La reproduction chez le cheval s’offre de nouvelles techniques de pointe

Juments et étalons ont été observés sous toutes les coutures. Organisée par nos confrères Jean-Marc Betsch, Claire Sicluna et Elodie Chollet, la 9^e journée européenne de l’Association vétérinaire équine française (Avef), qui réunissait le 7 février dernier des experts internationaux en matière de reproduction équine, a remporté un franc succès. Jean-François Bruyas (professeur à l’école de Nantes) a initié les débats avec une mise au point sur l’utilisation des hormones (maîtrise du cycle, induction de l’ovulation, polyovulation, suppression de l’œstrus, traitement de la vidange utérine). Jennifer Ousey (Royaume-Uni) a exposé les connaissances récentes concernant l’endocrinologie de la jument gestante. Les progestagènes, sécrétés par le fœtus en grande quantité en fin de gestation, sont nécessaires au maintien de la gestation et se transforment en partie en cortisol, indispensable pour la maturation du fœtus. L’utilisation de progestérone exogène est à raisonner et il convient, en cas d’utilisation, de l’arrêter progressivement avant 320 jours de gestation. Il est important d’administrer des corticoïdes lors d’affection aiguë chez la mère pour favoriser cette production de cortisol. Le professeur Terry Blanchard (Etats-Unis) a expliqué comment améliorer la fertilité de l’étalon sur le terrain et la tester en laboratoire (évaluation des spermatozoïdes, du plasma séminal, endoscopie et radiographie urétrale, analyses hormonales, échographie et biopsie testiculaire, caryotype, etc.). Pour sa part, Pieter Daels (Belgique) a synthétisé les dernières avancées en matière d’insémination et de transfert d’embryon (amélioration des techniques de congélation, insémination en petites doses). Doubler les inséminations, notamment en insémination profonde en fond de corne, permet clairement d’augmenter la fertilité, sauf chez les juments âgées dont l’utérus fragile présente des réactions inflammatoires postinsémination. Sandro Barbacini (Italie) a présenté les dernières techniques en reproduction assistée : collecte d’ovocytes immatures dans les follicules préovulatoires (ovum pick up ou OPU), maturation in vivo suivie d’injection de spermeintracytoplasmique (ICSI) etculture d’embryon in vitro (IVC). L’association de ces techniques permet d’utiliser des juments infertiles (défauts d’ovulation, trompes imperméables, endométrites), mais également d’élargir le choix des étalons, en incluant ceux dont le sperme présente une faible mobilité et fertilité.

Aux Etats-Unis, les juments gestantes à risque font l’objet d’une surveillance intensive

De nombreuses conférences ont abordé les problèmes d’infertilité chez la jument et la gestion des femelles gestantes à risque en fin de gestation. « L’examen clinique de base reste primordial », a expliqué Patricia Sertich (université de Pennsylvanie, Etats-Unis) : état d’embonpoint, conformation de la vulve, taille du clitoris (trop importante, elle témoigne d’un dysfonctionnement hormonal), présence de sécrétions anormales (pus, urine) à la commissure des lèvres, compétence du sphincter vestibulaire, intégrité du col, palpation des replis endométriaux (normal en œstrus, signe d’inflammation en diœstrus), taille et surtout consistance des ovaires, palpation de la fosse d’ovulation. L’échographie, l’examen complémentaire de choix, permet de visualiser par exemple de l’urine dans le vagin ou la présence anormale de fluides intra-utérins, ainsi que les kystes endométriaux. Les examens complémentaires indispensables demeurent la cytobactériologie et la biopsie utérine qui permet de catégoriser la jument selon les lésions tissulaires, pour affirmer le pronostic de sa capacité à porter un poulain à terme.

Aux Etats-Unis, la jument à haut risque d’avortement en fin de gestation est surveillée de facon intensive. Elle est hospitalisée pour subir des bilans cliniques et biologiques, ainsi que des échographies transrectales et transabdominales bihebdomadaires, afin de suivre différents paramètres comme la fréquence et le rythme cardiaques fœtaux, l’activité et la taille du fœtus, l’épaisseur combinée utéro-placentaire pour déceler des placentites, etc. Cette surveillance renforcée permet de prendre les mesures thérapeutiques adéquates et, le cas échéant, de déclencher le poulinage.

Plusieurs présentations ont élargi le débat. Jean Belaisch-Allart (centre hospitalier, Sèvres) a présenté l’infertilité humaine et sa prise en charge thérapeutique, et Dominik Burger (Suisse) a fait un point sur le comportement autour de la reproduction. La journée s’est terminée sur la présentation, par Stéphane Chaffaux (Inra, Jouy-en-Josas) et François Valon (Saint-André-des-Eaux), du nouveau réseau “avortement” du Respe, qui inclut notamment les avortements causés par la leptospirose.