La propédeutique de base est incontournable dans l’abord du cheval au quotidien

L’auscultation cardiaque est indiquée lors de toute consultation, médicale, orthopédique ou même pour une simple injection de tranquillisant. Les informations fournies ne se limitent pas à la pathologie, mais concernent aussi, voire principalement, l’état neuro-végétatif du cheval (animal stressé, vagotonique et niveau d’entraînement).

L’auscultation cardiaque chez un cheval en condition donne à entendre des bruits faciles à identifier, bien distincts, décomposés, souvent au nombre de trois, de fréquence basse et stable quelles que soient les circonstances. Comme la position du cœur est centrale, l’auscultation est obligatoirement réalisée à gauche et à droite. Beaucoup de souffles ne sont d’ailleurs audibles qu’à droite.

L’auscultation cardiaque, menée avec rigueur, fournit des informations précieuses

Les souffles cardiaques sont fréquents chez le cheval. Principalement fonctionnels, ils disparaissent à l’exercice et sont sans incidence chez les chevaux de loisirs. Chez les chevaux de sport, ils indiquent un défaut d’état et d’entraînement. Un souffle pathologique peut n’apparaître qu’à l’exercice, voire s’aggraver. Il s’accompagne en général d’intolérance à l’effort, d’un amaigrissement et, plus rarement, d’un œdème ventral. Les troubles du rythme les plus répandus sont le bloc auriculo-ventriculaire (voir encadré), la fibrillation auriculaire et les extrasystoles ventriculaires.

La fibrillation auriculaire, l’une des affections cardiaques souvent observées chez le cheval, peut être transitoire en cas de coliques, permanente avec une fréquence élevée lorsqu’elle est récente et avec une fréquence basse quand elle est ancienne. Elle peut donc être confondue avec des blocs auriculo-ventriculaires. Les extrasystoles ventriculaires sont moins fréquentes que chez l’homme et peuvent indiquer un mauvais état de santé général, voire la présence d’une maladie intercurrente (ehrlichiose).

L’auscultation est à répéter dans le temps : avec l’entraînement ou la maladie, elle évolue en quelques jours.

Le test clinique généralement utilisé est la comparaison de l’auscultation cardiaque au repos, au box, au calme avec celle réalisée immédiatement après un aller-retour au petit trot, en main sur une vingtaine de mètres. A chaque étape (repos, immédiatement en fin d’exercice et pendant la phase de retour à la normale), le praticien évaluera la fréquence cardiaque (basse ou non), le rythme (sinusal ou non, se normalisant à l’exercice, détection des extrasystoles ventriculaires), la qualité des bruits et leur décomposition, les bruits anormaux (disparition ou non des souffles).

Les examens complémentaires de choix sont l’électrocardiogramme pour les troubles du rythme et l’échocardiographie pour l’étude des souffles.

L’examen respiratoire se décline en nombreuses phases

La prise de température fait partie de l’anamnèse, de l’examen et du suivi des affections respiratoires. Les hyperthermies au-dessus de 38,5 °C sont significatives. En général, la température en fin d’après-midi est supérieure à celle du matin. Située entre 38 °C et 38,5 °C, elle témoigne souvent d’une inflammation et d’affections chroniques des petites voies respiratoires, avec une température matinale souvent plus élevée que celle du soir. Des températures qui se situent de façon chronique entre 38,2 °C et 38,5 °C sont une indication pour la réalisation d’un bilan sanguin.

La propreté des naseaux informe principalement sur l’état des voies respiratoires supérieures (sécrétions purulentes unilatérales ou bilatérales), mais aussi sur celui des voies respiratoires profondes (petites sécrétions desséchées blanchâtres). Durant l’anamnèse, le praticien observera, loin du cheval, sans interaction, le rythme et la fréquence des mouvements respiratoires (normale de dix à vingt cycles par minute, cpm, au repos).

La fréquence respiratoire normale est d’environ 50 cpm après un exercice modéré, 100 cpm lors d’un effort soutenu. Le cheval doit retrouver une fréquence inférieure à 60 cpm dix minutes après un effort de type cross ou course.

Les dyspnées expiratoires, caractérisées par une dilatation des naseaux et un affaissement légèrement retardé de la cage thoracique avec la participation des muscles abdominaux (entrecoupements ou soubresauts), caractérisent les bronchospasmes (accès de pousse).

L’observation du thorax se fait des deux côtés car, en cas d’affection grave (congestion pulmonaire, pleurésie), le cheval peut ne respirer que par un seul poumon, sans mobiliser sa cage thoracique du côté lésé. Chez les chevaux atteints d’une maladie chronique des petites voies respiratoires, une amyotrophie des muscles intercostaux est notée, alors que le reste de la musculature est satisfaisant.

La palpation des ganglions rétro-pharyngiens permet de détecter précocement les inflammations profondes des premières voies respiratoires et doit être systématique en cas de fièvre isolée. Le cheval atteint d’adénite profonde ne supporte pas la pression prolongée de l’index appliqué latéralement et cranialement au larynx.

Les bruits respiratoires audibles de l’extérieur sont en général générés par les premières voies respiratoires : le bruit de cornage inspiratoire, anormal, à l’effort, donne l’impression de “scier du bois”, le bruit de “grognement de cochon” est davantage lié aux vibrations des replis ary-épiglottiques, et le bruit vibratoire, plutôt expi-ratoire, est dû au déplacement du voile du palais. Ces bruits sont moins spécifiques qu’il y paraît et nécessitent une endoscopie diagnostique complémentaire. Il est également possible d’entendre les vibrations des naseaux.

Le test d’obstruction nasale permet d’observer la tolérance des premières voies respiratoires à une forte dépression. Il est bien supporté chez les chevaux qui présentent des obstructions dynamiques des premières voies respiratoires, car ils sont tolérants à l’apnée et se mettent à respirer par la bouche, avec des bruits anormaux durant le test. L’auscultation débute par la base de la trachée et le lobe apical, la région hilaire puis diaphragmatique à droite, et à gauche. Il est important d’entendre les bruits inspiratoires dominants et les bruits expiratoires très faibles sur plusieurs cycles. Lors d’affection subaiguë chronique des petites voies respiratoires, le bruit expiratoire se renforce. L’auscultation d’une zone peu sonore en rapport avec une ventilation forte fait penser à un phénomène congestif. Les sons respiratoires anormaux sont classés en crépitations, râles et bruits de friction, plus rares. Un râle principalement inspiratoire, situé au niveau des grosses bronches ou de la trachée, de sonorité liquidienne, peut correspondre à des sécrétions lors de bronchite. A contrario, des bruits crépitants, secs, audibles sur le lobe diaphragmatique, peuvent indiquer de l’emphysème.

L’auscultation au sac a pour objectif d’augmenter la ventilation, ce qui rend les bruits plus audibles. Il convient d’utiliser des sacs en plastique de 30 l à placer progressivement autour des naseaux du cheval, sans les collaber. Il est également intéressant de noter si les chevaux toussent au retrait du sac en prenant une inspiration profonde. Cette toux signe une inflammation des voies respiratoires profondes, plus spécifiquement que la compression manuelle du larynx.

• Source : conférence présentée par Francis Desbrosse lors de la journée de formation organisée par la SNGTV à Mauron (Morbihan), en janvier 2009.