Journée vétérinaire normande
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait
« Une dose de bonne volonté, un investissement minime et quelques travaux pratiques permettent de se lancer », démontrent deux confrères.
Nos confrères Arnaud Triomphe (Bayeux) et Luc van Vlierberghe (Saint-Lô) ont transmis à l’auditoire leur goût pour la dentisterie équine, lors de la journée vétérinaire normande, le 14 octobre dernier. Selon Arnaud Triomphe, « l’investissement est minime : il faut compter 1 415 € pour un pas-d’âne américain, un spéculum permettant de travailler sur les incisives, une râpe électrique, des râpes manuelles, un élévateur et un davier ». Notre confrère s’est lancé pour répondre à la demande répétée de ses clients et après avoir suivi la formation organisée par la Société nationale des groupements techniques vétérinaires. Il trouve du plaisir à pratiquer la dentisterie, à condition de limiter à cinq ou six le nombre de bouches à soigner. Nos deux confrères ont partagé leur expérience des interventions simples et les plus courantes : le nivellement des excroissances dentaires, les extractions de dents de loup, de capes et celles de molaires branlantes ou déchaussées. Lorsqu’ils interviennent chez des particuliers, ils recommandent l’utilisation systématique d’une sédation, un avantage des vétérinaires par rapport aux dentistes.
Une anesthésie locale est requise pour les avulsions des dents de loup, une anesthésie locorégionale du nerf maxillaire ou mandibulaire pour les extractions des molaires bien fixées. Lors d’une intervention au box, il est impératif de placer la croupe vers le fond et la tête vers la porte ouverte. Le maintien de la tête directement à partir du pas-d’âne entraîne un resserre m e n t de ce dernier et, lors du nivellement des dents du côté buccal, la râpe touche la joue. Cette contention peut suffire pour les interventions courtes.
La demande la plus fréquente consiste à niveler et à arrondir les crêtes périphériques de la deuxième prémolaire (106, 206, 306, 406) et de la dernière molaire mandibulaire (311 et 411). La pousse continuelle des dents jusqu’à quinze ou seize ans et une asymétrie des mâchoires supérieures et inférieures entraînent l’apparition de pointes et de surdents. La technique pour niveler les tables et arrondir les crêtes d’émail sur les faces jugales supérieures et linguales inférieures consiste en un mouvement de va-et-vient longitudinal avec la râpe électrique, d’avant en arrière, avec un léger angle de 45° sur les crêtes pour créer l’arrondissement. Pour arrondir la deuxième prémolaire supérieure, le vétérinaire a le choix entre une râpe manuelle à manche court, avec un angle de 20°, ou une râpe électrique. L’intervention sur les deuxième et troisième molaires supérieures requiert des râpes plus minces, un animal coopératif et une joue détendue. Pour savoir quand arrêter le nivellement, « c’est facile : dans le cas des surdents et des pointes, il faut les enlever complètement et arrêter de limer lorsqu’au toucher, le bord est arrondi et lisse, sans destruction de la table dentaire. Dans le cas d’une molaire un peu saillante, il ne faut pas râper plus de 2 ou 3 mm », précise Luc van Vlierberghe. Lors de des opérations, les râpes sont refroidies régulièrement en les plongeant dans un seau d’eau. Il est également indispensable de rincer régulièrement la bouche du cheval avec de l’eau.
Première prémolaire supérieure, la dent de loup peut occasionner des problèmes d’embouchure et rendre difficile l’arrondissement de la deuxième prémolaire. L’avulsion est rapide, mais implique de bannir « tout mors de la bouche du cheval pendant deux semaines ». Lorsque les dents de loup sont apparentes, les vétérinaires utilisent un élévateur pour détacher la gencive, déchausser la dent, puis extraient la dent avec un petit davier courbe spécifique. Pour l’extraction des dents de loup sous-gingivales, l’élévateur de Burgess est indiqué. Il est placé au-dessus de la gencive, un peu cranialement. Une poussée en tournant permet d’enlever une carotte (dent et tissu gingival).
Les capes, encore appelées coiffes, sont des prémolaires lactéales qui persistent sur les dents définitives. Si elles bougent, il faut les enlever. Toutefois, il est dangereux, pour la molaire définitive, de les enlever trop tôt. Dans ce cas, l’insuffisance d’émail de la dent provoque des risques d’infection de la pulpe dentaire. Les coiffes de troisième prémolaire sont décollées avec un davier approprié. Luc van Vlierberghe utilise rarement un élévateur. Dans le cas des capes très attachées, la pince à extraction de molaire, avec un mors repositionnable, est préférée. Notre confrère recommande de prendre la coiffe à la base, de secouer l’ensemble et d’extraire vers la langue, diminuant ainsi le risque de casser des petites racines dentaires du côté jugal. S’il reste des morceaux du côté lingual, ils seront faciles à enlever. Si une coiffe est partie, il faut ôter les trois autres de la même rangée. Pour finir, il convient de niveler et d’arrondir.
« En dentisterie équine, il faut enlever tout ce qui bouge trop », atteste Luc van Vlierberghe. Lorsque le praticien débute, il est préférable de référer les avulsions des prémolaires et molaires des chevaux âgés de moins de seize ans, lors d’infection apicale d’une dent bien fixée ou de fractures profondes. Chez les chevaux âgés, les racines dentaires sont plus courtes, les attaches péri-odontales plus faibles, ce qui facilite l’arrachage des dents. Si ces dernières ne sont pas suffisamment déchaussées, il est utile de détacher la gencive afin d’assurer une bonne prise du davier. Un davier à trois dents garantit une meilleure prise qu’un davier simple. Le mors repositionnable de la pince à extraction de molaire, dotée d’une crémaillère, permet de placer correctement le davier et assure un bon maintien de la dent pendant toute la durée de l’opération. Une fois la dent extraite, il convient de vérifier qu’elle est entière. Le lavage de la bouche avec un jet est recommandé pendant quelques jours. Une antibiothérapie n’est pas nécessaire dans les cas d’extractions simples.
Arnaud Triomphe, praticien à Bayeux (Calvados).
Luc van Vlierberghe, praticien à Saint-Lô (Manche).
« Les soins dentaires du cheval et du poney », PVE n° 160, 2008.
• Articles techniques, pratiques et détaillés du compte rendu de la Journée vétérinaire normande du 14 octobre 2008, disponibles auprès de Xavier Quentin (x.quentin@wanadoo.fr) :
– A. Triomphe et L. van Vlierberghe : « La dentisterie équine : une pratique réémergente », pages 49 à 62.
– L. van Vlierberghe : « La dentisterie équine, quelques actes couramment réalisés », pages 67 à 72.
• C. Scicluna : numéro spécial “Anesthésiologie du cheval”, Recueil de médecine vétérinaire.
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