Une porte s’ouvre sur la maîtrise de l’arthrite encéphalite virale chez la chèvre - La Semaine Vétérinaire n° 1353 du 27/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1353 du 27/03/2009

Retroviroses caprines

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

Les risques de transmission du virus de l’arthrite encéphalite caprine (Caprine Arthritis Encephalitis Virus, CAEV) lors de transferts d’embryons chez la chèvre ont été évalués. Francis Fieni, de l’unité pédagogique “risques sanitaires liés aux biotechnologies de la reproduction” à l’école de Nantes, a présenté les résultats des travaux menés en partenariat entre cette dernière, l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) lors des journées 3 R (Rencontres recherches ruminants) à Paris, en décembre dernier.

Le CAEV est un rétrovirus du genre Lentivirus, responsable de l’arthrite encéphalite virale chez la chèvre. Maladie d’évolution lente, progressive et irréversible, elle se traduit par des arthrites chroniques, avec parfois des symptômes pulmonaires ou mammaires chez les adultes, et le plus souvent une encéphalite chez les jeunes de deux à six mois. Particulièrement contagieuse, cette affection provoque des pertes économiques importantes, qui associent diminution de production laitière, réformes anticipées, annulation des ventes de reproducteurs ou ralentissement des échanges, en raison des risques de contagion.

La transmission de l’affection par transfert d’embryon est possible

In vivo, les cellules de la lignée monocytes-macrophages sont la cible principale du CAEV, mais il est mis en évidence dans les tissus de l’appareil génital des chèvres infectées et dans les liquides de récolte des embryons. Le risque d’infection de l’embryon par le CAEV et de transmission de celui-ci lors de transfert embryonnaire existe donc. Toutefois, l’étude(1) révèle aussi l’effet protecteur de la membrane pellucide, structure glycoprotéique qui entoure l’ovocyte à partir du stade de follicule secondaire, puis l’embryon jusqu’à huit ou neuf jours. Les embryons caprins de huit à seize cellules infectés expérimentalement sont susceptibles de transmettre le virus lorsque la membrane pellucide est éliminée. En revanche, quand elle est présente, elle empêche l’attachement du virus, et son absence est constatée dans le milieu de lavage à partir du cinquième bain, parfois dès le troisième.

Les ovocytes, eux, sont indemnes de CAEV après le lavage et l’élimination des cellules de la granulosa, car ces dernières peuvent être infectées. « Cela démontre que la séparation des cellules de la granulosa de l’ovocyte à un stade péri-ovulatoire permet d’obtenir un ovocyte indemne d’infection virale », précise Francis Fieni.

L’application des procédures sanitaires recommandées par l’International Embryo Transfert Society (IETS) pour les transferts d’embryons bovins, c’est-à-dire la sélection des embryons à zone pellucide intacte et ayant subi dix lavages, permettrait « la production de chevreaux indemnes de CAEV » à partir « de mères à haut potentiel génétique, mais issues de troupeaux très infectés où l’éradication du CAEV se révèle compliquée, voire impossible, indique Francis Fieni. « Le transfert embryonnaire peut être inscrit dans un programme de prophylaxie sanitaire de l’AECV chez la chèvre », conclut-il.

  • (1) Ali Al Ahmad et coll., Theriogenology, 2008, vol. 69, pp. 408-415.

  • Voir également : « Les maladies nerveuses des petits ruminants », thèse multimédia de Clarisse Delaunay, disponible sur le portail des étudiants de l’école d’Alfort (http://etudiant.vet-alfort.fr/pedago/theses/ovins/).

La prophylaxie demeure uniquement sanitaire

La répartition géographique du Caprine Arthritis Encephalitis Virus (CAEV) est mondiale.

Les sources de contamination principales sont le colostrum et le lait.

Les anticorps maternels présents dans le colostrum et ingérés simultanément au virus n’ont pas d’effet protecteur. La séroconversion des chevrettes est acquise plusieurs semaines, voire parfois un à deux ans après l’infection qui perdure toute la vie de l’animal. Il n’existe aucun traitement et la prophylaxie est sanitaire. Les chevreaux doivent être séparés de leur mère dès la naissance, avant la prise du colostrum. Ils sont alors alimentés avec du colostrum thermisé, issu de chèvre indemne, ou du colostrum en poudre. Cela permet de ralentir l’apparition de signes cliniques et de l’immunodépression provoquée par le virus. Les animaux cliniquement atteints, soit moins de 30 % de ceux infectés, sont à éliminer. Lorsque le statut sérologique est connu, une séparation entre animaux séropositifs et séronégatifs est conseillée.

S. P.

À LIRE DANS Le Point Vétérinaire

• « Les infections à virus lents : Maedi-Visna et AECV », PV n° 241, 2003.

• « Déformations articulaires virales chez une chèvre »,PV n° 254, 2005.

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