des GDS, ainsi que l’implication des vétérinaires traitants apparaissent comme les principales explications de ce succès ».