Retour sur une expérience nippone

Le Japon a détecté son premier cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) en septembre 2001. Le gouvernement a alors décidé de créer le Comité de sécurité sanitaire des aliments (CSSA), en s’appuyant notamment sur l’expertise de notre consœur Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l’école d’Alfort. Conviée à la séance de l’Académie vétérinaire, cette dernière est revenue sur l’expérience nippone.

L’objectif du CSSA est d’évaluer les risques pour les consommateurs et d’améliorer la communication autour de l’affection, dont trente-six cas ont été décelés à ce jour au Japon. Peu à peu, la surveillance de la maladie s’est intensifiée, ainsi que les mesures de lutte, selon un calendrier rappelé par notre consœur : élimination des matériaux à risque spécifiés (encéphale, moelle épinière, iléon) en septembre 2001, interdiction des farines de viande et d’os pour tous les animaux de ferme en octobre 2001, surveillance renforcée à l’équarrissage (en 2004, cent mille bovins de plus de vingt-quatre mois ont été testés), etc.

En septembre 2004, aucun cas n’a été décelé chez les bovins de moins de vingt-quatre mois. Le CSSA a alors réalisé une nouvelle évaluation du risque qui a conduit à l’interdiction du jonchage (cette technique de décérébration avec un jonc favorise les emboles et la dissémination), au renforcement des contrôles des aliments pour animaux et à l’intensification de la surveillance des bovins de plus de vingt et un mois à l’abattoir.

« Ces dernières années, les Japonais ont noté une augmentation de l’âge moyen des bovins atteints, ce qui permet de réévaluer le risque. Les précautions prises ont été efficaces », remarque Jeanne Brugère-Picoux, qui souligne en outre qu’aucun cas humain n’a été relevé dans le pays.

La viande bovine européenne bientôt de retour au Japon ?

Au-delà de l’action sur son propre territoire, le CSSA est aussi intervenu lors de la détection du premier cas d’ESB aux Etats-Unis, en décembre 2003, puis dans les négociations et la décision d’importer de nouveau de la viande bovine américaine, en décembre 2005. Il examine actuellement la possibilité d’autoriser le retour de la viande bovine européenne. La maladie est en effet devenue rare en Europe (en France, deux cas ont été détectés cette année et huit l’an passé, alors que deux millions de tests annuels sont effectués à l’abattoir).