L’examen orthopédique du cheval de selle se déroule en trois étapes - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Boiteries équines

Formation continue

Équidés

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

L’observation statique, dynamique et en situation apporte de nombreux éléments qui permettent d’orienter le diagnostic.

L’examen orthopédique repose sur différentes phases désormais bien codifiées. De nombreux paramètres sont à observer, qu’il faut mémoriser tout au long de l’examen. « C’est pour cela qu’il n’y a rien de plus fatigant qu’un examen orthopédique », estime Roland Perrin, praticien équin dans les Yvelines. Il est important de garder en tête le motif de la consultation, de hiérarchiser les problèmes rencontrés, de proposer des examens complémentaires pour aboutir au diagnostic qui doit être en corrélation avec la demande du propriétaire, la discipline, l’âge et le niveau du cheval.

L’examen statique au box se déroule en deux temps : inspection et palpation

L’examen statique au box repose en premier lieu sur l’inspection. Elle permet la recherche des tares dures et molles, des déformations et des asymétries (pied atrophié qui travaille moins, masses musculaires amyotrophiées, etc.). L’attitude du cheval en station et les aplombs sont également appréciés. L’examen du cheval au repos sur ses quatre membres révèle parfois des attitudes de soulagement ou antalgiques, par exemple la protraction vers l’avant du membre atteint lors de syndrome podotrochléaire.

La palpation, soigneuse et réalisée avec beaucoup de concentration, fournit ensuite des informations complémentaires sur la consistance des déformations et met en évidence des zones de chaleur localisées, signes d’inflammation. Il convient de rechercher soigneusement les tares, particulièrement utiles au diagnostic. La palpation du pouls digital est par ailleurs intéressante lors d’une suspicion de boiterie basse. La pression est importante pour la recherche de sensibilité, en particulier au niveau des os et des tendons (palpation du suspenseur du boulet, par exemple).

Les tests de mobilisation passive des articulations permettent de vérifier l’amplitude des déplacements articulaires, de détecter la douleur provoquée par une amplitude de flexion ou d’extension, et de vérifier les bruits articulaires (fibrose). Le pied est testé à la pince exploratrice.

L’examen dynamique se fait au pas, au trot et au galop, sur sol dur puis souple

L’examen dynamique débute par l’observation du cheval au pas sur un huit. La coordination des mouvements, la trajectoire des antérieurs, la durée des phases antérieure et postérieure pour chaque membre, le poser des pieds et la descente des quatre boulets sont vérifiés.

Lorsque le cheval fait porter tout son poids sur son pied, celui-ci doit se mettre à plat, c’est-à-dire se poser complètement sur le sol, grâce à une rotation de P2 sur P3. S’il ne le fait pas, cela signifie que l’animal ne met pas l’appui suffisant ou souffre d’une affection qui l’en empêche, comme une fibrose des ligaments collatéraux articulaires.

L’étape de soutien de la foulée est constituée de deux phases : d’appui (phase antérieure de la foulée) et de propulsion (phase postérieure de la foulée). Un raccourcissement de l’une d’elles est hautement significatif. Ainsi, une réduction de la phase postérieure est généralement observée lors de syndrome podotrochléaire, ainsi qu’un raccourcissement de la phase antérieure en cas d’affections dégénératives articulaires du boulet. Au niveau des postérieurs, il convient de rechercher plus particulièrement la présence de harper, de tremblements et de subaccrochement patellaire.

L’observation se poursuit en faisant marcher et trotter l’animal en ligne droite sur un terrain dur. Au niveau des antérieurs, le cheval présente un mouvement d’encolure vers le haut pendant l’appui du membre boiteux ; l’abduction est également une attitude antalgique. Au niveau des postérieurs, il importe de relever tout mouvement d’abduction (éparvin, subaccrochement patellaire), d’adduction (signe de parésie) et de circumduction. En ligne droite, au trot, les bruits d’impacts des sabots sur le sol sont écoutés, et les oscillations de la tête et des hanches sont observées pour confirmer le membre boiteux. L’exacerbation des perturbations fonctionnelles peut être obtenue par la réalisation de tests de mobilisation, immédiatement suivis d’un départ en ligne droite au trot sur sol dur (tests dynamiques). La phase suivante de l’examen est le trot en cercle sur un sol dur pour vérifier les phases antérieure et postérieure de chaque membre, le poser des pieds, la descente des boulets et l’incurvation du rachis. Cette locomotion est comparée avec un trot sur sol souple. Son amélioration ou son aggravation est notée.

Au galop, le cheval présente un temps de suspension. Il convient d’objectiver la décomposition du mouvement des postérieurs, l’incurvation et la mobilité du rachis. Le test du surfaix permet de solliciter le tonus musculaire dorsal. En cas d’atteinte du rachis dorsal, le cheval présente une contracture musculaire et une modification de la locomotion.

L’observation du cheval en situation apporte de nombreux renseignements

L’observation des chevaux au travail, dans des circonstances variées (au club, lors d’un concours, à la détente, sur le parcours d’obstacles, etc.), est également riche d’informations.

Tout cheval présente une dissymétrie naturelle que le travail d’un bon cavalier fait généralement disparaître. Ces dissymétries de la locomotion sont donc plus facilement relevées quand l’animal est en période de détente, notamment quand il récupère au pas. Il est intéressant de noter le moment où la boiterie est la plus marquée. Lors de l’échauffement, cela signifie que l’affection est plutôt d’ordre ostéo-articulaire. A la fin de la séance, elle sera plutôt d’ordre tendineux. Un cheval qui souffre d’un problème d’antérieur droit développera une contracture du muscle brachio-céphalique droit et ne pourra donc pas mettre de pli à gauche lors de l’exécution de figures de dressage.

Au galop, le cheval présente un temps de suspension. Si l’observateur a l’impression qu’il “rase” le terrain, cela signifie que sa propulsion, donc l’engagement des postérieurs, n’est pas bonne.

Le dos est plus difficile à évaluer sous la selle qu’à la longe. Il convient d’examiner soigneusement les vertèbres dorsales (le troussequin se soulève), au niveau des lombes et de la jonction lombo-sacrée. Un dos rigide avec des muscles contracturés ne permet pas un bon contact avec la selle. L’observation porte aussi sur le galop aux deux mains, en agrandissant et en réduisant les cercles. Cette allure est également intéressante pour le diagnostic des boiteries postérieures. Le cheval présentera alors un défaut de flexion du membre interne lors d’affections du jarret, et un défaut de propulsion du membre externe pour celles du grasset. En outre, en raison de la fréquence de l’ataxie chez les chevaux de saut d’obstacles, il ne faut pas négliger l’examen de la musculature cervicale.

BIBLIOGRAPHIE

  • • Travaux pratiques de Roland Perrin lors des Rencontres des maréchaux et vétérinaires de l’Ouest, les 3 et 4 février 2006.
  • • Travaux pratiques de Roland Perrin lors des Rencontres des maréchaux et vétérinaires de l’Ouest, les 7 et 8 novembre 2008.

Chronologie de l’examen orthopédique

• Examen statique au box.

• Examen dynamique :

– observation au pas sur un huit ;

– observation au pas et au trot en ligne droite sur un terrain dur ;

– réalisation de tests de flexion dynamiques ;

– observation au trot en cercle sur un sol dur, aux deux mains ;

– observation au pas, au trot et au galop sur un sol souple, aux deux mains ;

– réalisation du test du surfaix.

• Examen en situation si nécessaire.

• Examen sur tapis roulant éventuellement.

S. P.-J.

Les Rencontres maréchaux et vétérinaires

L’édition 2008 des Rencontres maréchaux et vétérinaires de l’Ouest a rassemblé une centaine de participants, dont quelque quarante “couples” praticien/maréchal. La manifestation, organisée en novembre dernier à Saumur par notre consœur Emmanuelle Druoton-Mercier et Francis Mercier, maréchal-ferrant, avait pour thème les boiteries chez le cheval. Notre confrère Roland Perrin y a présenté l’examen orthopédique du cheval monté, grâce à la participation de plusieurs cavaliers de l’Ecole nationale d’équitation dont les prestations étaient retransmises sur écran géant, permettant des commentaires différés et des ralentis.

S. P.-J.

À LIRE DANS Le Point Vétérinaire

• J.-M. Denoix : « Approche sémiologique des boiteries du cheval : premières étapes », PV n° 142, vol . 23, mars 1992.

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