L'éradication de l'infection par le virus SDRP ne se raisonne pas qu'au niveau de l'élevage - La Semaine Vétérinaire n° 1354 du 03/04/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1354 du 03/04/2009

Filières. Syndrome dysgénésique respiratoire porcin

Actualité

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Les risques de contamination par voisinage et par voie aérienne sont aussi à prendre en compte.

L’infection des porcs par le virus du syndrome dysgénésique respiratoire porcin (SDRP) coûte 700 millions de dollars par an aux éleveurs américains. Dans sa thèse, restée confidentielle, notre confrère Alain Benoit a évalué le coût de l’infection pour les élevages français : entre 19 et 106 € par truie présente et par an, avec une moyenne de 63 €. Pourquoi l’éradication du SDRP est-elle difficile ? Quels sont les points clés de l’éradication ? Comment la pérenniser ? Pour répondre à ces questions, la société Géosane a invité, le 24 février dernier, trois experts : Arlette Laval (école de Nantes), Laura Batista Centre de développement du porc du Québec) et Guy-Pierre Martineau (école de Toulouse). Cette journée technique s’est déroulée à Ploufragan, dans les locaux de l’Institut supérieur des productions animales et des industries agro-alimentaires (Ispaia).

Le statut des élevages constitue le premier point à connaître

« Il n’y a pas d’éradication possible sans une connaissance du statut de l’exploitation, sans vaccination et sans une protection organisée de l’élevage », a listé notre consœur Arlette Laval. Beaucoup d’élevages ne connaissent pas leur statut, car le coût des contrôles et la contrainte des prélèvements restent des facteurs limitants. A ce titre, les analyses fondées sur l’utilisation du jus de viande à l’abattoir, testée par des chercheurs danois en 2001, faciliteraient considérablement les modalités et le financement du prélèvement des porcs charcutiers.

Avant toute élimination d’animaux positifs, il convient de stabiliser l’infection. Dans cette optique, la vaccination est indispensable, mais doit être associée à la traque de toute circulation virale qui pourrait être relancée par la dynamique de l’élevage (mouvement ou introduction des reproducteurs, etc.). Une dépopulation du post-sevrage et le vide de la maternité ne préviennent pas la contamination du lot suivant si quelques truies en gestation sont encore excrétrices. L’agencement des bâtiments demeure aussi fréquemment un facteur de risque intrinsèque non maîtrisé et non maîtrisable. « Attention à l’excrétion postvaccinale du virus vivant, a prévenu Arlette Laval. Lors d’utilisation du vaccin vivant, il y a lieu de préférer la vaccination de masse, sous peine de relancer une circulation virale dans l’élevage. » Selon Scott Dee, de l’université du Minesotta, « s’il est relativement facile d’assainir un élevage, il est beaucoup plus difficile de le maintenir indemne ». Mesures de protection, contrôle des intrants, marche en avant et biosécurité, surveillance de l’air sont essentiels. La France est le premier pays utilisateur de la filtration dans les troupeaux de sélection et les centres d’insémination artificielle, le Québec y a recours depuis dix ans, les Etats-Unis depuis 2005.

Le contrôle régional de la maladie est incontournable

Laura Batista a participé à la conception du filtre Noveko, commercialisé par la société Géosane. Ce filtre a pour caractéristique d’être imprégné par des agents virucides et bactéricides. Il est ainsi plus poreux que les filtres classiques et moins restrictif pour la ventilation. En outre, il est lavable. Les évaluations expérimentales de son efficacité sont prometteuses : 95 % d’efficacité de filtration à des concentrations virales brumisées égales à log9 pour le filtre dix couches(1), 100 % d’efficacité jusqu’à log7 pour les filtres quinze et vingt couches(2) et jusqu’à log6 pour le filtre dix couches(2). L’efficacité du virucide sur le virus SDRP a également fait l’objet d’une évaluation par notre consoeur. A log7 avec un filtre dix couches, le virus du SDRP est passé quatre fois sur dix, mais les porcs sont demeurés négatifs.

Ces études ont été menées avec des souches virales américaines. Toutes ne possèdent pas les mêmes capacités à être transmises par voie aérienne. L’aérobiologie des souches virales européennes n’est pas connue. « Il n’y a pas de solution miracle, a-t-elle précisé. Le respect des procédures de biosécurité reste essentiel. » Entre idées reçues et idées à recevoir, notre confrère Guy-Pierre Martineau a dérivé avec humour la philosophie de la biosécurité(3). Au regard des risques de contamination par voisinage et par voie aérienne, « le contrôle régional de la maladie est indispensable. Il faut mutualiser, travailler en groupe », a conclu Laura Batista. Communs à tous les pays, les freins politiques et psychologiques s’ajoutent aux facteurs de risque de l’infection virale des élevages.

  • (1) Essais menés par notre consoeur Laura Batista.

  • (2) Essais menés par le professeur Scott Dee.

  • (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1291 du 23/11/2007 page 40.

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