La profession vétérinaire est-elle corporatiste ? - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Entre nous

FORUM

Le corporatisme spontané a vécu

Yannick Poubanne, consultant en practice management.

Si le corporatisme est considéré comme la défense des intérêts d’un ensemble de personnes qui exercent le même métier, alors les vétérinaires me semblent moins spontanément corporatistes qu’avant, tout en le restant par obligation, mais de façon réglementée, pour servir les intérêts des clients mieux informés et plus consuméristes.

Le numerus clausus, le nombre limité d’écoles vétérinaires, la longueur des études et la spécificité unique du métier ont créé un esprit de famille vétérinaire que d’autres nous reconnaissent, voire nous envient. Cela a favorisé, un temps, un corporatisme qui allait jusqu’à fixer des prix planchers pour les actes de la corporation sans, bien entendu, en référer au client alors dominé. Rien à voir avec les négociations sur la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine d’aujourd’hui ! La forte hausse du nombre de diplômés issus massivement d’écoles étrangères, la diminution de revenus associée à une baisse de statut social (même si le métier fait toujours rêver), la pression des contraintes extérieures et des concurrences directes (intravétérinaires) et indirectes (extravétérinaires), ont favorisé un repli sur soi sur fond d’individualisme et d’indépendance. Le corporatisme spontané orienté vers le vétérinaire a vécu.

Un corporatisme obligatoire existe toujours sous la forme d’un Ordre qui contrôle l’autorisation d’exercer en disposant de sa justice interne. Mais il s’est orienté vers les clients, car la raison d’être de l’instance ordinale est de garantir la confiance du public dans la qualité des services délivrés par les vétérinaires. Un corporatisme réglementé pour rester favorable aux propriétaires est né, légitimant ainsi valablement les prérogatives des praticiens.

L’avenir devrait consolider cette situation bénéfique pour les clients et économique pour la société. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé animale, comme la trop fameuse directive “services”, confortent les Ordres dans leur rôle d’assurance qualité indépendante. La variable cachée qui favorise cette tendance lourde me semble être l’augmentation constante du pouvoir de négociation des propriétaires mieux formés, informés (voire déformés) et qui exigent toujours plus pour moins. Une relation adulte plus équilibrée, sans dominant ni dominé, reste à construire dans l’intérêt des vétérinaires, des clients et, ne les oublions pas, de leurs animaux.

C’est naturel et nécessaire

Bruno Remiot, praticien à Epernay (Marne).

Se demande-t-on si les taxis, les cheminots, les pharmaciens ou les enseignants sont corporatistes ? Non, bien entendu. Le problème n’est pas de l’être ou non, mais de l’être efficacement. Tant que notre profession n’aura pas la capacité de perturber (j’allais dire de nuire…) le fonctionnement normal de la vie sociale par ses manifestations, l’efficacité de notre corporatisme restera bien dérisoire et nous ne pourrons influer qu’à la marge les décisions qui continueront à nous être imposées malgré nous.

Le fait même de se poser la question de l’existence ou de l’utilité d’un « corporatisme vétérinaire » révèle le problème fondamental de notre malaise : comment pourrions-nous nous persuader, par exemple, de la légitimité de définir une politique tarifaire nationale réaliste si nous ne sommes pas encore convaincus qu’une certaine forme de corporatisme est non seulement naturelle, mais évidemment nécessaire

Pour exister demain, nous devons parler d’une même voix

Gilles Chave, praticien à Nice (Alpes-Maritimes).

La réponse me paraît clairement négative, et je le regrette. Aujourd’hui, la capacité de pression d’une organisation est liée à son assise économique, son implantation politique ou sa capacité de nuisance, trois domaines où nous frisons le ridicule. A l’époque où l’on envisage sans rire des pays sans usines et des usines sans ouvriers, le temps des campagnes sans paysans et des fromages sans vaches n’est pas loin. Le pays commence même à s’interroger sur la justification de former à grands frais des chirurgiens pour chihuahuas et des psychologues pour siamois.

Le rôle social du vétérinaire, garant de la bonne santé du cheval qui transportait les aliments et tirait les canons du pays, a disparu avec l’explosion de la médicalisation des kikis et la désertification lozérienne. Combien d’entre nous siègent à des postes de décision régionale, départementale ou même municipale ?

Oserions-nous faire la grève de l’identification électronique ? Notre refus d’éditer les passeports pour chats entraînerait-il un bouleversement dans les échanges touristiques internationaux ? Le Francilien accepterait-il longtemps de ne plus trouver l’alimentation de son animal sur nos rayonnages ?

Pour vivre heureux, vivons cachés ! Au contraire, les victoires des pharmaciens et des médecins sont proportionnelles à leur agitation. Pour que nous existions encore demain, il faut que nous parlions tous d’une même voix et que nous envoyions nos émissaires camper dans les lieux de décision. Chacun doit prendre conscience de l’importance d’un syndicat vétérinaire représentatif fort.

Cette nécessité est loin de faire recette chez les nouveaux arrivants et nous devons les convaincre. Je reste persuadé que trois tours de stade en canard soudaient les cœurs. Mais c’est un autre débat…

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