La fièvre catarrhale a quelque peu dégradé les relations avec nos clients

Depuis l’an dernier, nous en sommes à la troisième programmation générale de rendez-vous avec les éleveurs : fièvre catarrhale ovine en mai-juin 2008 pour la Normandie, puis visites obligatoires associées aux bilans sanitaires pour satisfaire aux obligations du décret prescription-délivrance à l’automne et, cette année, il faut recommencer avec la blue tongue et son cortège de soucis.

L’an passé, la première campagne dans le cadre de la fièvre catarrhale s’est parfaitement déroulée, car il s’agissait d’une vaccination volontaire. Les éleveurs étaient donc motivés, solidaires, pour que tout se passe vite et bien. Pour les visites et les bilans sanitaires, nous nous y sommes sans doute mal pris, mais nos clients n’en ont pas mesuré l’utilité, ont considéré cela comme une contrainte supplémentaire en ces temps difficiles et ont trouvé le tarif horaire trop élevé. Il était de 93 € HT et seul le temps passé chez l’éleveur a été facturé (celui nécessaire à la préparation et à la rédaction, presque équivalent, est passé inaperçu pour les clients). Le coût horaire s’est donc établi aux alentours de 50 €, à comparer au tarif du garagiste ou du plombier ! « Je ne gagne pas ça de l’heure ! » est la réflexion que nous avons le plus souvent entendue, trahissant la confusion entre recette et salaire.

La campagne 2009 contre la fièvre catarrhale est beaucoup plus difficile : livraison aléatoire des vaccins, donc rendez-vous annulés, deux piqûres plus une prise de sang par animal et une nouvelle visite trois semaines après… de quoi attiser la méfiance des animaux et leurs réactions violentes. Je parle en connaissance de cause car, atteint par un méchant coup de pied d’une charolaise, je suis sur une jambe pour un bon moment ! Le printemps arrive, donc l’époque de la mise à l’herbe, et il reste 70 % des animaux à vacciner. Bientôt, les clients vont commencer à râler…

Actuellement, toute l’activité de la clinique est organisée autour de ces vaccinations, au détriment du reste. Il ne faudra pas oublier cet impact au moment du décompte final.

Face à certains jeunes confrères particulièrement sensibles à ces rentrées financières, l’ancien que je suis oppose une idée qui va sans doute choquer : les éleveurs, comme tous les consommateurs, s’accordent ou sont habitués à un budget vétérinaire et le dépassent difficilement. En d’autres termes, ce qu’ils auront dépensé en vaccinations, ils ne le dépenseront pas en actes. Par exemple, face à un vêlage difficile, deux éleveurs chercheront à se débrouiller seuls. L’un réussira, l’autre échouera, perdra le veau, voire la vache. Dans les deux cas, le vétérinaire sera resté hors du coup. Beaucoup ne vont pas être d’accord.

Je pense que tout cela (sauf la fièvre catarrhale ovine l’an dernier) a un peu dégradé les relations, souvent amicales, que nous avons avec nos clients.

• Notre confrère réagit au sondage sur le moral des praticiens, paru dans La Semaine Vétérinaire n° 1351 du 13/3/2009 en page 10.