Le comportement alimentaire varie lors d'acidose subclinique

L'acidose subclinique est définie par une valeur de pH moyen ruminal inférieure à 6,25 ou par le temps passé sous des pH seuils de 6 ou 5,8. A l'origine de pertes financières en élevage intensif, elle est difficile à détecter malgré des perturbations métaboliques intenses. Elle reste ponctuelle et ne concerne pas tous les animaux d'un troupeau simultanément. Le niveau moyen d'ingestion et de production du troupeau reste proche du potentiel des animaux. A l'occasion des journées 3 R (Rencontres recherches ruminants) organisées à Paris en décembre dernier, Marion Desnoyers a présenté les conclusions de sa thèse dont l'objectif était de caractériser plus précisément les épisodes d'acidose chez la chèvre laitière et de les modéliser⁽¹⁾.

Elle montre que les épisodes spontanés d'acidose se caractérisent par une chute brutale du pH ruminal sur une journée, suivie d'une remontée rapide jusqu'à des valeurs supérieures à 6,5, et d'un retour à la normale en plusieurs jours. Les conséquences sont une chute de la matière sèche ingérée, puis de la production laitière « qui atteignent respectivement leur minima deux et trois jours après la chute de pH », précise Marion Desnoyers. La récupération des niveaux d'ingestion et de production apparaît particulièrement longue, jusqu'à trois semaines.

Des comportements d'ingestion et de rumination désorganisés

Par ailleurs, pendant les épisodes d'acidose, les réserves corporelles sont mobilisées et les fermentations ruminales ralenties. Les comportements d'ingestion et de rumination des animaux sont désorganisés. Les périodes d'ingestion lente sont privilégiées au détriment des phases d'ingestion rapide. La rumination intervient plus tôt après la distribution du repas qu'elle interrompt, et sa phase nocturne est diminuée. Comme l'explique Marion Desnoyers, « les animaux qui présentent un comportement [alimentaire] bien organisé ont une chute de pH postprandiale plus importante que ceux dont le comportement est moins organisé ». Cette désorganisation du comportement alimentaire permettrait donc de régulariser le pH.

• (1) Thèse CIFRE (Alltech) réalisée à l'UMR Inra-AgroParisTech “physiologie de la nutrition et alimentation”, 2008.