Certains germes responsables d’avortements chez les ruminants contaminent aussi l’homme - La Semaine Vétérinaire n° 1352 du 20/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1352 du 20/03/2009

Zoonoses

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Paul Perié

Connaître les risques liés à ces affections doit permettre de mieux les gérer et de limiter cette contamination.

Les maladies infectieuses constituent une cause majeure d’avortement chez les ruminants. Les agents pathogènes sont nombreux et certains d’entre eux sont transmissibles à l’homme. Le risque zoonotique n’est pas négligeable et doit être systématiquement pris en compte lors d’avortement. Notre confrère Henri Touboul a passé en revue les principales zoonoses incriminées lors d’avortement, ainsi que certaines mesures à mettre en œuvre, lors des journées nationales des GTV organisées à Nantes en mai dernier.

La brucellose demeure un problème de santé publique en Europe, sauf en France

La brucellose touche l’ensemble des mammifères : Brucella abortus affecte les bovins, B. melitensis les petits ruminants, B. suis les porcs, les sangliers et les lièvres et B. canis les chiens. Les symptômes sont variables, mais la forme génitale est la plus fréquente. Les avortements sont parfois accompagnés de mammites et d’orchites. Les animaux infectés peuvent excréter toute leur vie ces bactéries dans les sécrétions génitales, le lait et les urines. Un pic d’excrétion est observé lors de l’avortement. La transmission à l’homme a lieu par contact direct avec des animaux infectés, vivants ou morts, par contact avec des produits souillés (produits d’avortements, litière), par ingestion (lait cru contaminé) ou par inhalation. Chez l’homme, la brucellose existe sous forme aiguë septicémique (fièvre de Malte), subaiguë avec localisation secondaire (ostéo-articulaire, méningée, pulmonaire), chronique (asthénie, douleurs articulaires) et mineure (pseudo-grippe). L’incubation dure une à trois semaines. C’est une maladie à déclaration obligatoire, mais également une maladie professionnelle. En France, le risque de contamination est faible puisque le pays est actuellement indemne de brucellose. Les quelques cas de contamination sont essentiellement liés à des aliments contaminés importés.

L’incidence de la coxiellose est probablement sous-estimée

La coxiellose touche principalement les ruminants. Cependant, elle peut affecter la plupart des espèces animales. L’infection est généralement inapparente. Elle entraîne parfois chez les bovins des avortements, des métrites, de l’infertilité et des pneumopathies. Chez les petits ruminants, elle induit essentiellement des avortements en fin de gestation, des mises bas prématurées, des mort-nés.

Coxiella burnetii est excrétée dans le placenta, les sécrétions vaginales, les selles et le lait. Cette bactérie est particulièrement résistante dans l’environnement et se diffuse par voie aérienne. L’incidence de l’affection en France est encore mal connue, mais probablement sous-estimée.

Urine des rongeurs et eau souillée sont source de contamination par les leptospires

La situation épidémiologique de la leptospirose est encore mal connue en France. Les leptospires touchent la plupart des mammifères. Cependant, les rongeurs, bien que réceptifs, présentent rarement des symptômes. Ce sont de bons réservoirs de la maladie. Chez les autres espèces, l’affection se décline sous forme muette (la plus fréquente), subaiguë (syndrome fébrile, diminution de la production), aiguë (septicémie, hépatite, néphrite, hémoglobinurie) et chronique (avortements tardifs, infertilité, mortinatalité).

L’urine constitue la principale voie d’excrétion et contamine ainsi l’environnement. Néanmoins, les leptospires sont également excrétés dans le placenta et le lait. L’homme se contamine en général indirectement, lors de contact avec des eaux souillées. Les bactéries pénètrent alors par les lésions cutanées ou par les muqueuses. La plupart du temps, la leptospirose humaine est inapparente ou subaiguë et ne se manifeste que par un état pseudo-grippal. L’affection peut parfois évoluer vers des formes multiviscérales (rénale, hépatique, pulmonaire, méningée ou hémorragique) et, dans 10 à 20 % des cas, vers des formes ictéro-hémorragiques, parfois mortelles. En France métropolitaine, le risque est relativement réduit, excepté dans certains métiers : c’est une maladie professionnelle, indemnisée comme telle.

Les aliments sont souvent à l’origine de salmonellose et listériose humaines

Chez les bovins, les avortements salmonelliques sont relativement fréquents. Différents sérovars sont impliqués, tels que S. montevideo, S. typhimurium, S. dublin. Dans cette espèce, des formes digestives, abortives ou septicémiques sont observées. Les voies d’excrétion sont génitales et fécales.

La listériose est assez rare, mais probablement sous-évaluée. Les petits ruminants et les bovins se contaminent par voie aérienne ou par l’ingestion d’ensilage ou d’enrubannage contaminés. Des formes nerveuses, abortives et septicémiques, oculaires, respiratoires et mammaires sont recensées. Les germes sont excrétés dans les fèces, le lait et le placenta.

La contamination humaine se fait principalement par l’ingestion d’aliments contaminés dans les deux cas. Cependant, la transmission directe est possible, notamment en cas des manœuvres obstétricales lors de salmonellose, ou encore par voie aérienne ou cutanéo-muqueuse pour la listériose. Les avortements ou les mises bas prématurées sont les symptômes les plus fréquents de la listériose humaine, mais des formes neurologiques ou septicémiques sont observées. C’est une maladie à déclaration obligatoire, néanmoins son incidence est rare chez les professionnels. En revanche, les salmonelloses représentent un risque important pour l’homme. Une gastro-entérite et plus rarement une septicémie apparaissent au bout de quelques heures.

Chlamydophila et Aspergillus sont aussi source d’avortement chez les ruminants

Chlamydophila abortus induit de nombreux avortements chez les petits ruminants, mais aussi des orchites, des épididymites, des pneumonies, des arthrites et des conjonctivites. Cette bactérie est excrétée principalement dans les produits d’avortements, mais aussi dans les fèces, l’urine et le lait. Elle résiste peu dans l’environnement.

La contamination humaine a lieu par voie respiratoire ou conjonctivale et nécessite un contact étroit avec l’utérus et le placenta. Cette affection constitue un risque non négligeable pour les femmes enceintes.

Aspergillus est principalement rencontré chez les volailles, mais il peut aussi induire des avortements chez les ruminants. La contamination humaine se fait indirectement par inhalation de moisissures (par exemple lors de manipulations de foin ou de compost). Il s’agit essentiellement d’un germe opportuniste qui induit des allergies et des aspergillomes chez les personnes immunodéprimées. Le risque pour l’homme est encore mal évalué. Ainsi, les agents zoonotiques sont fréquemment rencontrés lors d’avortement chez les ruminants. Les voies de contamination sont multiples et le risque de transmission à l’homme n’est pas à négliger. Certaines de ces affections sont d’ailleurs reconnues comme des maladies professionnelles indemnisables. En dehors de la réglementation relative à la brucellose, des mesures de protection sont indispensables pour limiter les risques de contamination.

POUR EN SAVOIR PLUS

• « Les brucelloses, zoonoses », Bulletin des GTV, vol. 39, avril 2007.

• « Risques de zoonoses pour les éleveurs de bovins », Bulletin des GTV, vol. 33, février 2005.

• Zoonoses et maladies transmissibles communes à l’homme et aux animaux, éditions OIE, 2005, vol. 1 et 2.

À LIRE DANS Le Point Vétérinaire

• « La brucellose ovine et caprine », PV n° 235, mai 2003.

• « Infection des bovins par Coxiella burnetii », PV n° 259, octobre 2005.

• « Avortements des petits ruminants », PV n° 243, mars 2004.

• « Salmonelloses bovines », PV n° 274, avril 2007.

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