L'hypnose médicale lève les barrières du conscient pour désamorcer les blocages

Milton Erickson, médecin psychiatre, a su démontrer que l'hypnose permet de se connecter à son inconscient⁽¹⁾, en particulier son “guide intérieur”. Ce dernier correspond à la partie de chaque individu qui lui permet de trouver les ressources nécessaires pour “vivre sa vie” et surmonter les difficultés. En effet, pour Milton Erickson, l'inconscient n'est pas un espace peuplé de démons. Au contraire, à son contact, il est possible de mieux vivre, c'est-à-dire de vivre en accord avec soi.

La thérapie fondée sur l'hypnose met en rapport trois protagonistes : le thérapeute, le sujet et son guide intérieur, c'est-à-dire l'intégralité de ce qu'il est. Cette relation triangulaire doit être chaleureuse. L'hypnose permet de lever les barrières de la crispation du conscient, donc de laisser le guide intérieur s'exprimer. Face à une difficulté qui empêche de vivre pleinement, le thérapeute utilise l'imagination du sujet pour le mettre en contact avec son guide intérieur par la création de nouvelles ressources. Voici quelques dizaines d'années, un tel discours aurait fait rire la communauté scientifique. Mais les effets réels de la transe hypnotique sur la physiologie sont désormais connus. Par exemple, chez un sujet placé sous hypnose, il est possible de provoquer de la douleur, mais également une marque (cicatrice) en mettant un stylo au contact de son bras, tout en lui affirmant qu'il s'agit d'une cigarette incandescente.

Toutes les composantes de l'esprit s'expriment dans et à travers le corps. L'hypnose permet ainsi de faire vivre une expérience agréable au sujet (allongé sur la plage au soleil, avec un vent léger et un ciel bleu). C'est un moment propice pour nouer le contact avec le guide intérieur. Le sujet sait alors qu'il est en contact avec ce guide, donc avec lui-même dans ses dimensions profondes. Le thérapeute peut alors mettre en place trois outils pour un changement profond de l'individu.

Des outils pour changer de perception et revoir le passé

Les principaux outils à la disposition du thérapeute sont la création de ressources, le changement de croyance et l'installation de permissions. L'objectif est de procéder à une “désensibilisation” (sorte de dédramatisation) du patient en traitant ses émotions négatives. La technique consiste à lui faire revivre, sous l'effet de la transe, les situations désagréables et perturbantes (phase émotive), à le faire entrer en contact avec son guide intérieur (phase de réparation) pour qu'il trouve et mette en place les ressources nécessaires afin, en dernier lieu, de reconsidérer l'histoire selon les nouvelles données, à la lumière des ressources du présent.

Le cerveau est aussi un organe virtuel qui peut changer la perception que chacun a de soi (c'est d'ailleurs tout le travail des thérapies). Il est possible d'installer de nouveaux programmes, comme sur le disque dur d'un ordinateur, donc de trouver des procédures différentes pour répondre à un problème. Lorsqu'elles sont bien mises en place, ces ressources changent l'ensemble de la perception. Revoir son passé permet alors de comprendre l'histoire de sa vie et de changer ce qui ne plaît pas à nos yeux d'adultes.

Ce processus peut être mis en pratique pour traiter les phobies. Par exemple, si une phobie s'est installée à l'âge de dix ans chez un individu qui décide de s'en séparer lorsqu'il en a trente-cinq, le thérapeute commence par repérer l'événement qui a “installé la phobie”. Il importe ensuite de nouvelles ressources, celles que vivait le patient avant l'installation de sa phobie (c'est-à-dire avant l'âge de dix ans), en lui faisant revivre les sensations éprouvées. Le traitement consiste à les mettre en place pour que le sujet vive autrement l'événement à l'origine de la phobie.

Le travail est identique quand il s'agit d'opérer un changement de croyances et de mettre en place des “permissions” (d'être aimé, d'être heureux, etc.).

Ces modifications, qui utilisent l'émotion, permettent d'atteindre la personnalité profonde. Elles ne peuvent traiter des affections qui relèvent de la psychiatrie, mais aident à aller beaucoup mieux en laissant un processus évolutif s'installer en lieu et place des “blocages”.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 2/5/2009 en page 48.