Le règlement des conflits passe aussi par l’arbitrage - La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1347 du 13/02/2009

Exercice professionnel. Litiges entre confrères

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

La Chambre nationale d’arbitrage des vétérinaires (Cnavet) veut promouvoir et encadrer les procédures d’arbitrage. Un moyen plus aisé et rapide de régler certains litiges.

L’arbitrage, à ne pas confondre avec la conciliation (voir encadré), est une procédure relativement récente en droit français, encadrée par les articles 1 442 à 1 507 du Code de procédure pénale. Elle est particulièrement utilisée depuis 2001, date à laquelle elle est devenue opposable en matière civile. Depuis, quelques conflits entre vétérinaires ont été réglés par ce biais. Mais jusqu’à présent, chaque partie désignait son arbitre et le troisième était généralement nommé par le président du Conseil de l’Ordre des vétérinaires. « D’où l’amalgame fréquent fait par les confrères qui considèrent cette procédure comme du strict ressort ordinal, ce qui n’est pas le cas », explique Véronique Bianchetti, présidente de la Chambre nationale d’arbitrage des vétérinaires (Cnavet), une association dont les statuts ont été déposés fin 2008.

La création d’une association, à l’instar des médecins ou des dentistes, permet de sortir de l’ombre du Conseil de l’Ordre pour favoriser le recours à l’arbitrage en le faisant mieux connaître, et en l’organisant de façon plus efficace, en proposant notamment une liste d’arbitres. « Lorsque le domaine vétérinaire est concerné, le premier réflexe des juges des tribunaux civils est de nommer des experts, souvent eux-mêmes vétérinaires, remarque Véronique Bianchetti. Cette chambre d’arbitrage permet de gagner du temps : les experts deviennent les arbitres. »

Qui est concerné ?

Tous les praticiens peuvent choisir l’arbitrage comme mode de résolution des conflits, qu’il s’agisse de divergences d’interprétation des contrats d’association, de désaccords liés à la séparation d’associés, de litiges financiers entre associés, avec des éleveurs ou des propriétaires, etc. Mais tout ne peut pas être soumis à l’arbitrage. En sont exclus les litiges relatifs à l’état et à la capacité des personnes (filiation, divorce, etc.), ceux qui impliquent une collectivité ou un établissement public, qui portent sur une chose contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs, qui relèvent impérativement d’une juridiction particulière comme le conseil des prud’hommes ou les chambres de discipline de l’Ordre des vétérinaires en matière de déontologie.

Pourquoi choisir l’arbitrage ?

C’est une justice “sur mesure”. Les décisions sont rendues par des personnes, généralement des professionnels, qui connaissent bien les us et coutumes de la profession. L’arbitrage assure également un règlement rapide des litiges : non seulement il permet d’échapper aux lourdeurs d’une procédure judiciaire classique (il n’y a pas d’appel), mais en plus les textes prévoient que la sentence arbitrale doit être rendue dans un délai de six mois au maximum, sauf si les parties ont fixé un autre délai. En outre, l’arbitrage offre une garantie de discrétion : ni les audiences ni la sentence arbitrale ne sont publiques.

Comment y faire appel ?

Les parties (par exemple deux associés) en conflit peuvent recourir à l’arbitrage à condition d’être d’accord pour le faire. Elles négocient alors un « compromis » d’arbitrage qui précise notamment l’objet du litige et désigne les arbitres. « Il est difficile de faire se rejoindre deux personnes déjà en conflit sur un compromis, remarque Véronique Bianchetti. Il est donc important, notamment pour deux associés, que le recours à l’arbitrage en cas de litige soit prévu dans le contrat d’association. » Il s’agit de la « clause compromissoire ». Elle désigne par avance le ou les arbitres, ou fixe les modalités de leur désignation (le recours à la Cnavet dans ce cas). Une fois cette clause (ou le compromis) signée, il n’est plus possible d’avoir recours à une procédure ordinaire : les deux parties renoncent définitivement à faire régler l’affaire par un tribunal civil.

Comment se déroule l’arbitrage ?

Le tribunal arbitral est composé d’un seul ou de plusieurs arbitres en nombre impair (trois en général) désignés librement par chaque partie. Leur choix peut se faire à partir de la liste proposée par la chambre nationale, mais les parties peuvent aussi proposer d’autres arbitres selon la nature du litige (la Cnavet devra néanmoins les agréer). Quand chacune a désigné un arbitre, la Cnavet en cite un à son tour, qui aura la qualité de président du tribunal arbitral. Chaque partie présente un mémoire sur les faits et le tribunal peut mener une instruction en faisant respecter le principe du contradictoire. Les parties peuvent comparaître seules ou se faire assister ou représenter par une personne de leur choix. Les arbitres proposés par la Cnavet ont la qualité d’« amiables compositeurs », ce qui les dispense de statuer en appliquant les règles du droit. Ils fondent leur décision sur l’équité, les usages ou les coutumes, même s’ils vont à l’encontre d’une règle de droit. Leurs décisions ne sont pas susceptibles d’appel. « Nous tenons à ce que les arbitres aient ce statut, insiste Véronique Bianchetti. Si leurs décisions étaient d’emblée susceptibles d’appel devant une juridiction civile, cela reviendrait à ajouter une strate supplémentaire au processus judiciaire. » La sentence arbitrale a l’autorité de la chose jugée et est exécutoire dès son prononcé. Un recours en annulation reste possible pour des événements précis (absence de convention d’arbitrage, de contradictoire, etc., article 1 484 du Code de procédure civile).

  • (1) Composé de six membres : Véronique Bianchetti (présidente) le président du CSO, Christian Rondeau, un magistrat, Mr Kessous (secrétaire général), Robert Moraillon (trésorier), Auguste Senghor et Christian Diaz.

  • (2) Inscription auprès de la Cnavet, 34 rue Breguet, 75011 Paris.

Devenir arbitre

Tout le monde peut devenir arbitre, à condition de disposer de ses droits civiques. La Cnavet recherche plutôt des praticiens qui ont déjà une connaissance de la médiation, mais aussi des juristes qui connaissent le milieu vétérinaire. Pour faire partie de la liste des arbitres de la chambre nationale, il faut être membre de l’association (200 € de cotisation) et avoir été agréé par son conseil d’administration(1). Afin d’élargir sa liste, la Cnavet devrait organiser cette année une formation à l’arbitrage(2).

N. F.

La conciliation

Le but de la conciliation est de rapprocher les points de vue des parties pour tenter de trouver une solution amiable au conflit. L’arbitrage, lui, a pour objet de trancher les conflits.

En matière professionnelle, la conciliation est une obligation prévue par l’article R. 242-39 du Code de déontologie. Il précise que « si un dissentiment professionnel surgit entre deux confrères, ceux-ci doivent d’abord chercher une conciliation, au besoin par l’intermédiaire du conseil régional de l’Ordre ». Contrairement à l’arbitrage, la conciliation n’a pas la force de la chose jugée.

N. F.
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