La suggestopédie permet d’apprendre plus vite et mieux

L’homme devient ce qu’il pense être », affirmait Gandhi. C’est également en se fondant sur le pouvoir de la représentation imagée et sur le lien entre détente physique et concentration mentale que Georgi Lozanov, psychothérapeute bulgare, a créé la suggestopédie dans les années 50, à partir de travaux sur l’hypnose et de l’étude de différents yogas. Ses recherches ont abouti à deux applications majeures. La première est la réalisation d’interventions chirurgicales sans recours à l’anesthésie médicamenteuse. Des patients ont ainsi été opérés sans que leur cerveau enregistre la moindre douleur. La seconde application concerne l’apprentissage des langues étrangères. Elle est utilisée en particulier dans les pays de l’Est avec succès et de réels résultats. Elle s’appuie sur la capacité de l’inconscient à enregistrer beaucoup plus vite des “impressions” que des mots. Ainsi, dans le processus d’apprentissage, le contenu compte pour 7 %, l’intonation pour 28 % et les images et la gestuelle pour 55 %. Une expérience simple sous hypnose le confirme. En effet, dans cet état, un sujet est capable de décrire les objets qui composent une pièce de façon instantanée et avec beaucoup plus de précisions que s’il devait les analyser. L’ambiance est donc de première importance. Il s’agit d’abord d’être détendu, car le stress nuit à l’apprentissage. Il faut ensuite “être présent”. La relaxation psychologique induit la relaxation physiologique. Elle permet une baisse des flux de pensée et la concentration sur une seule chose, le plaisir de l’état présent. Au final, la suggestopédie se présente comme un apprentissage global, celui utilisé naturellement par les enfants. Cela revient à réaliser mentalement et physiquement une “fusion” et non une opposition entre la matière à apprendre et le cerveau. Cette concentration/détente se situe dans un espace de plaisir et ne fait pas intervenir la volonté qui, paradoxalement, est un frein à l’apprentissage.

Un apprentissage sur fond de musique baroque

Pour entrer dans un état de relaxation, deux exercices sont préconisés. Le premier consiste à s’allonger au sol, sur le dos. Les genoux sont fléchis. Puis le bassin est balancé (les jambes suivent) à droite et à gauche, en revenant au centre à chaque fois. Le mouvement est répété une quinzaine de fois. Cet exercice relaxe la colonne vertébrale et chasse les douleurs présentes dans le bas du corps. Il se termine en respirant calmement, toujours en position allongée, les mains posées sur les côtes flottantes, en se concentrant sur l’expiration qui doit être fluide. Il est alors possible de s’asseoir doucement.

Le second exercice se fait en position assise. Il consiste à s’étirer de tous les côtés (bras, jambes, cou) lentement, en bâillant. Le bâillement provoque un état de détente rapide.

Une fois l’état de relaxation atteint, l’apprentissage débute (il faut avoir enregistré préalablement le cours à apprendre s’il n’est pas disponible sur CD ou cassette). Il se fait toujours sur fond de musique baroque. Georg Friedrich Haendel et Jean-Sébastien Bach sont les références en la matière. Ce type de musique s’adresse au côté droit du cerveau et favorise la respiration naturelle.

La première étape est de lire le texte à apprendre (grammaire, conversation, liste de vocabulaire, etc.) s’il s’agit d’une méthode écrite ou de l’écouter s’il est sur CD. Cela se fait sans musique, mais après avoir pratiqué l’un des deux (ou les deux) exercices de relaxation. Il faut respirer profondément pour ressentir l’état de relaxation. Puis la musique est mise en marche, doucement. Le cours est écouté ou lu et écouté. Lors de cette seconde écoute, les yeux sont fermés doucement. Il ne faut pas chercher à retenir, mais simplement “être présent” à l’écoute et dans l’état de relaxation. L’idéal est de procéder le soir (vingt minutes suffisent). Le lendemain matin, lorsque la musique est de nouveau écoutée, l’association avec les mots s’enchaîne. Dans la journée, l’apprentissage est renforcé en fredonnant l’air choisi et, lors d’apprentissage de vocabulaire, en prenant un carnet pour associer les mots (ou les phrases) à un dessin. C’est magique, il faut juste un peu de pratique…