Recherche. Des puces “vaccins” à usage unique
Actualité
Auteur(s) : Myriem Lahidely
Nous avons réussi à trouver un vecteur naturel autochtone, disponible en quantité suffisante pour vacciner les lapins sauvages sans avoir à les capturer », se félicite Yves Guérin, président de Bio-Espace, le laboratoire de l’Association nationale des chasseurs de lapins et des chasses traditionnelles (Anclatra). L’invention de l’association devrait permettre de lutter contre la myxomatose qui décime les cheptels de lapins de garenne depuis plusieurs décennies. « Dans certains départements, jusqu’à 100 % des populations ont disparu », résume-t-il. Le virus de la myxomatose est propagé en milieu naturel par des petites mouches, des moustiques ou des puces. L’ingénieuse idée émise dans les années 90 par un chimiste de l’université Montpellier II, Auguste Commeyras, est d’utiliser le même vecteur transmetteur de maladie pour vacciner et immuniser les lapins.
Le vaccin mis au point par le laboratoire est une souche atténuée du virus de la myxomatose. Il est en outre véhiculé par l’une des quatre puces spécifiques du lapin de garenne, la Xenopsylla cunicularis. L’avantage de ce parasite indissociable du lepus cuniculus : contrairement aux autres puces, elle ne se reproduit que dans le sol des terriers, car elle a besoin des substrats du lapin et se nourrit du sang de son hôte en le piquant. C’est le seul moyen pour elle de survivre et de se reproduire.
« Nous avons mis au point une seringue à usage unique puisque, dans ce cas précis, nous avons affaire à une maladie et à un vecteur spécifiques. Cette puce a peu de chance de piquer un autre animal et, le cas échéant, ce serait sans effet. La technique est élémentaire », résume Auguste Commeyras. Les premiers essais cliniques en laboratoire sont concluants.
« Il n’y a pas de déséquilibre possible, sinon de véhiculer le vaccin de la myxomatose qui n’a d’effet que sur le lapin », confirme Anne Darriès, docteur en entomologie. Au sein du laboratoire Bio-Espace, à Murviel-lès-Montpellier (Hérault), la chercheuse a mis au point un élevage de puces. Le travail a nécessité dix ans, mais le principe est désormais maîtrisé : « Nous pouvons disposer d’insectes vigoureux qui se reproduisent bien et nous travaillons actuellement à prouver qu’il n’y a pas de risque de reproduction en dehors des zones naturelles ni d’hybridation possible. » Dans ce cadre, un programme expérimental est mené jusqu’à l’été prochain dans une dizaine de parcs(1), où des lapins et des Xenopsylla non porteuses du vaccin ont été lâchés. « Nous regardons comment évoluent d’une année sur l’autre les populations de puces dans ces parcs aux climats variés », explique-t-elle.
A l’origine, la recherche d’une méthode naturelle pour remédier à la disparition des lapins, alimentation naturelle d’animaux comme les lynx, les loups et les oiseaux de proies (vautours, aigles), est un souhait des chasseurs. Ce sont d’ailleurs des fédérations départementales de chasseurs qui ont permis de financer le projet, soit des millions d’euros en quinze ans. La Fédération nationale a investi 270 000 € pour la première fois l’an passé. En attendant une autorisation de mise sur le marché (AMM) encore hypothétique, voire des aides européennes, le professeur Commeyras indique qu’il s’agit d’un « bon modèle pour envisager à terme de l’exploiter ailleurs pour d’autres maladies spécifiques ». La possibilité de vacciner des animaux sauvages sans avoir à les capturer permet d’aborder des problèmes plus globaux de santé animale. On attend les premiers essais de Culicoides “vaccins” pour éradiquer la fièvre catarrhale ovine.
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