Zoonose. La vaccination n’étant pas interdite en France
Actualité
Auteur(s) : Eric Vandaële
Face à la menace d’encéphalite de West-Nile, vacciner les chevaux dès cet été devient possible.
Fort-Dodge vient d’annoncer la commercialisation, dès le mois prochain, du premier vaccin équin contre l’encéphalite de West-Nile (fièvre du Nil occidental). Ce vaccin, dénommé Duvaxyn® WNN, bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché européenne centralisée, délivrée le 21 novembre 2008, et de l’expérience du vaccin Fort-Dodge autorisé aux Etats-Unis depuis le début de 2003. Il sera présenté en boîte de cinq seringues unidoses prêtes à l’emploi à un prix centrale d’environ 30 € HT la seringue.
La primovaccination nécessite deux injections (1 ml) intramusculaires espacées de trois à cinq semaines « chez les chevaux âgés de six mois et plus », selon le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP). Les rappels sont annuels. Les effets indésirables notés dans le RCP sont ceux, habituels, des vaccins inactivés adjuvés : une réaction locale bénigne et/ou une hyperthermie transitoire de quarante-huit heures. Le vaccin peut d’ailleurs être utilisé chez les juments gestantes ou allaitantes.
Ce nouveau vaccin représente une innovation majeure, compte tenu de la menace émergente de cette zoonose grave en France et en Europe. L’encéphalite de West-Nile est une arbovirose transmise aux oiseaux par des moustiques communs (Culex spp) sur tout le territoire français et européen. Les chevaux et l’homme se contaminent en été, via les piqûres de moustiques infectés. Mais ils constituent des culs-de-sac épidémiologiques, car la virémie est courte et faible, ne permettant pas de réinfecter des moustiques vecteurs potentiels. Les chevaux ne jouent pas le rôle de réservoir ni de voie de transmission du virus, contrairement aux oiseaux, notamment migrateurs, qui sont capables de transporter ces flavivirus d’un continent à l’autre…
Cette zoonose est une maladie réglementée chez les équidés. Les vétérinaires sanitaires doivent déclarer toutes les suspicions cliniques (fondées sur une fièvre associée à un signe neurologique, une ataxie par exemple) à leur Direction des services vétérinaires (DSV). Le diagnostic de certitude repose sur la recherche, dans le sérum, d’IgG et, lors d’infection récente, d’IgM, ainsi que sur la détection du virus par polymerase chain reaction (PCR) dans l’encéphale en cas de décès ou d’euthanasie. Le vaccin est aussi à l’origine d’IgG, mais pas d’IgM, ce qui permet de différencier les animaux vaccinés de ceux infectés récemment. La vaccination n’est pas interdite en France et ne conduit pas à restreindre les transports internationaux de chevaux.
Chez les chevaux (et l’homme), la plupart des infections sont asymptomatiques ou subcliniques (syndrome fébrile ou pseudo-grippal). Mais lorsque les signes cliniques neurologiques se déclarent, il s’agit d’une méningo-encéphalite souvent grave, conduisant à la mort ou à l’euthanasie de l’animal dans un tiers des cas. Lorsque ce dernier est couché et ne peut plus se relever, le pronostic est sombre, avec un décès ou une euthanasie dans 70 % des cas.
Aux Etats-Unis, en 2002, au plus fort de l’épizootie, juste avant l’arrivée du vaccin, plus de 15 000 chevaux ont déclaré la maladie (soit 0,3 % de l’ensemble du cheptel américain !), parmi lesquels 4 500 cas mortels (30 % des 15 000 cas cliniques). L’arrivée du vaccin en 2003 a permis de réduire significativement le nombre de cas cliniques et mortels chez les équidés jusqu’à moins de 200 en 2008. Pourtant, la pression virale semble toujours importante, puisque le nombre de cas humains ne décroît pas de façon significative (1 500 à 4 000 cas par an). Même si le vaccin est indiqué, selon son RCP, « pour réduire la virémie », les expériences américaines et canadiennes démontrent indéniablement que la vaccination protège contre les signes cliniques et la mortalité. Une étude canadienne conclut qu’environ 97 % des chevaux vaccinés ne développent aucun symptôme (soit un risque de maladie clinique trente et une fois inférieur par rapport aux non-vaccinés).
En France, quels chevaux conviendrait-il de vacciner ? Jusqu’à présent, les cas sporadiques détectés (presque) chaque année sont restreints à dix départements dits “à risque”, sur tout le pourtour méditerranéen (Alpes-Maritimes, Var, Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales et Corse). Dans ces départements, une circulation virale à bas bruit est probable, avec 35 à 55 % de chevaux séropositifs dans certaines zones. Le risque d’encéphalite de West-Nile sévère est réel. En Europe, la maladie de West-Nile a été confirmée en 2008 dans plusieurs régions humides d’Italie (68 cas équins et 3 humains), d’Autriche (3 cas chez des oiseaux), de Hongrie (14 cas humains et suspicions équines) ou de Roumanie (2 cas humains). Il est impossible d’exclure son émergence, en fin d’été et début d’automne, dans les zones humides françaises fréquentées par les oiseaux. La maladie étant alors grave, voire mortelle lorsqu’elle est déclarée, le propriétaire de chevaux mérite au moins d’être informé par son vétérinaire de l’existence de ce vaccin et de son coût. La vaccination West-Nile peut être réalisée le même jour que les autres vaccins (grippe et/ou tétanos) en deux points d’injection séparés.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire