La numération cellulaire du lait est un caractère héritable

Le comptage des cellules somatiques (CCS) individuel dans le lait, dans le cadre du contrôle laitier national, est utilisé comme critère de sélection pour l'amélioration de la résistance aux mammites dans les espèces ovines et bovines. Mais il n'existe pas de programme équivalent chez la chèvre. Des travaux⁽¹⁾ ont été menés par Rachel Rupp, de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), pour estimer les paramètres génétiques des CCS chez des chèvres de races alpine et saanen, afin « d'évaluer la faisabilité et les modalités de la mise en place d'une sélection pour la résistance aux mammites dans l'espèce caprine ». Ils ont fait l'objet d'une présentation par Virginie Clément, de l'Institut de l'élevage de Castanet-Tolosan (Haute-Garonne), à l'occasion des dernières Rencontres recherche ruminants, à Paris.

Les corrélations génétiques entre CCS et morphologie sont plus modérées en race saanen

Les CCS caprins sont plus élevés que ceux des bovins et des ovins (1 million de cellules/ml en moyenne, au lieu de 300 000 à 500 000). L'étude, menée durant trois saisons de lactation, montre que le nombre de cellules moyen augmente entre la première et la troisième saison de lactation (environ 430 000 à 920 000 cellules/ml), pendant que la proportion de lactations saines diminue. L'héritabilité de la moyenne des CCS en première lactation, qui est de 0,2 dans la race alpine et de 0,24 dans la race saanen, s'accroît avec l'âge, indiquant que près d'un quart de la variabilité du caractère est sous contrôle génétique.

Une relation avec les caractères morphologiques est également mise en évidence. Ainsi, les mamelles les plus hautes, associées à une plus forte production laitière, sont aussi celles dont les CCS sont les plus faibles. Dans la race alpine, les trayons courts et peu larges, ainsi que les trayons cylindriques, donnent des CCS plus faibles et une résistance supérieure aux mammites, contrairement à ceux de forme conique. Ces corrélations génétiques sont plus modérées dans la race saanen.

D'après Virginie Clément, « ces résultats sont donc favorables à la mise en place d'un programme national de sélection pour l'amélioration de la résistance aux mammites fondé sur les CCS dans l'espèce caprine ». L'objectif de ce programme sera de diminuer le CCS par la sélection, tout en continuant à améliorer la production laitière et l'anatomie de la mamelle.

Une expérience de sélection divergente est en cours dans la race alpine au domaine expérimental de l'Inra, à Bourges. Son objectif est de produire deux lignées de chèvres à numérations cellulaires respectivement élevées et faibles, afin de valider la pertinence et les conséquences à long terme de ce programme de sélection.

• (1) V. Clément, H. Caillat, A. Piacère, D. Manfredi, C. Robert-Granié, F. Bouvier, R. Rupp : « Vers la mise en place d'une sélection pour la résistance aux mammites chez les caprins laitiers », proceedings 2008 des 3R, pp. 405-408.