La paromomycine s'aventure dans la voie difficile des additifs histomonostatiques

Les procédures d'autorisation d'un nouvel additif alimentaire en élevage de dindes seraient lancées. « Une saisine de l'Agence nationale du médicament vétérinaire et de la commission d'AMM est en cours sur la qualification de la paromomycine en tant que médicament vétérinaire ou additif, ainsi qu'une saisine de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pour se prononcer sur les résultats de l'essai d'antibiorésistance », a ainsi indiqué Isabelle Kempf de l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssa) de Ploufragan, lors de la huitième édition des journées de la recherche avicole (JRA), organisées à Saint-Malo les 25 et 26 mars derniers. « Un dossier européen d'autorisation d'additif en alimentation animale, selon une procédure d'urgence, a été déposé à l'Agence européenne de sécurité des aliments », précise-t-elle.

La paromomycine, un aminoglucoside, aurait un rôle protecteur vis-à-vis de l'histomonose. Isabelle Kempf et ses collaborateurs ont étudié l'impact d'une supplémentation en paromomycine sur la résistance aux antibiotiques de la flore digestive de la dinde. Ces recherches ont été primées⁽¹⁾ par la branche française de l'Association mondiale vétérinaire d'aviculture (GF-AMVA) qui récompense ainsi l'originalité, l'intérêt, la rigueur scientifique et l'impact professionnel des résultats, ainsi que la qualité de la présentation. Isabelle Kempf a coprésidé la session “pathologie et prévention” des JRA avec Joël Bertin, vétérinaire au Gouessant (Côtes-d'Armor). Notre confrère s'est par ailleurs interrogé sur le faible nombre de communications dédiées aux salmonelles. « Les salmonelloses appartiennent-elles déjà au passé ? Parmi les vingt-cinq communications de la session, une seule concerne les salmonelloses aviaires. »

Le traitement transversal du botulisme a été exemplaire

Côté botulisme, entre 2006 et 2007, le nombre de cas enregistrés par le Réseau national d'observations épidémiologiques en aviculture a été multiplié par quatre et demi. « En 2008, la situation s'est stabilisée, avec un nombre de cas identique à celui enregistré au cours de l'année 2007 », a indiqué Dominique Balloy, vétérinaire aux Herbiers (Vendée). Le taux de toxine botulique identifié augmente et, depuis 2001, seules des toxines de types C et D sont retrouvées. « Des variants ont été découverts, des neurotoxines hybrides de type C-D et D-C », a indiqué le professeur Michel-Robert Popoff, de l'Institut Pasteur. « Le traitement transversal de cette maladie enzootique non éradicable est un bon exemple de la capacité de l'administration, des éleveurs et des abatteurs à entrer dans la logique du paquet “hygiène” », a développé Dominique Balloy. En outre, l'association de tous les acteurs impliqués (Institut Pasteur, commission aviaire de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires, directions départementales des services vétérinaires concernées, Direction générale de l'alimentation, Afssa, école de Toulouse) a permis l'élaboration d'un arrêté (non encore publié) qui fixe des mesures de police sanitaire et « évite de cacher la maladie et n'aboutit pas à l'abattage indemnisé de lots devenus non commercialisables ».

En élevage de dindes, les confrères sont également confrontés à la rareté des moyens thérapeutiques des infections à Ornithobacterium rhinotracheale. Le laboratoire Ceva et les praticiens du réseau Cristal ont testé et démontré, en élevage, l'intérêt de l'association de 5 mg/kg de tiamuline avec 5 mg/kg de doxycycline pendant cinq jours sur la forme respiratoire d'O. rhinotracheale.

L'avenir des filières avicoles françaises est à construire

Dans le contexte de crise perpétuelle, dans quelles directions peuvent évoluer les productions avicoles françaises ? La session “économie” des JRA a combiné l'analyse de la concurrence internationale avec la prospective. Peter Van Horne, économiste à l'Institut de recherche des économies agricoles de Wageningen, aux Pays-Bas, a présenté les impacts économiques des réglementations futures, comme la baisse des densités, la lutte contre les salmonelles et la réduction des émissions d'ammoniac dans les bâtiments avicoles. Les méthodes de mesure simplifiée des gaz à effet de serre en bâtiment d'élevage avicole sont d'ailleurs en cours de validation par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Dans ce contexte incertain et parfois menaçant, l'Inra et l'Institut technique de l'aviculture (Itavi) se sont associés pour construire plusieurs scénarios d'évolution de la filière avicole française à l'horizon 2020. Leur communication et leur mise en débat sont attendues pour le 20 octobre prochain.

Un tournant a par ailleurs marqué cette édition malouine des JRA. La session “systèmes d'élevage et durabilité” a en effet remplacé celle consacrée à “l'homme et l'animal”. En outre, les conférences relatives à l'élevage avicole et au développement durable ont occupé une place centrale. Au cours de ces deux journées, vitrine de la recherche française en aviculture, les travaux engagés pour répondre aux besoins futurs ont été présentés par les doctorants. Un signe de l'évolution des budgets alloués à la recherche ?

• (1) Doté de 762 €, ce prix est destiné à financer la participation de la scientifique à un congrès ou à une réunion en rapport avec la pathologie aviaire.