L’alerte à la grippe partie du Mexique donne des frissons - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Santé publique. Virus influenza

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Le nouveau virus grippal, de sous-type H1N1 et dont l’origine reste indéterminée, a acquis la capacité de se transmettre d’homme à homme.

Entre cent et cent cinquante morts(1) et près de mille six cents personnes contaminées ou suspectées de l’être, tel est le bilan de l’épidémie de grippe dressé par le ministre de la Santé mexicain, le 26 avril. Depuis les premiers cas humains, qui auraient été détectés au Mexique fin mars et en avril, la maladie a rapidement progressé dans le pays, mais aussi vers le nord du continent américain. Ainsi, le 28 avril, les Etats-Unis comptabilisaient une quarantaine de cas confirmés dans cinq états (New York, Californie, Texas, Kansas et Ohio), mais pas de décès.

Dans le même temps, six personnes contaminées ont été recensées au Canada (Nouvelle-Ecosse et Colombie britannique). Deux cas confirmés de contamination en Espagne, deux en Ecosse, une dizaine en Nouvelle-Zélande, un en Allemagne, deux au Costa Rica et un en Israël sont aussi à déplorer. De nombreuses suspicions sont en outre signalées à travers le monde (dont en France). A l’heure où nous mettons sous presse, le nombre de cas humains confirmés risque probablement d’augmenter.

La sonnette d’alarme est tirée dès le 24 avril par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette dernière qualifie de « sérieuse » la situation. Son évolution étant « imprévisible », elle constitue « une urgence en termes de santé publique ». Cette grippe a en effet un « potentiel de pandémie mondiale, même s’il est encore trop tôt pour dire si elle évoluera dans ce sens », a déclaré la directrice générale de l’OMS, Margaret Chan, le 25 avril.

Le virus est issu d’une recombinaison entre des souches porcine, aviaire et humaine

L’inquiétude des experts est en effet motivée par le fait que le virus en cause – un nouveau virus d’influenza de sous-type H1N1 supposé d’origine porcine – a acquis la capacité de se transmettre d’homme à homme. La nouvelle souche identifiée résulte ainsi d’une recombinaison entre plusieurs virus influenza. Les résultats préliminaires des analyses génétiques effectuées par le Center for Diseases Control (CDC) d’Atlanta montrent que le nouveau virus comporte un segment de gène d’une souche humaine d’influenza qui circule en Amérique du Nord, un segment de gène d’une souche porcine d’influenza également en circulation en Amérique du Nord, deux segments de gènes d’une souche porcine qui circule en Europe et en Asie et un segment de gène d’une souche d’influenza aviaire.

La France n’est pas à l’abri d’une contamination. Une cellule de crise a été mise en place dès la mise en garde de l’OMS, le 24 avril, avec un numéro vert(2). La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a appelé « à la vigilance », le 26 avril, tout en demandant aux Français de « ne pas s’alarmer ». « La France est reconnue par la communauté internationale pour être l’un des pays les mieux préparés en cas d’épidémie, grâce notamment à son plan pandémie de grippe aviaire, assure la ministre. Les stocks de vaccins, d’antiviraux (33 millions de traitements) et de masques (1,5 milliard) sont conséquents. »

En outre, la vigilance est renforcée dans les aéroports, mais il n’est toutefois pas encore question de suspendre les vols entre la France et le Mexique.

Les éleveurs craignent un rejet injustifié de la viande de porc par les consommateurs

Outre les conséquences sanitaires, cette épidémie de grippe a d’ores et déjà des effets connexes. Ainsi, même si, pour le moment, il n’y a pas d’incidence sur le cours du porc en France, les éleveurs français ne cachent pas leurs inquiétudes, nées notamment du qualificatif de “grippe porcine” attribué par les médias à l’épidémie. Ils redoutent qu’à l’instar de la psychose liée à la grippe aviaire, qui s’était déclenchée en 2006 et avait entraîné une chute des ventes de volailles de 20 %, la demande de viande de porc baisse, alors que sa consommation ne présente pas de danger. En outre, le statut sanitaire des élevages porcins français est surveillé de près et la France rappelle qu’elle n’importe pas de porcs du Mexique. Il reste d’ailleurs à démontrer que le nouveau virus H1N1 circule au sein de leur population, comme le souligne Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale. Ainsi, pour éviter les confusions – car le virus à l’origine de cette épidémie n’est pas le H1N1 classique du porc, mais un nouveau virus recombiné – et les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir pour la filière porcine, Bruxelles propose de parler de « nouvelle grippe ». D’autres opteraient plutôt pour le terme de « grippe mexicaine » ou « nord-américaine ». Quoi qu’il en soit, cette dernière a d’ores et déjà des conséquences économiques dans le monde entier. Le 27 avril, la Chine et la Thaïlande ont par exemple suspendu les importations de porcs et de produits porcins en provenance du Mexique et de trois états américains (Texas, Kansas et Californie).

Les places boursières européennes, quant à elles, ont ouvert en baisse le même jour, avec notamment une chute des actions des compagnies aériennes et des groupes touristiques et une hausse des valeurs pharmaceutiques (+ 3 % pour Roche, notamment, qui produit l’antiviral Tamiflu®). Ainsi, à la bourse de Paris, pendant qu’Air France-KLM perd plus de 7 % et l’hôtelier Accor près de 6 %, Sanofi Aventis prend 1,2 %. A la bourse de Londres, British Airways cède près de 11,4 %. A celle de Francfort, l’action de la première compagnie aérienne du pays, Lufthansa, plonge de plus de 10 %, etc.

Une crise sanitaire vient donc s’ajouter aujourd’hui à la crise financière mondiale !

  • (1) Vingt décès clairement imputés au virus, les autres étant qualifiés de « décès suspects d’origine virale » par le ministre de la Santé mexicain.

  • (2) Tél. : 01 45 50 34 60.

Précisions sur le virus

Le virus de l’influenza porcin de sous-type H1N1 est fréquemment isolé chez le porc. Il diffère du sous-type H1N1, lui aussi retrouvé chez l’homme. Des cas sporadiques d’infection humaine par le virus H1N1 de la grippe porcine ont été décrits, lors des dernières décennies, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde (Tchécoslovaquie, Russie, Pays-Bas, Espagne, Suisse, Canada). Mais dans la plupart des cas, une exposition à des porcs est documentée. L’actuelle épidémie est due à un nouveau virus H1N1 (différent de celui classiquement retrouvé chez le porc, connu pour être un creuset de réassortiment de virus influenza), issu de la recombinaison de plusieurs virus influenza, d’origine porcine, aviaire et humaine. Or ce nouveau virus, dont l’origine est encore incertaine, a acquis la possibilité de se transmettre d’homme à homme.

N. D.
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