La gazométrie est un outil de diagnostic fonctionnel du poumon - La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1346 du 06/02/2009

Mesure des gaz du sang

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Agnès Faessel

Elle évalue la ventilation et la qualité des échanges pulmonaires.

Pour Patrick Verwaerde, enseignant en anesthésie-réanimation, la gazométrie est un outil simple et utile pour évaluer la fonction respiratoire des animaux de compagnie (ventilation et échanges pulmonaires). Elle s’inscrit en complément des examens d’imagerie médicale, comme la radiographie, qui apportent des éléments étiologiques et lésionnels pour le diagnostic. L’analyse des gaz du sang permet d’évaluer la sévérité de l’atteinte, donc d’affiner le diagnostic et le pronostic, puis d’effectuer le suivi de la réanimation. « La gazométrie serait à systématiser face aux cas de détresse respiratoire », estime notre confrère.

Une ventilation normale ne signe pas l’absence de lésion pulmonaire

L’évaluation de la ventilation de l’animal se fonde sur la mesure de la pression partielle artérielle en dioxyde de carbone (PaCO2). Elle nécessite un prélèvement de sang artériel (voir encadré). « La PaCO2 est un excellent marqueur de la ventilation, car elle est peu influencée par la surface d’échange, contrairement à la pression partielle en oxygène. » La ventilation pulmonaire dépend de l’intégrité des voies aériennes, de la fréquence et de l’amplitude respiratoires, ainsi que de la fonctionnalité du poumon, elle-même liée à la fréquence respiratoire et au volume courant. « Aussi, prévient Patrick Verwaerde, la fréquence respiratoire ne permet pas, à elle seule, d’évaluer l’efficacité de la ventilation. » La mesure de la pression alvéolaire en CO2 par capnométrie est une alternative non invasive à celle de la PaCO2, car les résultats sont proches, sauf lorsque la perfusion du poumon est diminuée.

Une PaCO2 normale se situe entre 35 et 40 mmHg. En dessous de cette norme, l’animal est en hyperventilation. A l’inverse, un résultat supérieur indique une hypoventilation. Une ventilation normale n’exclut toutefois pas la présence de lésions du poumon. Ainsi, la baisse du volume courant (provoquée par un pyothorax, par exemple) peut être compensée par l’augmentation de la fréquence respiratoire.

Une hypoventilation signe le plus souvent la présence d’une atteinte pulmonaire, mais son importance n’est pas liée à la gravité des lésions. Elle peut aussi résulter d’une perte de l’intégrité de la paroi thoracique, d’une augmentation de la résistance à l’écoulement dans les voies respiratoires, d’une fatigue musculaire.

En outre, une hyperventilation n’est pas nécessairement la conséquence de lésions pulmonaires. Elle peut être observée à la suite d’un mécanisme physiologique de compensation lors d’atteinte cardio-vasculaire (hypotension, détresse circulatoire, hypoxémie anémique) ou en cas de stress, de gestation, d’acidose métabolique, de douleur, etc.

Le suivi du rapport PaO2/FiO2 permet d’évaluer l’évolution du cas

La qualité des échanges gazeux pulmonaires s’évalue par le degré de diffusion de l’oxygène au niveau du poumon. Celui-ci s’appuie cette fois sur la mesure de la pression partielle artérielle en oxygène (PaO2) et sur la fraction inspirée en oxygène (FiO2, d’environ 20 % si l’animal respire l’air ambiant). En effet, l’oxygène est peu soluble et sa diffusion, limitée, dépend beaucoup de la qualité de la surface d’échange pulmonaire et de la fraction inspirée en oxygène. Elle est en revanche assez peu impactée par une hypoventilation, même marquée.

En pratique, il convient de calculer le rapport PaO2/FiO2, dont le résultat est au-dessus de 4 chez l’animal sain. Un chiffre inférieur à 4 signale une anomalie. Contrairement à l’hypoventilation, la diminution de la diffusion de l’oxygène est proportionnelle à la gravité de l’atteinte pulmonaire. Des mesures répétées du rapport PaO2/FiO2 sont donc intéressantes dans le cadre du suivi de l’animal. Elles sont à différencier de celles de la saturation en oxygène du sang (SaO2), utilisées pour détecter un éventuel état d’hypoxémie, décider de la nécessité d’une oxygénothérapie et en vérifier l’efficacité. L’hypoxémie (insuffisance d’oxygène dans le sang) est à distinguer de l’hypoxie (apport insuffisant d’oxygène aux tissus). Une hypoxie peut survenir sans hypoxémie, lors d’affection vasculaire et non respiratoire, par exemple.

Selon Patrick Verwaerde, l’investissement dans le matériel nécessaire à la mesure des gaz du sang est intéressant pour les praticiens, d’autant que l’appareil réalise également d’autres analyses (ionogramme et diverses analyses biochimiques). Par ailleurs, le coût de chaque analyse dépend de celui des consommables (7 ou 8 € HT) en gazométrie.

Technique de prélèvement du sang artériel

Chez le chien ou le chat, le prélèvement de sang artériel peut s’effectuer au niveau de l’artère fémorale. Les “astuces” de Patrick Verwaerde sont :

— utiliser une aiguille fine (orange) ;

— reculer le piston de la seringue au préalable : la seringue se remplit immédiatement si l’aiguille pique l’artère et non s’il s’agit de sang veineux issu de la veine fémorale située à proximité ;

— palper l’artère avec deux doigts, puis piquer entre les deux en direction du premier.

Le prélèvement peut aussi être réalisé au niveau des artères métatarsiennes ou métacarpiennes. A défaut, il peut être effectué au niveau du réseau capillaire sublingual : la composition en gaz est alors proche de celle du sang artériel.

Un échantillon de 70 à 150 µ l de sang (sur héparinate de lithium) suffit.

A. F.

CONFÉRENCIER

Patrick Verwaerde, maître de conférences en anesthésie-réanimation à l’école de Toulouse.

Article rédigé d’après la conférence « La gazométrie, image fonctionnelle du poumon et de la ventilation », présentée à La Défense au congrès de l’Afvac.

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