Entre nous
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En tant que praticien canin et ex-équin, je retiens surtout que ce rapport nous prépare à la délégation d’actes sans que nous ayons notre mot à dire. Les exemples qui sont donnés sont effarants. Permettre à des non-vétérinaires de pratiquer des soins dentaires sans sédation chez les chevaux revient à remettre en cause le travail accompli jusqu’ici par nos instances et la jurisprudence. Le rapport cite aussi les vaccinations non obligatoires, qui pourraient être effectuées par des non-vétérinaires. Qui pourra vacciner ? Les éleveurs, les propriétaires ? Beaucoup de structures canines ou mixtes seront contraintes à la fermeture. Ce n’est pas en retirant du travail aux vétérinaires – et en augmentant de surcroît le numerus clausus – que les structures se porteront mieux. Je suis choqué de constater que le parti pris est plutôt de modifier les lois qui existent plutôt que de les appliquer, afin que ce qui est illégal aujourd’hui ne le soit plus demain.
Lorsque j’ai lu le rapport, il m’a semblé qu’il tentait de répondre aux problèmes rencontrés en rurale, avec l’affaiblissement du maillage vétérinaire et les pressions du lobby des éleveurs. Je ne suis pas qualifié pour juger de la pertinence des réponses suggérées, mais je constate que quand une distinction est introduite entre les pratiques rurales et canines, cela aboutit à conseiller à l’Etat de moins financer les études des futurs canins ! Il est difficile de croire que ce rapport a pour objet de soutenir ce type d’activité. Je regrette surtout que les instances interrogées n’aient pas consulté préalablement les praticiens.
Je n’ai pas un avis tranché sur ce rapport, même si je suis d’accord avec certains confrères pour estimer qu’il s’agit d’un recueil des doléances des différentes professions et que nous ignorons ce qui sera retenu. La délégation d’actes me semble le point le plus important. Actuellement, de nombreux soins ne sont plus effectués par les vétérinaires, en équine, en bovine, voire en canine. Il est temps de légaliser ces pratiques, avec un encadrement pour nous permettre de reprendre le contrôle. Le cabinet du futur tel que je l’imagine aura à sa tête des vétérinaires qui encadreront des techniciens en rurale et des auxiliaires en canine. La vaccination contre la fièvre catarrhale en est un exemple. Je ne vois pas l’intérêt de mettre des Bac + 7 derrière une seringue, que les éleveurs n’ont plus les moyens de payer. En revanche, les aménagements du mandat sanitaire sont une réelle opportunité pour les praticiens canins, en leur conférant un rôle central dans la politique de l’animal de compagnie. La constitution de réseaux de cliniques est, quant à elle, déjà amorcée (de nombreuses structures ont le statut de SELARL) et le rapport ne change rien sur ce point. L’apport de capitaux extérieurs me paraît dangereux. S’il aurait le mérite d’introduire des notions de rentabilité et de marketing dans nos structures, les investisseurs souhaitant un retour financier, je ne suis pas certain, à terme, que le consommateur serait gagnant ! En dernier lieu, dans la situation ubuesque actuelle (il y a chaque année plus d’inscriptions de diplômés étrangers que de Français dans le Limousin), je ne crois pas qu’augmenter le numerus clausus empêchera la pénurie en rurale et la pléthore en canine, avec son lot de vétérinaires qui “survivent”.
Ce genre de rapport est d’une insipidité affligeante pour notre profession. S’il fait certainement plaisir à ceux qui ont été entendus, il est facile de voir que l’auteur a repris les litanies de chaque famille (les vétérinaires libéraux, ceux des groupements, des organismes à vocation sanitaire, etc.) sans prendre de recul ni avoir de position propre. Les exemples donnés sont discutables et les observations, quand elles ne se contredisent pas, n’apportent pas d’authentiques solutions. Ce n’est pas cela qui va redynamiser notre métier en rurale.
Si l’Etat tient à maintenir son réseau sanitaire, il faut qu’il cesse de nous prendre pour des imbéciles. Il devra nous payer davantage qu’il ne le fait aujourd’hui pour un service de veille et trouver de vrais remèdes pour motiver les jeunes, car c’est bien le piège que nous nous tendons. Comme le rapport le relève, les éleveurs, de moins en moins nombreux, sont devenus plus compétents. Or nous leur proposons des jeunes vétérinaires qui ne savent pas approcher une vache. Les exploitants, qui maîtrisent mieux les gestes de base, risquent, à terme, de ne plus faire appel à eux. Il est urgent de changer l’approche du milieu rural dans nos écoles, dès le début de la scolarité, afin que les étudiants se rendent plut tôt sur le terrain. Pour ma part, j’ai décidé de mettre un terme aux stages de fin de scolarité qui deviennent de plus en plus des “parcours découverte” du milieu rural, et nous obligent à passer du temps avec les T1 pro sur des éléments qui devraient déjà être, sinon maîtrisés, au moins connus.
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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
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